A la veille de l’ouverture à Madrid de la Conférence des Nations Unies sur le climat (COP25), le chef de l’ONU a alerté que les objectifs de l’Accord de Paris ne sont pas respectés et insuffisants.
«Nous sommes maintenant confrontés à une crise climatique globale », a déclaré dimanche le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, lors d’une conférence de presse dans la capitale espagnole qui accueille la COP25 présidée par le Chili. «Le point de non-retour n'est plus à l'horizon. Il est en vue et fonce vers nous », a alerté M. Guterres aux côtés de Patricia Espinosa, la Secrétaire exécutive de la Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC).
«Notre guerre contre la nature doit cesser. Et nous savons que c'est possible», a-t-il ajouté, soulignant que la communauté scientifique a fourni au monde la feuille de route pour y parvenir.
Selon le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), l’humanité doit limiter la hausse de la température mondiale à 1,5 degrés Celsius, atteindre la neutralité en carbone d'ici 2050 et réduire les émissions de gaz à effet de serre de 45% par rapport aux niveaux de 2010 d'ici 2030.
«Mais soyons clairs. Jusqu'à présent, nos efforts pour atteindre ces objectifs ont été totalement insuffisants», a dit le Secrétaire général. «Les engagements pris à Paris (accord sur le climat conclu en 2015) entraîneraient toujours une augmentation de la température au-dessus de trois degrés Celsius. Mais de nombreux pays ne respectent même pas ces engagements », a-t-il dit.
Le chef de l’ONU s’est toutefois voulu confiant, rappelant qu’une hausse des températures en dessous de 1,5 degré est toujours à notre portée, que les technologies nécessaires pour rendre cela possible sont déjà disponibles. "Les signaux d'espoir se multiplient. L'opinion publique se réveille partout", a-t-il dit, en référence à la mobilisation des jeunes, des villes, d’institutions financières et d’entreprises.
«Ce qui manque encore, c’est la volonté politique», a dit M. Guterres. La volonté politique de mettre un prix sur le carbone, d'arrêter les subventions sur les combustibles fossiles, d'arrêter la construction de centrales à charbon à partir de 2020, de taxer la pollution plutôt que la population. Pour le chef de l’ONU, les plus grands émetteurs de gaz à efet de serre dans le monde ne font pas assez d’efforts. « Et sans eux, notre objectif est inaccessible », a-t-il prévenu.
Mettre au moins 100 milliards de dollars, par an, à disposition des pays en développement
M. Guterres attend de la COP25 une démonstration claire de son ambition et de son engagement accrus en matière de responsabilité et de leadership sur le climat.
«Au cours des 12 prochains mois cruciaux, il est essentiel que nous obtenions des engagements nationaux plus ambitieux - en particulier de la part des principaux émetteurs - pour commencer immédiatement à réduire les émissions de gaz à effet de serre à un rythme compatible avec la neutralité carbone d’ici 2050», a précisé le Secrétaire général.
Le chef de l’ONU a également souligné que les pays doivent veiller à ce qu'au moins 100 milliards de dollars, par an, soient mis à disposition des pays en développement pour qu’ils atténuent les effets du changement climatiques, et prennent en compte leurs « attentes légitimes » quant aux ressources nécessaires pour renforcer la résilience, réagir aux catastrophes et se relever.
«Nous devons également progresser sur les dimensions sociales du changement climatique et veiller à ce que les engagements nationaux incluent une transition juste pour les personnes dont les emplois et les moyens de subsistance sont affectés alors que nous passons d'une économie grise à une économie verte», a souligné M. Guterres.
Le chef de l’ONU espère également que la COP25 à Madrid sera en mesure de s'accorder sur les lignes directrices pour la mise en œuvre de l'article 6 de l'Accord de Paris. «Cela n’a malheureusement pas été réalisé à Katowice» lors de la COP24 en Pologne a-t-il déploré. «Cet accord établira une base solide pour la coopération internationale en vue de réduire les émissions et permettra au secteur privé de jouer un rôle plus important dans l'action climatique».