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Economie togolaise : Attention au tout libéralisme !

Publié le mercredi 19 fevrier 2020  |  Golfe Info
Inauguration
© aLome.com par Parfait et Edem Gadegbeku
Inauguration de la nouvelle aérogare de Lomé
Lomé, le 25 avril 2016. Aéroport AIGE. Faure GNASSINGBE inaugure la nouvelle aérogare, en présence de plusieurs opérateurs économiques et officiels divers.
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En l’absence de choix économiques clairs, et de mesures hardies pour doter le pays d’un tissu économique national solide, le Togo, à l’instar de nombre de pays subsahariens, est en train de perdre les leviers de son économie, et donc de son développement.

Une économie qui, d’ici une à deux décennies, devrait passer aux mains de grands groupes internationaux, dont certains d’Afrique.

L’indépendance acquise en 1960, la plupart des pays subsahariens se sont très vite retrouvés face à cette réalité : sans une indépendance économique, l’indépendance politique n’est que leure. D’où la nécessité de vite développer son économie, pour être moins dépendant, surtout financièrement vis-à-vis de l’ancienne puissance tutélaire.

L’Etat acteur économique


Ainsi, au Togo comme ailleurs, en l’absence d’acteurs économiques de premier plan, l’Etat va se substituer aux opérateurs économiques, en investissant dans différents secteurs économiques, pour amorcer son développement.

Ainsi, à partir des années 70, l’Etat va devenir encore plus présent dans l’activité économique, en s’engageant dans l’industrialisation du pays, sur la base de programmes quinquennaux. Ici et là, des unités industrielles vont faire leur apparition, aussi bien dans les domaines de transformation, que de l’extraction, parfois en s’associant avec le privé.

Premier employeur du pays, l’Etat l’était aussi dans le privé, avec la multiplication des entreprises publiques, contrôlées par l’Etat. C’était la période des grands projets, des grands investissements, parfois sans avenir, appelés les «grands éléphants blancs».

La période des grands éléphants blancs


Au Togo, au nombre de ceux-ci, l’on peut citer, les grands complexes hôteliers ( Hôtel La Paix, Hôtel Sarakawa, Hôtel 2 Février, Hôtel Kara, Hôtel 30 Aout, etc.), la Raffinerie de pétrole, l’Aciérie, les banques (UTB, BTCI, BTD, BIAO) et quelques unités industrielles.

Des projets, des réalisations, qui quelques années plus tard, sombreront tour à tour, pour cause de mauvaise gouvernance et de marchés inexistants.

Au début des années 80, avec la chute des prix des matières premières, et autres produits d’exportation, les recettes publiques, constituées principalement des recettes d’exportations, vont fondre.

Les caisses de l’Etat vides, les difficultés vont vite s’accumuler ; et bientôt, il n’est plus possible de payer les fonctionnaires, où même d’approvisionner les hôpitaux en produits de première nécessité, ou les paysans en intrants agricoles. Pour se sauver et sauver leur pays, tour à tour les Etats africains vont se tourner vers les bailleurs de fonds extérieurs, publics et privés.

Les Institutions de Bretton Woods et les plans d’ajustements structurels


De ces nouveaux « bienfaiteurs », deux vont particulièrement se distinguer : le FMI (Fonds Monétaire International) et la Banque Mondiale.

Pour sauver les Etats africains, dont le Togo, d’un désastre économique et social, elles vont apporter de l’argent frais, mais conditionné à des mesures dites d’ajustement structurel.

Celles-ci vont concerner principalement, la réduction des effectifs, aussi bien dans le public que dans les entreprises d’Etat, la diminution ou le gel des salaires, la privatisation des entreprises publiques, etc.

Conséquence, le désengagement de l’Etat de plusieurs secteurs, dont certains stratégiques, y compris le secteur social. Brèf, une remise en cause totale, avec désormais, des économies sous une tutelle quasi permanente des institutions de Bretton Woods. Avec pour mot d’ordre, le désengagement de l’Etat, de tous les secteurs de l’activité économique, et la promotion du libéralisme.

Résultat, des pays ouverts à tout vent, principalement aux grands groupes financiers internationaux, et des économies bientôt contrôlées et dirigées depuis l’extérieur.

L’absence d’acteurs locaux de poids dans les secteurs stratégiques


Contrairement aux idées reçues, aucun pays au monde n’est parvenu à son développement, avec une économie aux mains de l’extérieur.

En ce sens, même les pays les plus ouverts aux investissements directs étrangers (IDE), prennent soin de mieux les réguler, de mieux les orienter, et de limiter leur poids dans certains secteurs ou domaines dits sensibles, stratégiques pour l’indépendance économique du pays.

Il s’agit là, de préserver une certaine marge de manœuvre pour le pays, par rapport à certaines décisions, touchant à l’avenir économique du pays.

D’où la question de savoir, si au Togo, cette marge de manœuvre, de décision, est préservée, dans les différents secteurs stratégiques, aujourd’hui grandement ouverts aux investisseurs étrangers.

Mais, un tour d’horizon, des différents secteurs économiques du pays, des différentes grandes entreprises du pays, indique clairement la quasi absence d’acteurs nationaux, à tous les niveaux. Une situation paradoxale et assez préoccupante, pour un pays qui aspire au développement, à sa souveraineté, et à l’émergence économique d’ici quelques années.

Les exemples venus d’ailleurs

Contrairement aux pays francophones subsahariens, les pays anglophones de la région, ont eux toujours su faire preuve de vigilance et d’initiatives en la matière. Et ce n’est un hasard, s’ils ont été les plus réticents aux Accords de Partenariats Economiques (APE) que propose l’UE (Union Européenne) aux Etats africains.

Ainsi par exemple, au niveau du Code minier, le Ghana à l’instar d’autres pays anglophones, limitent la portée de l’investissement étranger. Si l’Etat se réserve 30% du capital de toute société minière devant opérer sur son sol, autres 30% sont également réservés aux investisseurs locaux, et le reste au promoteur.

Même disposition dans le domaine du Partenariat Public-Privé (PPP), pour les investissements dans les infrastructures.

Quant au Nigéria, il est allé plus loin. Toutes les grandes entreprises, bénéficiant d’une concession, et opérant sur son territoire, doivent être cotées à la bourse de Lagos, ceci pour permettre aux opérateurs locaux, de prendre part à leurs activités.

Des mécanismes qui permettent de limiter la dépendance des Etats, vis-à-vis de l’extérieur, et de préserver leur tissu économique, et partant, certains secteurs stratégiques, pour le développement et l’indépendance économiques du pays.

Redéfinir la mission de la Holding d’Etat Togo Invest Corporation :


Pour s’adapter au nouvel ordre économique mondial, le néo-libéralisme, sinon pour le contourner, presque tous les pays ont créé des holdings d’Etat, fonctionnant sur la base du droit privé, pour suppléer à l’Etat, dans ses prises de participation dans les entreprises. Il en est de même des fonds souverains, utilisés aujourd’hui par les Etats, dans des placements à terme.

Si au Rwanda de Paul Kagamé, le pays peut compter sur la Holding Crystal Ventures du FPR (Front Patriotique Rwandais), pour suppléer à l’Etat et investir dans différents secteurs de l’activité économique jugés, stratégiques pour le pays, et ainsi préserver les intérêts légitimes du pays, en termes de souveraineté, ailleurs, il s’agit bel et bien de Holding d’Etat.

Au Togo, les autorités ont opté pour une structure à caractère national, au vrai sens du terme, mais assez limitée dans ses ambitions. Il s’agit de la Holding Togo Invest Corporation, une société créée, pour appuyer la réalisation d’infrastructures, notamment dans le financement du projet de chemin de fer Lomé-Cinkassé, non seulement pour le transport-fret, mais également pour l’acheminement de minerais à exploiter à l’intérieur du pays.

Un bon début, mais sans commune mesure avec les impératifs et intérêts urgents du moment, dans les différents secteurs d’activités, ouverts aujourd’hui aux investissements étrangers.

En effet, l’objectif des Holdings d’Etat aujourd’hui, n’est pas tant de suppléer aux faiblesses en infrastructures du pays, la où les investisseurs ne se bousculent pas, mais bien d’investir là où le marché est porteur et stratégique pour le développement du pays.

En fait, éviter surtout que l’extérieur, ne mette la main sur des secteurs entiers, porteurs et stratégiques pour le pays, en l’absence de grands investisseurs nationaux, pour préserver les intérêts du pays.

Des holdings que l’on retrouve généralement sur les privatisations, les marchés de concession, les secteurs des banques, des télécoms, des mines, des transports, etc. Des exemples qui foisonnent, et dont le pays devrait s’inspirer pour préserver et conserver les leviers de son développement.

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