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[Tribune] Les bonnes (et les mauvaises) surprises de la crise du Covid-19 en Afrique

Publié le vendredi 24 juillet 2020  |  Jeune Afrique
Représentation
© Autre presse par DR
Représentation du Covid-19
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Par Romain Py, Responsable des investissements chez African Infrastructure Investment Managers



Alors que la crise sanitaire a accentué nombre de difficultés économiques sur le continent, certains secteurs tels le numérique et l’énergie pourraient constituer une réponse positive à la situation.

L’image de la mer qui se retire n’est pas seulement une métaphore poétique, c’est aussi une parabole utilisée par les économistes pour évoquer l’immense découvert, au propre comme au figuré, provoqué par une crise. Le milliardaire américain Warren Buffett proférait ainsi : «C’est quand la mer se retire qu’on voit ceux qui se baignent nus» pour mettre en garde les preneurs de risques excessifs, les tacticiens de l’instant, balayés par un retournement de conjoncture.

Pour l’Afrique, la crise du Covid-19 vient accroître des difficultés déjà importantes : une dette excédant 50 % du PIB et des budgets subissant les conséquences du défi sécuritaire et du changement climatique. À cela s’ajoute désormais une chute brutale des recettes budgétaires face à des dépenses accrues pour lutter contre la pandémie et la crise socio-économique qui en résulte.

Les mesures adoptées pour les États africains se résument principalement à des allègements de dette ou à des moratoires sur le service de la dette publique bilatérale. En dehors d’une marge de manœuvre budgétaire immédiate, ces mesures n’apportent pas de solutions structurelles aux difficultés des États, et présentent des inconvénients importants. Selon le ministre béninois de l’Économie et des Finances, Romuald Wadagni, «un allègement de la dette ou un moratoire ternira davantage l’image des États, notamment la perception de leur qualité de crédit, et compromettra leur accès aux financements futurs».

Éléphants blancs et infrastructures mal dimensionnées

Les institutions multilatérales et les banques de développement devraient au contraire mettre à profit leur qualité de crédit (et leur accès aux financements à taux presque nul) pour relancer des économies africaines via des financements concessionnels. Grâce à cette liquidité nouvelle, les gouvernements africains pourraient se concentrer sur la protection des populations les plus fragiles, soutenir leur secteur privé et limiter l’impact économique de la crise. Mais, en retour, ils devront rendre des comptes, faire preuve de plus de transparence, publier des prévisions fiables, mettre en place des réformes fiscales et économiques.

La mer, en se retirant, a aussi révélé quelques récifs, éléphants blancs ou infrastructures mal dimensionnées, qui vont laisser un goût amer aux populations. Cette mauvaise gestion des ressources budgétaires s’est notamment traduite par un sous-investissement dans le système de santé – en moyenne près de 5 % du PIB en Afrique subsaharienne, soit moitié moins que la moyenne mondiale.

Malgré les réformes et la préparation de certains pays (planification à long terme, cadre réglementaire accueillant pour les investisseurs, administrations motivées et compétentes), il existe peu de projets d’infrastructure prêts à démarrer comme les partenariats public-privé des réseaux routiers d’Accra-Tema au Ghana et de Nairobi-Nakuru au Kenya. L’improvisation (souvent des vieux projets ressortis des tiroirs et inadaptés aux réalités d’aujourd’hui) reste un réflexe généralisé.

Les fonds d’infrastructure tirent parti de la crise

La pandémie a aussi agi comme une sonnette d’alarme pour trouver de meilleurs moyens de financer le déficit d’infrastructures du continent. Les fonds d’infrastructure, qui ont une philosophie d’investissement à long terme, en ressortent comme les grands gagnants. Leur discipline d’analyse et la nécessité de penser et de planifier à l’avance leur ont permis de structurer des investissements résilients, qui ont joué un rôle clé durant cette période difficile.








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