L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) s'est inquiétée jeudi du manque criant de moyens dont dispose l'Afrique pour lutter contre le coronavirus, dont un nombre très restreints de lits en soins intensifs et d'appareils respiratoires, alors que la maladie s'étend sur le continent.
"Il y a une grave pénurie de structures de traitement pour les cas critiques de Covid-19 en Afrique", souligne dans un communiqué l'OMS, qui a recueilli les données d'une quarantaine des 54 pays africains. Selon l'OMS, "le nombre total de lits dans les unités de soins intensifs (USI) disponibles pour le Covid-19 dans 43 pays d'Afrique est inférieur à 5.000", soit "environ cinq lits pour un million de personnes, contre 4.000 lits pour un million de personnes en Europe".
Dans 41 pays qui ont transmis leurs données à l'OMS, le nombre total de "ventilateurs fonctionnels dans les structures de santé publique est inférieur à 2.000", selon le communiqué. L'Afrique est jusqu'ici relativement épargnée par le coronavirus, mais a tout de même enregistré plus de 11.500 cas et plus de 570 décès, selon un décompte de l'AFP.
Le nombre de cas en Afrique continue de croître et de plus en plus de pays du continent voient le virus se propager au-delà des capitales. "Sur 47 pays, près de 60 % ont signalé des cas à plusieurs endroits, contre environ 21 % il y a deux semaines", souligne l'OMS. "S'attaquer aux cas dans les zones rurales qui n'ont souvent pas les ressources des centres urbains posera un immense défi aux systèmes de santé déjà mis à rude épreuve en Afrique", a souligné la directrice de l'OMS pour l'Afrique, Matshidiso Moeti.
"L'endiguement est encore possible", estime toutefois l'OMS, en soulignant que 31 pays ont enregistrés moins de 100 cas. De nombreux pays africains ont également pris des mesures de prévention, en isolant notamment les malades et en retraçant leurs contacts.
Ils ont également instauré des couvre-feux ou imposé le confinement dans certaines villes, ainsi que des interdictions de circuler entre régions ou de se rassembler. "S'ils continuent à mettre en place un système de détection précoce et des interventions fortes et exhaustives autour de chaque cas, ils peuvent éviter une propagation plus large du Covid-19", estime l'OMS.