Le feuilleton de la contestation politique post-scrutin du 22 février se poursuit avec un nouvel épisode depuis jeudi dernier…
Herman Jay ‘Hank’ Cohen (ex Sous-Secrétaire d’Etat aux Affaires africaines) a pris, jeudi dernier, le contre-pied de la position diplomatique qu’il avait adoptée aux 1ères heures de la proclamation des résultats provisoires de la présidentielle de samedi dernier au Togo.
En effet, le 24 février 2020, Herman Jay Cohen (88 ans, ex ambassadeur américain en Gambie et au Sénégal) avait adressé via son compte officiel Twitter ses «félicitations à Faure Gnassingbé pour sa réélection. Tout en l’appelant à former un Gouvernement d’union nationale, avec comme Premier ministre aux pouvoirs pleins et renforcés le chef de l’opposition togolaise». Allusion implicite au candidat arrivé en 2e position selon les résultats provisoires de la CENI. Et de lire «en ce 4e quinquennat (2020-2025) de Faure Gnassingbé son dernier mandat à la tête du Togo». Le diplomate Cohen (parfait bilingue) a «ainsi invité Faure Gnassingbé à revenir aux USA comme professeur d’Université, à partir de 2025».
Entre-temps, l’ambassadeur Stromayer au Togo s’est prononcé sur le scrutin du 22 février
Le 26 février 2020, à la surprise générale, l’ambassade des USA au Togo a rendu public un communiqué sur la joute électorale qui s’est déroulée 4 jours plus tôt, avec un ton critique sur la procédure de proclamation des résultats de ce scrutin. «Les États-Unis d’Amérique restent préoccupés par les efforts d’observation limités, notamment la décision décevante de la CENI de révoquer l’accréditation d’une organisation de la société civile neutre accompagnée par les États-Unis en vue d’observer le processus électoral», a dénoncé dans sa sortie le diplomate Eric William Stromayer. Avec une suggestion diplomatique implicite pour arrêter les critiques à l’égard des résultats provisoires de la part des opposants togolais. «Une mesure que le Gouvernement du Togo pourrait prendre pour accroître la transparence est de publier les résultats bureau de vote par bureau de vote afin d’accroître la confiance de tous en les résultats finaux», a suggéré M. Stromayer, en poste au Togo depuis le 11 avril 2019.
C’est donc au lendemain de cette sortie diplomatique américaine (une grande première dans la tenue des élections présidentielles au Togo) que H. Jay Cohen (également spécialiste des questions de défense et de sécurité intérieure aux USA) a changé de position sur le scrutin du 22 février 2020, au Togo. Et sans fard.
«Au Togo, il y a des évidences significatives selon lesquelles les résultats de la dernière présidentielle ont été l’objet de manipulation et de fraude. La CENI doit procéder à un honnête recomptage des suffrages exprimés sous une observation internationale pour susciter la confiance des Togolais». Enfonçant le clou, l’ex-Professeur d’Université aux USA a rajouté : «Des sources dignes de foi au Togo m’ont informé que le véritable vainqueur du scrutin du 22 février au Togo est Agbéyomé Kodjo avec 67% des suffrages exprimés. Mes félicitations à M. Kodjo».
Plusieurs proches collaborateurs de Faure Gnassingbé ont souligné depuis le 26 février 2020 l’impossibilité de procéder au recomptage des voix bureau de vote par bureau de vote, car contraire au Code électoral togolais. Le ministre Bawara est allé plus loin en soulignant que la demande de M. Stromayer témoigne de son «amertume et de sa déception», après le retrait d’accréditation d’observation électorale à la CNSC qui devait être épaulée par une équipe du NDI (une organisation non gouvernementale américaine à but non lucratif et non partisane qui œuvre à soutenir et à renforcer les institutions démocratiques dans le monde). Et «traduit une profonde méconnaissance des textes et des lois qui régissent les processus électoraux au Togo».
Pouls de la relation Lomé-Washington
Les relations bilatérales Lomé-Washington sont au beau fixe d’une manière générale depuis les années 60. Le 14 février 2019, la MCC (Millenium Challenge Corporation, Agence gouvernementale américaine qui travaille à réduire la pauvreté mondiale par la croissance économique) et le Togo ont signé l’accord pour le «Programme de Seuil» du MCC d’une valeur de 35 millions de dollars (20 milliards 895 millions de fcfa). Ce fut le couronnement d’un processus de 4 ans de réformes. Une manne financière destinée à améliorer l’accès à des services de TIC (Technologies de l’Information et de la Communication), et clarifier les droits fonciers coutumiers pour élargir l’accès à la terre pour tous au Togo. Le Togo ambitionne d’être éligible d’ci 2021 au programme Compact du MCC, avec une aide financière attendue d’environ 700 millions de dollars US (soit près de 417 milliards 900 millions de fcfa) !
E. G.
Faure Gnassingbé répond aux accusations de fraudes d`Agbéyomé KODJO Publié le: 26/2/2020 |
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