L’ambassade des USA au Togo, via un tweet ce 11 mai 2020, a tenu à apporter des éclaircissements relatifs à un tweet polémique de l’ex diplomate Herman Jay ‘Hank’ Cohen (ex Sous-Secrétaire d’Etat aux Affaires africaines), et relatif à une prétendue «vacance du pouvoir au Togo ce 10 mai 2020».
«L'ambassadeur Herman J. Cohen parle en son nom privé depuis sa retraite du Gouvernement des États-Unis. La voix officielle des USA au Togo, c'est d'abord l'ambassade», a recadré la représentation diplomatique des USA en terre togolaise. Un recadrage selon l’Ambassade qui vient appuyer la position du ministère américain des Affaires étrangères (Département d’Etat) sur le même sujet, et plus généralement les sorties du sieur Cohen sur l’Afrique.
Le tweet du 10 mai sur le Togo de l’écrivain et ex diplomate Herman J. Cohen a été au cœur des conversations le week-end écoulé sur les réseaux sociaux. Ce tweet faisait entre autres état d’une «vacance du pouvoir au Togo, suite à une pression militaire qui a forcé le Président Faure Gnassingbé à quitter le Togo». Et de rajouter une couche en précisant que «des Gouvernements européens planchent ce 10 mai sur la reconnaissance d’Agbéyomé Kodjo comme le véritable vainqueur de la dernière élection présidentielle au Togo». Un tweet au ton et au contenu suffisamment graves qui n’ont suscité officiellement aucune réaction officielle au Togo, mais fait réagir des proches du Président Faure Gnassingbé qui ont dénoncé l’irresponsabilité de l’auteur des propos rapportés.
Quelques heures après son tweet matinal et polémique de ce 10 mai 2020, l’ex ambassadeur Cohen le supprimera sur le fil d’actualité de son compte ! Il soulignera en soirée, à 21H16TU, via un autre post que «Faure Gnassingbé a quitté son domicile habituel mais pas totalement son pays, et est censé se trouver près de la frontière béninoise». Précisant toutefois qu’il «a perdu la confiance de l’armée qui le maintient au pouvoir, après avoir fait arrêter 100 militaires». Une volte-face qui a eu l’effet de susciter de railleries et des critiques au vitriol de plusieurs Togolais ou Africains à l’encontre de M. Cohen.
Cohen et le Togo depuis février 2020 !
Herman Jay ‘Hank’ Cohen (ex Sous-Secrétaire d’Etat aux Affaires africaines) a pris le 27 février 2020 le contre-pied de la position diplomatique qu’il avait adoptée aux 1ères heures de la proclamation des résultats provisoires de la présidentielle du 22 février 2020 au Togo.
En effet, le 24 février 2020, M. Cohen (88 ans, ex ambassadeur américain en Gambie et au Sénégal) avait adressé via son compte officiel Twitter ses «félicitations à Faure Gnassingbé pour sa réélection. Tout en l’appelant à former un Gouvernement d’union nationale, avec comme Premier ministre aux pouvoirs pleins et renforcés le chef de l’opposition togolaise». Allusion implicite au candidat arrivé en 2e position selon les résultats provisoires de la CENI. Et de lire «en ce 4e quinquennat (2020-2025) de Faure Gnassingbé son dernier mandat à la tête du Togo». Le diplomate Cohen (parfait bilingue) avait «ainsi invité Faure Gnassingbé à revenir aux USA comme professeur d’Université, à partir de 2025».
Le 26 février 2020, à la surprise générale, l’ambassade des USA au Togo a rendu public un communiqué sur la joute électorale qui s’est déroulée 4 jours plus tôt, avec un ton critique sur la procédure de proclamation des résultats de ce scrutin. «Les États-Unis d’Amérique restent préoccupés par les efforts d'observation limités, notamment la décision décevante de la CENI de révoquer l'accréditation d'une organisation de la société civile neutre accompagnée par les États-Unis en vue d'observer le processus électoral», avait dénoncé dans sa sortie le diplomate Eric William Stromayer. Avec une suggestion diplomatique implicite pour arrêter les critiques à l’égard des résultats provisoires de la part des opposants togolais. «Une mesure que le Gouvernement du Togo pourrait prendre pour accroître la transparence est de publier les résultats bureau de vote par bureau de vote afin d’accroître la confiance de tous en les résultats finaux», avait suggéré M. Stromayer, en poste au Togo depuis le 11 avril 2019.
C’est donc au lendemain de cette sortie diplomatique américaine (une grande première dans la tenue des élections présidentielles au Togo) que H. Jay Cohen (également spécialiste des questions de défense et de sécurité intérieure aux USA) a changé de position sur le scrutin du 22 février 2020, au Togo. Et sans fard.
«Au Togo, il y a des évidences significatives selon lesquelles les résultats de la dernière présidentielle ont été l’objet de manipulation et de fraude. La CENI doit procéder à un honnête recomptage des suffrages exprimés sous une observation internationale pour susciter la confiance des Togolais». Enfonçant le clou, l’ex-Professeur d’Université aux USA a rajouté : «Des sources dignes de foi au Togo m’ont informé que le véritable vainqueur du scrutin du 22 février au Togo est Agbéyomé Kodjo avec 67% des suffrages exprimés. Mes félicitations à M. Kodjo».
Plusieurs proches collaborateurs de Faure Gnassingbé ont souligné depuis le 26 février 2020 l’impossibilité de procéder au recomptage des voix bureau de vote par bureau de vote, car contraire au Code électoral togolais. Le ministre Bawara est allé plus loin en soulignant que la demande de M. Stromayer témoignait de son «amertume et de sa déception», après le retrait d’accréditation d’observation électorale à la CNSC qui devait être épaulée par une équipe du NDI (une organisation non gouvernementale américaine à but non lucratif et non partisane qui œuvre à soutenir et à renforcer les institutions démocratiques dans le monde). Et «traduit une profonde méconnaissance des textes et des lois qui régissent les processus électoraux au Togo».
Les relations bilatérales Lomé-Washington sont d’une manière générale au beau fixe depuis les années 60.
E. G. & Akoyi A.
Le juge Assouma fait des projections autour du mandat 2020-2025 de Faure Gnassingbé Publié le: 8/5/2020 |
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