A l’occasion du 75e anniversaire de l’ONU qui est célébré cette année, le Conseil de sécurité a réaffirmé son attachement à la Charte des Nations Unies, le document fondateur de l’Organisation, et à un ordre international fondé sur le droit international.
Dans une déclaration publiée jeudi par le Présidence du Conseil de sécurité, les quinze membres du Conseil réaffirment également leur « attachement au multilatéralisme et au rôle central joué par l’Organisation ».
«Le Conseil reconnaît l’importance cruciale que revêt la Charte dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales et le développement du droit international, y compris les principes qui régissent les relations entre Etats en vue d’aider à prévenir le fléau de la guerre», ajoutent-ils dans cette déclaration adoptée au début d’un débat sur la Charte. Le Conseil de sécurité rappelle que la Charte lui assigne «la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationale» et, à cet égard, il souligne que «tous les Etats et toutes les organisations internationale et régionales et autres doivent la respecter».
Le Conseil demande aux Etats membres « de se conformer pleinement à la Charte» et de la promouvoir et de la défendre. Lors du débat, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a noté que la nouvelle année avait commencé avec de nouvelles turbulences, notamment dans la région du Golfe persique, et que «la confiance au sein des nations et entre elles diminue» avec l’augmentation des tensions géopolitiques.
«La coopération internationale est à la croisée des chemins. Tout cela constitue un test sérieux pour le multilatéralisme», a-t-il dit dans son discours. «En cette période de divisions et de troubles mondiaux, la Charte demeure notre cadre commun de coopération internationale pour le bien commun. À une époque de propagation de la haine et de l'impunité, la Charte nous rappelle la primauté de l'Etat de droit et de la dignité humaine », a-t-il ajouté. « Et à une époque de transformation rapide et de changement technologique, les valeurs et les objectifs de la Charte perdurent : le règlement pacifique des différends, l'égalité des droits des hommes et des femmes, la non-intervention, l’autodétermination et l’égalité souveraine des États membres, et des règles claires régissant le recours à la force».
Faire respecter les valeurs de la Charte
Selon le chef de l’ONU, le défi commun est « de faire beaucoup mieux pour faire respecter les valeurs de la Charte et tenir sa promesse envers les générations futures ».
« Si la Charte et ses finalités et principes restent toujours d'actualité, nos outils doivent s'adapter aux nouvelles réalités. Et nous devons les utiliser avec plus de détermination et de créativité », a-t-il ajouté.
Le Secrétaire général estime que l'un des moyens les plus efficaces est d'investir dans la prévention. « Nous consacrons beaucoup plus de temps et de ressources à la gestion et à la réponse aux crises qu'à leur prévention. Notre approche doit être rééquilibrée », a-t-il dit.
Il a ainsi appelé à reconnaître que les Objectifs de développement durable (ODD) sont parmi les meilleurs outils de prévention.
«J'invite instamment tous les États membres à investir davantage dans le Programme de développement durable à l'horizon 2030, en particulier dans l'égalité des genres, l'inclusion, la cohésion sociale, la bonne gouvernance et une mondialisation équitable qui fasse progresser les droits de tous, libère les talents de tous et implique tout le monde dans la société ».
De son côté, Mary Robinson, la Présidente des Anciens (The Elders), un groupe indépendant d’éminents citoyens du monde oeuvrant pour la paix, la justice et les droits humains, a regretté que face aux « menaces existentielles » de la prolifération nucléaire et de la crise climatique, la réponse collective mondiale soit fragilisée par le nationalisme et le populisme.
Mme Robinson, ancienne Présidente de l’Irlande, a rappelé qu’un multilatéralisme efficace était dans l'intérêt national de tous les dirigeants mondiaux et que cette approche collaborative était au cœur de la Charte des Nations Unies.
«Le ministre iranien des Affaires étrangères, Javad Zarif, devait s’adresser devant cette assemblée aujourd’hui. Il allait parler du rôle de la Charte des Nations Unies dans le soutien de la paix et de la sécurité internationales, mais il a été empêché de le faire car des tensions sont apparues entre l'Iran et les États-Unis », a-t-elle déclaré. « C'est très regrettable. C'est précisément dans des moments comme ceux-ci que nous devons entendre les voix de toutes les parties concernées ».