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Pour vaincre le coronavirus, une réponse socialement équitable est indispensable

Publié le vendredi 1 mai 2020  |  Banque Mondiale
Covid-19
© Autre presse par DR
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Le coronavirus dévaste des familles et des communautés dans le monde entier. Aucune frontière ne l'arrête et il ne fait pas de distinction entre les niveaux socio-économiques. Il infecte des villages isolés, des zones urbaines, des responsables politiques, des personnels de santé, des célébrités et des réfugiés. La menace COVID-19 concerne l'ensemble des populations. Mais il est évident que certains groupes en subiront plus durement les effets.

Je fais partie des gens qui ont eu de la chance. Il y a environ un mois, j'ai contracté le coronavirus. Heureusement, ce n'était pas une forme grave. J'ai eu une fièvre persistante, des courbatures, une fatigue constante, une sensation de brûlure dans la poitrine et les signes caractéristiques de perte du goût et de l'odorat. Il m'a semblé que ces symptômes duraient une éternité.

Pendant plus d'une semaine, j'ai eu l'impression que chaque jour ressemblait au précédent. Par ailleurs, je me sentais coupable et inquiète à l'idée d'avoir pu contaminer mes collègues, mes amis et ma famille, car j'avais dû être contagieuse avant de ressentir les premiers symptômes. Mon auto-isolement était également difficile à supporter, alors que j'aurais voulu m’impliquer dans la réponse mondiale mise en place pour aider à atténuer cette crise. Mais maintenant, quatre semaines plus tard, je suis guérie. Je fais partie de celles et ceux qui ont eu la chance de prendre le dessus sur la maladie.

Pour beaucoup, malheureusement, et en particulier pour les plus pauvres et les plus vulnérables, cette pandémie pourrait être catastrophique. Parmi les plus exposées, il y a les migrants qui tentent de respecter les règles de distanciation sociale alors qu'ils vivent dans des camps surpeuplés (a), les personnes handicapées qui peuvent avoir des difficultés à accéder aux informations de santé publique et de prévention et les peuples autochtones qui ne disposent pas des services essentiels et indispensables pour prévenir une épidémie (a). Ces groupes seront touchés de façon disproportionnée. Si nous n'adoptons pas une démarche socialement équitable face à cette crise — c'est-à-dire une démarche soucieuse de la justice sociale, du développement des communautés locales, de l'équité, des droits de l'homme et des sensibilités culturelles —, nous ne pourrons pas atténuer les effets dramatiques que le virus aura sur ces groupes vulnérables.

Les leçons tirées des précédentes pandémies, notamment des flambées d'Ebola de 2014-2016, mettent en évidence l'importance des réponses sociales pour la gestion des crises et le redressement : elles sont un complément essentiel des interventions médicales.
Nous avons appris que ces réponses doivent tenir compte de la société dans son ensemble, avec des solutions organisées par les gouvernements, les communautés, les organisations de la société civile et le secteur privé. Au cours des semaines qui viennent, ce sera particulièrement important pour les populations à haut risque. Dans bien des cas, ces réponses peuvent s'appuyer sur des systèmes établis et reconnus pour diffuser des informations et des recommandations précises à la population. Par exemple, des chefs communautaires de confiance peuvent influencer le comportement de millions de personnes en veillant à ce que des messages sanitaires clairs et adaptés à la culture locale soient relayés et que l'aide parvienne à ceux qui en ont le plus besoin. La mobilisation collective des communautés est particulièrement importante lorsque les circuits de communication officiels sont inefficaces ou dépassés, ou lorsque les citoyens ne font guère confiance aux autorités sanitaires.

Le Groupe de la Banque mondiale prend des mesures rapides et de grande envergure pour aider les pays en développement à renforcer leur réponse à la pandémie et leurs systèmes de santé, afin de contenir la propagation et l'impact du coronavirus. La première série de projets, d'un montant global de 1,9 milliard de dollars, permettra de soutenir 25 pays et d'autres opérations sont en cours de finalisation dans plus d'une soixantaine de pays. En outre, nous passons au crible les projets que nous finançons déjà dans l’ensemble des régions du monde, afin de redéployer les ressources affectées à ces projets en cours.

Les programmes de développement social jouent un rôle essentiel dans la réponse de la Banque mondiale à la crise actuelle. Ils sont mis en œuvre selon des approches aussi diverses qu'innovantes, qu'il s'agisse du Cadre environnemental et social (CES), de mesures opérationnelles ou de nouvelles méthodes d'implication des citoyens.

Dans le cadre de cette première réponse, la Banque mondiale a recours à des programmes de développement pilotés par la communauté, une approche qui place les populations locales au cœur de la conception des solutions et de l'affectation des ressources, de manière à répondre aux besoins financiers et matériels critiques des plus vulnérables. Ces programmes apportent un soutien ciblé, par exemple aux femmes, aux jeunes sans emploi, aux personnes âgées, aux migrants de retour dans leur village et aux dirigeants de micro et petites entreprises en danger. Ils constituent un moyen fiable et éprouvé d'apporter des solutions rapides et souples en cas de catastrophe naturelle, de crise économique ou de situation post-conflit.

Ainsi au Myanmar, des animateurs du programme de développement communautaire national diffusent des informations en langue locale sur la prévention de la propagation du coronavirus, en partenariat avec l'UNICEF. L'Afghanistan exploite son programme de « charte des citoyens » (a), le dispositif de protection sociale le plus abouti du pays, pour atteindre environ 13 millions de personnes dans les 34 provinces rurales et urbaines du pays.
Le gouvernement peut ainsi diffuser rapidement des messages de prévention sur le coronavirus et trouver les meilleurs moyens d'orienter directement les fonds vers les communautés et les groupes vulnérables. Ce programme s’inscrit dans la continuité du Programme de solidarité nationale pour venir en aide aux personnes déplacées et aux rapatriés, lutter contre la faim pendant les saisons difficiles et, plus récemment, préparer l'accord de paix en Afghanistan.

Le développement communautaire sera un pilier de l’action que nous mènerons pour juguler les impacts sociaux et sur la pauvreté de la pandémie de COVID-19 et soutenir le redressement et la résilience des communautés. Le Groupe de la Banque mondiale prévoit de déployer jusqu'à 160 milliards de dollars dans les 15 prochains mois pour protéger les populations pauvres et vulnérables, aider les entreprises et favoriser la reprise économique.

En adoptant des approches socialement équitables, nous pouvons modifier la trajectoire de cette crise dans nombre des pays les plus pauvres. Je suis sincèrement convaincue que nous pouvons surmonter les pires conséquences de cette pandémie. Au profit non pas seulement des plus chanceux, mais de tous.


Louise Cord

Directrice mondiale, pôle Développement social, Banque mondiale

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