Pour la première fois depuis qu’il a annoncé la découverte du Covid-Organics, un remède contre le Covid-19, le président de Madagascar accorde une interview. Au micro de Christophe Boisbouvier et Marc Perelman, il répond aux critiques de l’OMS et annonce des essais cliniques. Il s’exprime aussi sur la querelle avec la France au sujet des îles Éparses.
Christophe Boisbouvier : Monsieur le président, bonjour.
Andry Rajoelina : Bonjour, c’est un plaisir d’être votre invité surtout en cette période de guerre contre le coronavirus.
Marc Perelman : On va parler de ce que vous appelez cette « guerre » contre le Covid-19. En plus du confinement, du port du masque, de la distanciation, Madagascar se distingue par l’utilisation du Covid-Organics, un remède à base d’artemisia, une plante à l’effet thérapeutique reconnue contre le paludisme. Vous l’avez déjà envoyée dans plusieurs pays africains, mais est-ce que vous avez des preuves que cela marche chez vous, que cela guérit des gens du Covid-19 ?
A.R. : En fait, effectivement, nous avons lancé ce remède à base de plantes médicinales malgaches. Il faut noter qu’à Madagascar, nous avons l’habitude et 80% de la population se soigne à travers le remède médicinal. Ceci dit, le Covid-Organics est bien évidemment un remède préventif et curatif contre le Covid-19 qui fonctionne très bien. Et d’ailleurs, c’est le fruit des recherches réalisées par l’Institut malgache de recherches appliquées [Imra], qui a le statut de centre régional de recherche reconnu par l’Union africaine. Je tiens juste à préciser que l’Imra est un centre de recherche médicale et pharmaceutique, et de formation, fondé en 1957 par le professeur Rakoto Ratsimamanga qui est une figure émérite de la science africaine.
Vous parlez de « preuves » et j’ai parlé de « guerre » tout à l’heure. La situation mondiale démontre aujourd’hui qu’il y a presque 300 000 morts. Est-ce que cela nous permet d’ignorer une possibilité de traitement ? Et quand nous sommes également en période de guerre, quelle est la preuve qu’on peut démontrer et que nous pouvons fournir actuellement ? C’est bien évidemment la guérison de nos malades, parce qu’il est à noter qu’aujourd’hui, à Madagascar, on a eu 171 cas, dont 105 guéris. Et la majeure partie de ces malades atteints du coronavirus ont été guéris et vous me parlez de preuves. Comme preuve, je tiens à vous dire que les patients qui ont été guéris ont pris uniquement ce produit du Covid-Organics [appelé également Tambavy CVO]. En résumé, une nette amélioration de l’état de santé des patients ayant reçu ce remède du Tambavy CVO a été observée en 24 heures seulement après la première prise du Tambavy CVO. La guérison a été constatée après sept jours, voire dix jours, de la prise du Tambavy CVO. Ce remède est naturel, non toxique et non invasif.
C.B. : Simplement tout le monde n’est pas convaincu par ces preuves dont vous parlez. Et ce n’est pas n’importe qui. L’Union africaine (UA), la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), et surtout l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le bureau Afrique de l’OMS, ont multiplié les mises en garde ces derniers jours contre l’illusion d’un remède-miracle. Non seulement l’OMS doute de l’efficacité du Covid-Organics, mais elle craint des effets secondaires pour les gens qui consomment cette tisane…
A. R. : Vous me citez bien évidemment la mise en garde du docteur [Matshidiso] Moeti, qui met en garde contre l’utilisation du Covid-Organics. J’aimerais juste poser la question : est-ce que le Mediator [médicament antidiabétique responsable de la mort de patients en France] avait reçu et obtenu les autorisations ? Et ce que je demande comme question aujourd’hui : combien de personnes sont mortes du médicament Mediator ? Vous connaissez comme tout le monde la déclaration du professeur Bernard Debré et celle de Philippe Even. Ils ont présenté presque plus de 58 médicaments fabriqués par des laboratoires prestigieux qui non seulement ne soignent pas, mais selon leurs propres termes, sont « dangereux » et « mortels ».
Ces médicaments ont été et sont distribués en Afrique et je n’ai jamais entendu le docteur Moeti ou l’OMS faire une déclaration qui n’autorise pas la prise de ces médicaments. Maintenant, comme je l’avais dit tout à l’heure, nous, on utilise de la décoction. Quand on parle de décoction, c’est une méthode, c’est l’action de faire bouillir dans l’eau des plantes médicinales pour l’extraction des principes actifs. C’est notre médecine traditionnelle qui est connue et reconnue pour ses effets. On parle beaucoup dans ce remède de l’artemisia. Ce qui se pose aujourd’hui, vous m’avez posé la question, mais j’ai une question quand même à vous poser : si ce n’était pas Madagascar, mais si c’était un pays européen qui avait découvert en fait ce remède, est-ce qu’il y aurait autant de doutes ? Je ne pense pas. Ce que je peux vous dire aujourd’hui, c’est que le cas des malades à Madagascar et aussi de ceux qui ont pris ces médicaments, en fait aujourd’hui ce Tambavy CVO ou cette décoction, nous avons eu des preuves que nous avons soigné nos malades jusqu’ici.
M. P. : Justement, on va prendre l’exemple de la France. L’Agence nationale de sécurité du médicament a très récemment publié une mise en garde quant à l’achat de produits à base d’artemisia, affirmant que les vertus thérapeutiques sont « fausses et dangereuses ». Est-ce que vous avez l’impression que ces doutes, voire soupçons, disons-le, de charlatanisme, viennent de l’Occident, voire peut-être des lobbies pharmaceutiques occidentaux ?
A. R. : Vous avez peut-être pu voir et regarder la déclaration du professeur Montagnier, qui a quand même reçu le prix Nobel de la science et de la médecine, comme quoi l’artemisia, c’est une piste pour guérir le coronavirus. Cela est une chose. Mais vous avez aussi pu constater l’étude du professeur Tu Youyou en Chine qui a pu extraire l’artémisinine venant de l’artemisia. Donc, aujourd’hui, je ne comprends pas pourquoi autant de questions, pourquoi autant de problèmes. Mais le problème aujourd’hui avec le Covid-Organics n’est pas sa formule. Ce ne sont pas des études cliniques qu’on fait semblant de ne pas connaître. On dit du mal sur ce produit, sur le Tambavy CVO, alors qu’il ne fait que du bien et qu’il ne sauve que des vies actuellement. Dans cette bataille, on veut nous freiner. On veut nous décourager, voire même nous interdire d’avancer.... suite de l'article sur RFI