A la faveur du dernier meeting meublant à Kara (Nord-Togo) sa fin de campagne électorale, Faure Gnassingbé (président sortant au Togo) est revenu sur la polémique qui oppose depuis le 17 février dernier la CNSC (Concertation nationale de la société civile) et la CENI (Commission électorale). En conférant une dimension étatique et diplomatique à ce bras de fer.
«Il faut respecter les règles si on veut se lancer dans l’observation électorale», a critiqué Faure Gnassingbé devant des milliers de partisans et sympathisants sur l’esplanade du Palais des Congrès de Kara. «Certains groupes essaient de s’immiscer dans le processus électoral pour altérer le choix des Togolais (…) Nous sommes un pays ouvert, mais il faut que nos choix soient respectés. Nous recherchons le choix de la majorité des Togolais à la faveur du scrutin du 22 fevrier», s’est voulu très critique Faure Gnassingbé.
Réseau thématique composée d’une soixantaine d’organisations de la société civile togolaise, la CNSC, via un courrier à elle envoyée ce 17 février par la CENI, s’est vu signifier l’annulation de son accréditation pour l’observation des différentes phases du scrutin présidentiel du 22 février.
La CENI a expliqué cette annulation par le fait que des informations lui sont parvenues, et font état de ce que la CNSC «est en train de s’apprêter à mener une activité d’ingérence dans le processus électoral à des fins ignorées». Une posture que la CENI estime «bien contraire à l’objectif pour lequel la CNSC a été accréditée». «Aussi, sommes-nous au regret de vous signifier l’annulation de l’accréditation qui vous a été délivrée et vous prions de bien vouloir la retourner à la CENI accompagnée de tous les badges et accréditations individuelles reçues», a pris soin de préciser la CENI. Une allusion à peine voilée au partenariat liant la CNSC au NDI (National Democratic Institute, think tank américain se présentant comme «non partisan et à non lucratif»).
Le NDI dénonce le comportement de l’exécutif togolais
Au moyen d’une déclaration rendu publique en terre américaine, le NDI s’est dit «très préoccupé par l’expulsion du Togo de trois de ses employés. Ces employés se trouvaient au Togo dans le cadre d’une mission d’assistance technique à une Coalition de la société civile non partisane qui se préparait à observer l’élection présidentielle du 22 février», éclaire ce think tank. Et de poursuivre ces éclaircissements en ces termes : «Les activités de ces employés se menaient en toute transparence et en conformité avec les lois du pays. En janvier, la Commission électorale nationale indépendante du Togo (CENI) avait octroyé une accréditation à la Coalition de la société civile en question pour observer le processus électoral. Le 18 février, les autorités togolaises ont révoqué l’accréditation sans avis préalable».
Et ce think tank fonctionnant sous forme d’une ONG de préciser : «Nous sommes profondément troublés par les mesures prises par le gouvernement togolais qui visent à restreindre l’observation électorale non partisane», s’offusque Derek Mitchell, le président du NDI. «Le NDI a déjà appuyé les élections dans plus de 150 pays depuis sa création en 1983. Malgré ces actions du gouvernement togolais, nous restons résolus dans notre engagement à soutenir les aspirations démocratiques du peuple togolais et sa capacité à observer les élections conformément aux normes
internationales de transparence», souligne le NDI.
Le ministre Bawara avait déjà recadré la CNSC
La CNSC a «pris position dans la polémique sur le retard dans le décaissement du financement public pour la présidentielle 2020. Une chose anormale, au regard des 3 critères sur la base desquels toute observation électorale se fait», avait tenu à préciser le 19 février dernier le sieur B. Bawara. Ces critères étant aux yeux de ce ministre «l’indépendance, la neutralité et l’objectivité».
Il a par ailleurs de dénoncé la «duplicité» de plusieurs acteurs de la société civile qui sont «encartés» auprès de divers partis politiques togolais, mais prennent souvent position dans le débat public national au nom des OSC. Une attitude qu’a dénoncée le ministre G. Bawara, en rappelant que de «force va rester à la loi» devant tous ceux qui vont tenter de semer des troubles quelconques dans le pays, à la faveur de la tenue de la présidentielle 2020.
3.614.056 électeurs (dont pour la 1ère fois 348 dans la diaspora) devront trancher parmi 7 candidats le 22 février dans 9.389 bureaux de vote au Togo. En 2015, un «fichier consensuel» contenant 3.509.258 électeurs avait été utilisé, avec un taux de participation de 60,94% dans le cadre de la dernière présidentielle en date au Togo.