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Togo/Pascal Bodjona: Les signes annonciateurs d’un retour au bercail

Publié le mercredi 6 mai 2020  |  Courrier d'Afrique
Pascal
© aLome.com par Parfait
Pascal BODJONA lors d’une conférence de presse.
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L’image a fait le tour du monde: Pascal Akoussoulèlou Bodjona côte à côte avec Sélom Komi Klassou, le Premier ministre du Togo. C’était à la cérémonie de prestation de serment de Faure Gnassingbé réélu pour un quatrième mandat à la tête du Togo.
Mais que cherchait l’ancien ministre de l’Administration territoriale parmi ses amis d’hier qui l’avaient humilié et précipité au fond du gouffre ces huit dernières années ?





Pour beaucoup de Togolais, l’investiture de Faure Gnassingbé pour un quatrième mandat était presqu’un non-événement. Mais deux faits majeurs ont marqué cette cérémonie qui s’est plutôt voulue sobre, en raison du covid-19.

D’abord le président de la Cour constitutionnelle, en grand militant de la première heure, s’est englué dans un discours dithyrambique à l’égard du président réélu, se posant en véritable bouclier contre toute attaque venant de Mgr Philippe Kpodrzo, le mentor de Gabriel Agbéyomé Kodjo. Ensuite, la guest-star de la salle des banquets de la présidence de la République togolaise dimanche dernier était Pascal Akoussoulèlou Bodjona, ancien Directeur de cabinet et bras droit de Faure Gnassingbé. Une présence annonciatrice d’un retour à la maison, après plusieurs années de descente aux enfers ?

Ce n’est un secret pour personne, et l’intéressé même le claironne à tout vent: Pascal Bodjona ne sait pas faire autre chose que la politique. “Je ne sais faire rien d’autre que la politique”, aimait-il dire. Pascal Bodjona est un homme qui aime le pouvoir. D’ailleurs, il ne saurait en être autrement, lui qui a été bercé dans le sérail.

Peu de temps après sa sortie des mailles de la gendarmerie nationale où il avait passé sept mois dans l’affaire dite d’escroquerie internationale, l’ancien porte-parole du gouvernement Houngbo avait laissé planer le doute sur sa nouvelle orientation politique.
«Lorsque vous êtes chassé de votre maison avec au départ des gourdins et que désormais vous avez la certitude que ce sont des flèches empoisonnées qui vont être utilisées contre vous, vous n’avez qu’un seul choix : avoir une hutte ou s’abriter sous le toit de quelqu’un», avait-il déclaré lors de la tonitruante conférence de presse qu’il avait organisée en 2014 dans un hôtel de la capitale togolaise. Mais depuis, entre la “hutte” de l’opposition et la “maison” bleue du pouvoir, impossible de déterminer pour quel abri le cœur de Pascal Bodjona balançait.

À vrai dire, les dures épreuves qu’il a traversées n’ont pas fait de Pascal Bodjona un opposant au système dont il est l’un des artisans modernes ainsi que le pense une certaine opinion. Il faut bien être d’une grande naïveté pour croire que le séjour prolongé dans l’eau peut transformer le tronc d’arbre en crocodile. L’ex-ambassadeur du Togo aux États-Unis pouvait-il prendre le risque de se jeter dans le marigot de l’opposition où les alligators font la loi et voient toujours en lui un ponte du régime en place ? Du moins, pas ouvertement.

Sa tentative de refaire surface en politique en loup solitaire lors des élections municipales de juin 2019 s’est soldée par une énième humiliation. Alors, la seule issue possible pour celui qui est considéré comme une des plus redoutables bêtes politiques de sa génération, reste un retour aux premières amours.

En raison de la maladie du coronavirus, les cent personnalités présentes à la cérémonie d’investiture de Faure Gnassingbé étaient triées sur le volet, donc sur invitation. Une main tendue de son ancien ami et frère ou tout simplement l’extériorisation d’une réconciliation qui a commencé dans les coulisses depuis longtemps, loin du regard de la masse qui se déchire naïvement sur le sujet ? La seconde hypothèse semble l’emporter. L’entourage de l’ancien ministre a déjà annoncé les couleurs.

Le retournement spectaculaire de Cyr Adomayakpor, pourfendeur incorrigible du pouvoir de Faure Gnassingbé et de la stagnation politique togolaise, aujourd’hui installé aux premières loges des laudateurs du “précieux président pour ce précieux pays” est un signe avant-coureur de ce qui s’est passé le 3 mai dernier. Quid de la présence de Pascal Bodjona chez Nana Akufo-Addo, président du Ghana, dans le cadre des tentatives de résolution de la crise politique née du mouvement du 19 août 2017?

Ambroise DAGNON





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