De nouvelles preuves tendent à établir les liens du cancer de l’ovaire chez les femmes dont le sang renferme une grande quantité d’acides gras trans.
Ces acides provenant des aliments transformés industriellement peuvent être associés à un risque accru de développer un cancer de l’ovaire, a annoncé jeudi le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), un organisme de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Ces nouveaux résultats, publiés dans la revue Cancer et Epidémiologie, suggèrent que des apports plus élevés et des taux de circulation d’acides gras trans provenant d’aliments industriels transformés et de graisses de friture peuvent être associés à un risque accru de développer un cancer de l’ovaire. «Les acides gras trans industriels sont associés à l’obésité et à l’inflammation, qui sont des facteurs de risque connus du cancer de l’ovaire et qui pourraient expliquer, au moins en partie, l’association tangible entre ces acides gras et le cancer de l’ovaire », a déclaré l’auteur de l’étude et scientifique du CIRC, le Dr Véronique Chajès, citée dans le communiqué.
Ce risque de cancer de l’ovaire a été examiné dans le cadre de l’Etude prospective européenne sur le cancer et la nutrition (EPIC), une vaste cohorte de 1.486 cas de cancer de l’ovaire. Pour les scientifiques du CIRC basée à Lyon, en France, l’objectif est d’étudier de manière prospective le lien entre l’apport individuel en acides gras provenant de diverses sources alimentaires et le risque de développer un cancer de l’ovaire. «Bien que quelques études à petite échelle aient déjà suggéré un lien potentiel entre la consommation d’acides gras trans et le risque de cancer de l’ovaire, les preuves n’étaient pas encore concluantes», a précisé de son côté la Dr Inge Huybrechts, scientifique du CIRC et l’une des auteurs de l’étude.
Peu de facteurs évitables ont été identifiés
Mais d’une manière générale, la scientifique du CIRC rappelle que c’est la première étude prospective à l’échelle européenne qui montre une relation entre l’apport en acides gras trans industriels et le développement du cancer de l’ovaire. «Auparavant, les apports alimentaires d’acides gras trans industriels ont été associés à un risque plus élevé de cancer du sein dans la cohorte EPIC. En outre, des associations positives entre les apports en acides gras trans et le cancer de la prostate et le cancer colorectal ont été signalées dans la littérature scientifique», a ajouté la Dr Huybrechts.
Pour le CIRC, ces nouvelles découvertes sont conformes à la recommandation de l’OMS « d’éliminer les acides gras trans industriels des aliments ». «Cette étude apporte de nouvelles preuves que la réduction de la consommation d’aliments transformés industriellement, y compris la restauration rapide, pourrait contribuer à réduire le risque de cancer de l’ovaire et de nombreuses autres maladies chroniques, y compris d’autres types de cancer, qui sont liées à une consommation accrue d’acides gras trans industriels», note le Dr Marc Gunter, chef de la section de la nutrition et du métabolisme au CIRC.
Ces acides gras dits trans proviennent généralement de graisses d’origine industrielle (huile végétale partiellement hydrogénée, pains industriels, viennoiserie, gâteaux, chips, pâtes à pizzas...). Et à ce jour, les données expérimentales sur les effets des acides gras trans industriels sur le développement du cancer sont limitées.
Cela entrave l’interprétation des voies biologiques qui sous-tendent l’association entre l’apport d’acides gras trans industriels et le développement du cancer de l’ovaire. Cependant, les données provenant d’études expérimentales et épidémiologiques suggèrent que les acides gras trans industriels ont un effet sur l’obésité, le stress oxydatif et l’inflammation.
A noter que le cancer des ovaires, qui a représenté 295.414 nouveaux cas et 184.799 décès en 2018 dans le monde, est le huitième type de cancer le plus fréquent et la huitième cause de décès par cancer chez les femmes. «L’incidence du cancer de l’ovaire étant en augmentation dans le monde entier, il est urgent de mettre en place des stratégies de prévention», conclut l’Institut de l’OMS qui note toutefois que « peu de facteurs évitables ont été identifiés».