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Pour plus de femmes aux postes de direction (Kristalina Georgieva et Louise Levonian)

Publié le mardi 10 mars 2020  |  FMI AFRIQUE
Kristalina
© Autre presse par DR
Kristalina Ivanova Gueorguieva, née le 13 août 1953 à Sofia, est une fonctionnaire internationale et femme politique bulgare. Directrice générale de la Banque mondiale depuis 2017, elle est désormais patronne du FMI
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Mais où sont donc les femmes ? La question ne devrait plus se poser en 2020. Si on se la pose encore, c’est tout simplement parce qu’aux quatre coins du monde, trop peu de femmes sont appelées à de hautes fonctions. À la veille de la Journée internationale des femmes et à l’approche du centième anniversaire du droit de vote des femmes aux États-Unis, le temps est venu de prendre le problème à bras le corps.

Des études menées par les services du FMI sous de nombreux angles démontrent sans ambigüité les bienfaits économiques des politiques visant à favoriser l’égalité entre les sexes. Pour le dire simplement, l’augmentation du taux d’activité des femmes et leur présence accrue à de plus hauts niveaux de responsabilité sont une bonne chose non seulement pour les femmes elles-mêmes, mais aussi pour les entreprises et l’économie de leurs pays.

Malgré certaines avancées, des écarts considérables subsistent entre les femmes et les hommes en matière d’emploi et de revenu. Par exemple, au niveau mondial, le taux d’activité moyen des femmes est inférieur de 20 points de pourcentage à celui des hommes. Par ailleurs, les femmes jouissent en moyenne de seulement 75 % des droits accordés aux hommes, comme le fait de pouvoir détenir une propriété, hériter ou ouvrir un compte en banque.

Par ailleurs, même si, dans cinq pays avancés, l’écart entre hommes et femmes est inférieur ou égal à 5 points de pourcentage, l’écart moyen dans les pays avancés reste de 10 points.

Tous ces déséquilibres représentent non seulement un coût pour la société, parce qu’ils engendrent un manque de productivité et un déficit de croissance économique, mais ils privent aussi les femmes d’autonomie économique et les empêchent d’accéder à de hautes responsabilités.

Plus de femmes au sommet

Prenons l’exemple du système financier. Les femmes y sont sous-représentées à tous les niveaux, des déposants aux emprunteurs en passant par les membres des conseils d’administration des banques et les effectifs des autorités de réglementation. De plus, moins de 2 % des grands dirigeants d’établissements financiers et moins de 20 % des membres des conseils d’administration sont des femmes.

Et pourtant, comme l’indiquent de plus en plus d’études, une réduction des écarts entre hommes et femmes aux hauts niveaux de responsabilité donne des résultats.

Dans un précédent document, les services du FMI ont montré que les banques comptant davantage de femmes dans leurs conseils d’administration étaient mieux pourvues en fonds propres, moins exposées aux prêts improductifs et plus résistantes aux tensions financières.

Les services du FMI ont également mis en évidence une relation positive entre la stabilité des banques et la présence de femmes au sein des organismes de réglementation bancaire.

Une autre étude des services du FMI, portant sur deux millions d’entreprises de 34 pays européens, a établi une corrélation entre une meilleure égalité entre les sexes aux postes de direction et une plus grande rentabilité des entreprises étudiées. Plus précisément, l’étude révèle que la présence d’une femme supplémentaire dans l’encadrement supérieur ou au conseil d’administration était associée à un surcroît de rendement des actifs de 8 à 13 points de base.

Ces observations prouvent les effets positifs d’une plus grande diversité de points de vue au sein des conseils d’administration : les délibérations et les décisions gagnent en qualité, ce qui améliore les résultats des entreprises.

De l’arrière-plan au premier plan

Et pourtant, 18 % seulement des entreprises au niveau mondial sont dirigées par les femmes, et, en moyenne, à peine 22 % des sièges des conseils d’administration sont occupés par des femmes dans les pays de l’OCDE. La représentation des femmes est encore plus faible dans les pays émergents, avec 13 % en Inde et 8 % au Brésil. Le moins qu’on puisse dire, c’est que les progrès sont longs à se faire sentir.

Au FMI, nous nous efforçons de passer des paroles aux actes. Aujourd’hui, plus de 30 % des cadres supérieurs sont des femmes, et 35 % des départements sont dirigés par des femmes.

Nous continuons également à promouvoir la diversité hommes-femmes au sein de notre conseil d’administration. Dans l’ensemble, la représentation féminine a augmenté depuis 14 ans, avec davantage de femmes à des postes de conseillères ou de conseillères principales, tandis que la proportion d’administratrices oscille entre 4 et 9 %.

Actuellement, il y a trois administratrices sur un total de 24 postes, et trois administratrices suppléantes sur un total de 30, pour une représentation féminine globale de 9 % en 2019.

La présence renforcée de femmes au conseil d’administration du FMI permet de recueillir des vues plus diverses afin de relever les principaux défis auxquels le monde fait face aujourd’hui (qu’il s’agisse du changement climatique, des inégalités ou de l’inclusion sociale) et proposer des solutions novatrices à nos 189 pays membres.

La performance et l’efficacité de l’institution peuvent aussi s’en trouver renforcées. De précédentes études ont ainsi révélé que les entreprises plus soucieuses de l’égalité entre les sexes tendent à en profiter sur le plan de l’excellence de leur organisation, au niveau de l’aptitude à diriger, de la responsabilisation ou des valeurs.

Cela nous amène à nous demander comment notre question initiale, à savoir pourquoi si peu de femmes sont appelées à de hautes fonctions, s’applique au conseil d’administration du FMI lui-même. Pour répondre, nous prévoyons de :

Convaincre les gouvernements des pays membres qu’il importe d’étudier davantage de candidatures féminines et de sélectionner plus de femmes pour occuper les postes d’administratrices et d’administratrices suppléantes ;
Examiner comment le FMI, en tant qu’institution, pourrait réduire les obstacles à la diversité hommes-femmes dans son conseil d’administration ;
Donner au personnel féminin des possibilités de se rencontrer et de partager leur expérience afin de jouer un rôle informel de mentor.
Au moment où nous nous apprêtons à fêter la Journée internationale des femmes et à célébrer les réussites féminines dans le monde entier, n’oublions pas qu’il est impératif d’agir si l’on veut faire participer davantage de femmes à l’économie mondiale. Il reste encore beaucoup à faire, mais je suis convaincue que le jour viendra où, quand on nous demandera : « Mais où sont donc les femmes ? », nous répondrons fièrement : « Au conseil d’administration ! »

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Kristalina Georgieva

Louise Levonian est administratrice du FMI pour le Canada, l’Irlande et les Caraïbes depuis le 1er novembre 2018. Auparavant, elle était sous-ministre de l’Emploi et du Développement social du Canada. De plus, elle était présidente du conseil de l'information sur le marché du travail, qui détermine les priorités pancanadiennes en matière de collecte, d'analyse et de diffusion de l'information sur le marché du travail.

Avant sa nomination au poste de sous-ministre, Mme Levonian a occupé les fonctions de sous-ministre déléguée principale de l'Emploi et du Développement social et chef de l'exploitation pour Service Canada pendant près de deux ans.

Elle a aussi présidé le sous-comité de mobilisation de la fonction publique et de la culture en milieu de travail du conseil de gestion et de renouvellement pendant quatre ans. En 1990, Mme Levonian a obtenu une maîtrise en économie de l’université Queen’s, avec spécialisation en finances publiques et en organisation industrielle. En 1989–1990, l’université Queen’s lui a octroyé une bourse d’études de cycle supérieur. Mme Levonian est également titulaire d’un baccalauréat en économie avec haute distinction de l’université Carleton et était inscrite sur la liste d’honneur du doyen en 1988-1989.

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