C’est une foule immense qui a rué sur la présidence de la République lundi après-midi. Dans une vidéo publiée sur la page Facebook du Chef de l’Etat, Faure Gnassingbé, on y voit une foule compacte dans la cour principale du palais de la présidence.
A en croire l’un des responsables du parti, ces sympathisants du pouvoir étaient venus «féliciter et exprimer au Chef de l’Etat, leur détermination à l’accompagner pour un développement inclusif». «Vous m’avez surpris cet après-midi. Vous m’avez offert un grand cadeau le 22 février 2020», a déclaré Faure Gnassingbé avant de remercier tous ceux qui ont porté leur choix sur sa « modeste » personne.
Que célèbrent-ils ?
Cette question mérite d’être posée. Et pour cause, sur les visages de ces togolais convoyés ou non à la présidence la République, pour la circonstance, on peut facilement constater les traces d’une vie miséreuse. En effet, la majorité des Togolais vit sous le seuil de pauvreté.
De sources officielles, cette pauvreté, dans les milieux ruraux, est estimée à plus de 70%. De même, les dernières études ont montré que la pauvreté s’est accrue également à Lomé, la capitale. Ainsi, bon nombre de ces concitoyens n’arrivent pas à manger et à se soigner convenablement. Et ceci n’est autre que le fruit de la mauvaise gouvernance, la corruption, le détournement des deniers publics et une politique sociale inefficace.
Parmi ces personnes présentes à la présidence lundi dernier, beaucoup tirent le diable par la queue, pendant que plusieurs encore ont leurs enfants au chômage, après des années de sacrifices parce que n’étant tout simplement pas dans les bonnes grâces du parti Unir. En effet, aujourd’hui au Togo, pour avoir un emploi, surtout dans la fonction publique, il faut être bien placé sur les listes officines bleues. Pire, d’autres ont tout le mal du monde à trouver leur pitance quotidienne, à se soigner. Bref, à vivre dignement. Pourtant, contre des miettes, ils vont célébrer une victoire dont eux-mêmes ne sont pas convaincus.
Pour avoir cautionné d’une manière ou d’une autre la forfaiture, ces personnes comme l’ensemble du peuple togolais, vont subir, pour les cinq prochaines années, la mauvaise gouvernance érigée en mode de gouvernance depuis des années par Faure Gnassingbé. Rien ne changera pas donc !
«Chers jeunes, ne vous laissez pas manipuler, peut-être à cause de l’argent, à cause de certaines promesses. Ne vous laissez pas manipuler. Vous valez beaucoup plus que ce qu’on peut utiliser pour vous manipuler», a indiqué Mgr Nicodème Anani Barrigah-Bénissan, récemment dans un message. Cet appel à une prise de conscience de la jeunesse s’adresse en fait à tous ces gens qui, pour des miettes, vont légitimer un régime incapable d’offrir aux citoyens une vie digne.