Interview-Covid-19 :«L’Afrique doit adapter sa riposte…», Dr Pierre Mpélé, épidémiologiste

Publié le mercredi 18 mars 2020 | SANTE EDUCATION

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Dr Pierre M’PELE, PhD, Spécialiste de santé publique, d`épidémiologie et maladies tropicales, Ancien Représentant de l`OMS, Ancien Directeur Régional de l’ONUSIDA pour l`Afrique Centrale et de l`Ouest

La Pandémie du coronavirus Covid-19 prend du temps mais progresse sur le continent africain. Aujourd’hui 12 pays africains sont touchés et nous enregistrons déjà les premiers décès. Le Covid-19 et la riposte africaine vu par un épidémiologiste du continent dans cet article de Santé-Education. Dr Pierre M’PELE, MD, MPH, PhD, Spécialiste de santé publique, d’épidémiologie et maladies tropicales, Ancien Représentant de l’OMS, Ancien Directeur Régional de l’ONUSIDA pour l’Afrique Centrale et de l’Ouest nous apporte quelques lumières sur le Covid-19.

«L’infection à Covid-19 est un problème mondial de santé publique, un problème médical sérieux qui mérite une réponse globale pour répondre à la pandémie aujourd’hui déclarée par l’OMS "un peu tardivement" mais il faut maintenant agir, agir individuellement et collectivement».

Le coronavirus Covid19 aurait des formes bénignes et plus graves! Expliquez-nous?

Ce que nous savons aujourd’hui, est que l’infection à Covid19 est le plus souvent asymptomatique ou simplement marquée par un syndrome grippal bénin qui se caractérise le plus souvent par un rhume, une toux, des courbatures et de la fièvre dans environ 75% des cas.

Chez 15% environ, l’infection se présente par un syndrome grippal avec une atteinte pulmonaire modérée et chez 10%, sous une forme sévère avec une atteinte grave pulmonaire survenant le plus souvent chez des personnes de plus de 70ans et associée à des co-morbidités telles que le diabète, le cancer, l’immunodépression , etc...

Toutes ses formes peuvent-elles être détectées?

Oui, les signes cliniques et l’interrogatoire ou l’histoire du patient attirent l’attention du médecin ou du professionnel de la santé. Un test de laboratoire permet de confirmer la présence du Covid19 dont le prélèvement est fait au niveau du nasopharynx. Le résultat peut être obtenu généralement en 4 heures.

La maladie se propage moins vite sur le continent Africain. Comment l’expliquez-vous?

C’est une belle observation et une impression manifeste que le Covid19 ne se propage pas rapidement en Afrique. Des échanges ont eu lieu entre l’Afrique et la Chine, beaucoup de chinois et même ceux de la région de Wuhan en Chine et les africains sont entrés en Afrique dans la période "muette" de l’épidémie c’est à dire entre Novembre 2019 et fin Janvier 2020.

Nous constatons que la plus part des cas notifiés en Afrique sont importés c’est-à-dire provenant des pays en épidémie et le suivi de leurs contacts africains n’a pas encore montré de diffusion rapide du virus comme cela l’a été en Chine ou encore aujourd’hui en Europe où un cas contact contamine jusqu’à 3 personnes. Toutefois en Afrique cela pourrait aller à plusieurs contacts car " on aime se toucher" et "notre vivre ensemble" peuvent nous mettre à haut risque.

Il faudrait que les épidémiologistes, virologues et les infectiologues africains unissent leurs forces et se mobilisent pour lutter contre cette épidémie. Des enquêtes ciblées dans des groupes à risque (malades hospitalisés dans les services de pneumologie, des urgences hospitalières et des maladies infectieuses par exemple) pour évaluer la circulation du virus en Afrique.

En fin de l’année 2019 et début 2020, l’Afrique de l’Ouest a connu une vague de syndromes grippaux peut-être en rapport avec la saison de « Harmattan ». Que dire ? Simple grippe saisonnière ou déjà présence de coronavirus. « L’actuelle canicule nous empêche d’attraper froid et d’éternuer…. ».

En Afrique, il nous faut une réponse fondée sur des arguments épidémiologiques et scientifiques et bien sûr tenir compte de nos expériences de préparation et de riposte face aux dernières épidémies à virus Ebola, Zika, Lassa et pourquoi pas de la pandémie du VIH/Sida dont l’Afrique a payé et paye encore aujourd’hui le plus lourd tribut.

Vous qui avez coordonné la lutte contre le VIH/Sida en Afrique, pensez-vous que l’Afrique est prête pour la riposte contre le Covid19?

L’Afrique n’est pas prête mais il faut s’y tenir prêt. Les systèmes de santé dans la majorité des pays en Afrique sont fragiles et auraient du mal à affronter une épidémie massive de Covid19. ... suite de l'article sur Autre presse

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