Flavia Pansieri, la Haut-Commissaire adjointe aux droits de l’homme (HCDH), vient d’achever une visite au Togo. Globalement, le pays a fait des progrès significatifs, même si comme dans la plupart des pays en développement, des efforts restent à accomplir en matière de promotion des droits de l’homme. Mme Pansieri a salué le processus de justice transitionnelle qui doit aboutir à la réconciliation nationale.
Republicoftogo.com : Comment se portent les droits de l’homme au Togo ?
Flavia Pansieri : Cela fait huit ans que le Haut Commissariat a ouvert un bureau au Togo. Durant cette période, le pays a réalisé des avancées considérables dans le domaine des droits de l’homme comme l’ont montrées la tenue récente d’élections législatives sans incidents majeurs. Les élections apaisées sont le signe d’un système qui fonctionne bien. Il y a certains textes, du point de vue législatif, qui sont prêts à être mis en œuvre. Il y a eu le très important processus de justice transitionnelle qui a abouti aux recommandations de la Commission Vérité Justice et Réconciliation.
Nous espérons que ces recommandations seront connaîtront une concrétisation dans les plus brefs délais. On a noté également l’abolition en 2009 de la peine de mort.
Mais tout n’est pas rose. Si tout était rose, on ne serait pas sur place avec un bureau du HCDH. Il reste beaucoup à faire. Le pays doit faire des efforts pour la promotion des droits de l’homme et aussi des droits civils et politiques, droits socio-économiques et culturels. Les défis à relever sont inhérents au manque de ressources disponibles et au manque de formation d’une partie des acteurs du secteur.
En ce qui concerne les droits des femmes, des progrès sont encore à accomplir. De même que des efforts sont à faire pour réduire les inégalités et prendre en charge les populations les plus vulnérables et marginalisées dans l’élaboration des politiques économiques et de la stratégie de réduction de la pauvreté.
Republicoftogo.com : Le gouvernement vous a-t-il donné des assurances quant à l'amélioration de la situation des droits de l'homme et comment le HCDH entend développer le partenariat ?
Flavia Pansieri : Au cours de ma visite, j’ai reçu des assurances de la part du gouvernement et de sa ferme intention de prendre des mesures très concrètes. Par exemple, le code pénal est actuellement à l’examen à l’Assemblée et sera pris en considération avant même l’ouverture de la prochaine session parlementaire.
Le Garde des Sceaux veut vraiment améliorer la situation. Le fait que les salaires des magistrats aient été augmentés permettra d’obtenir de meilleurs résultats. Les autorités ont clairement indiqué que les questions des droits humains n’étaient pas additionnelles mais faisant partie intégrante de l’organisation des politiques nationales.
Pour ce qui concerne le développement du partenariat, nous avons un bureau ici. Nous allons poursuivre ce partenariat pour fournir l’aide technique nécessaire afin d’appuyer les efforts du gouvernement.
Republicoftogo.com : La promotion des droits de l'homme est très politisée au Togo. Une grande majorité d'ONG sont dans les rangs de l'opposition. Cette confusion des genres n'est-elle pas problématique ?
Flavia Pansieri : Je ne saurai le dire. Mais durant mon séjour au Togo, j’ai eu l’occasion de rencontrer des organisations de la société civile et de les assurer du soutien du Haut Commissariat aux droits de l’homme. Le plaidoyer pour le respect des droits de l’homme fait partie des attributions de la société civile et nécessite une approche critique mais également constructive. A cet effet, je les ai encouragées à faire preuve de professionnalisme dans la documentation concernant des allégations d’éventuelles violations des droits de l’homme.
Avec les défenseurs des droits de l’homme, on a eu une très bonne discussion. Il y a ici au Togo une société civile très active qui s’exprime librement. C’est un aspect positif qu’il faut souligner. On a discuté de certains problèmes, dont la surpopulation carcérale, la nécessité du développement de la législation judiciaire et de la mise en œuvre des recommandations de la CVJR.
Republicoftogo.com : Sur une échelle de 1 à 10, comment situez-vous le Togo en matière de promotion des droits de l'homme ?
Flavia Pansieri : Aucun pays en développement ne peut affirmer que tout est parfait. Le Togo lui aussi peut faire mieux.
On va rester engagé pour que la volonté du gouvernement de faire avancer les choses se traduire dans la réalité. On sera aussi aux côtés de la société civile et des médias
Si vous me demandez une note spécifique, c’est difficile de vous répondre. Mais sachez que je quitte le Togo avec une impression positive du fait qu’il y a une volonté de relever les défis.
Republicoftogo.com : L’année prochaine, il y aura des élections présidentielles souvent sources de contestation au Togo. Est-ce que la question a été évoquée avec les autorités ? Que pense faire le HCDH dans ce sens ?
Flavia Pansieri : La question a été effectivement évoquée. Les législatives se sont bien déroulées. Il faut capitaliser afin que le scrutin présidentiel soit un succès. Il est important que les droits civils et politiques soient respectés, de même que les droits économiques et socioculturels. Nous seront là avec notre bureau pour accompagner les autorités dans l’organisation d’une élection exemplaire.