Les dirigeants marocains ont du bon sens. Il y a un paradoxe: l'Afrique a aujourd'hui plus de 80% des réserves mondiales en phosphate et exporte cette matière première vers d'autres régions pour, notamment, la production d'engrais. Or le continent aussi en a besoin, a déclaré jeudi Mostafa Terrab, PDG de l'Office chérifien des phosphates (OCP), qui participait à une réunion d'hommes d'affaires au Mali.
Le Togo, important producteur, devrait être sensible à cette approche marocaine.
Le royaume a décidé de mettre ses déclarations en conformité avec ses actes. Il va dédier une nouvelle unité de production de phosphate, dont il est le premier exportateur au monde, au marché africain.
D'après l'agence marocaine MAP, l'unité en question est déjà en cours de construction à Jorf Lasfar, un site industriel situé à El Jadida, sur la côte Atlantique, à une centaine de km au sud de Casablanca.
La production de cette usine, dont le coût est estimé à 600 millions de dollars, s'élèvera à un million de tonnes d'engrais par an.
Le Maroc détient les plus importantes réserves de phosphates au monde et le chiffre d'affaires du secteur dépasse les cinq milliards d'euros.
Malgré la chute des cours, Rabat prévoit d'investir plus de 10 mds d'euros au cours des prochaines années afin d'atteindre une production de 50 millions de tonnes par an.
Le Togo exporte la totalité de sa production de phosphate. Après des années difficiles, le secteur reprend des couleurs. Une restructuration de l’entreprise publique et de lourds investissement ont favorisé la relance. Le pays ambitionne désormais de se lancer dans le phosphate carbonaté, mais il doit d’abord trouver les financements estimés à plusieurs milliards de dollars.