Addis-Abeba, Éthiopie, le 27 juillet 2020 (CEA) - L’Afrique célèbre sa troisième Journée de l’enregistrement des faits d’état civil et des statistiques de l’état civil (CRVS), le 10 août avec des appels de plus en plus nombreux aux pays pour qu’ils répertorient l’enregistrement des faits d’état civil comme un service essentiel et des stratégies à mettre en place pour garantir la continuité des activités pendant les urgences, y compris les pandémies.
Cette année, la journée sera commémorée en pleine pandémie dévastatrice de coronavirus qui a fait des centaines de milliers de morts et touché des millions de personnes à travers le monde. La pandémie a montré les vulnérabilités des systèmes d’enregistrement des faits d’état civil lorsque les services étaient le plus nécessaires.
La quatrième Conférence des ministres tenue en décembre 2017 à Nouakchott, en Mauritanie, a déclaré le 10 août comme étant la Journée africaine de l’état civil et des statistiques de l’état civil et a conseillé aux États membres d’observer cette journée pour réaffirmer leur engagement à mettre en place des systèmes d’enregistrement efficaces.
«Il est impératif que nous examinions le rôle que l’enregistrement des faits d’état civil et les statistiques de l’état civil peuvent jouer en fournissant des informations en temps réel pour le suivi et l’atténuation des effets des situations d’urgence telles que le COVID-19 », déclare Oliver Chinganya, Directeur du Centre africain pour la statistique, de la Commission économique pour l’Afrique (CEA).
Dans une interview en amont de la commémoration qui aura pour thème, «Enregistrement des faits d’état civil et les statistiques d’état civil : Un service essentiel pour suivre et atténuer les effets des situations d’urgence», M. Chinganya déclare que la vision de l’Afrique pour «Rendre tout le monde visible en Afrique» reste cruciale même en période de pandémie, d’où la nécessité d’assurer un service ininterrompu aux clients.
Le Groupe de travail sur le Programme d’identité juridique des Nations Unies (2020) recommande que les pays disposent d’un «plan de continuité des activités » pour l’enregistrement des évènements vitaux lors de perturbations telles que les pandémies, les urgences de santé publique et les catastrophes.
Ce plan a pour objectif de préciser les exigences en matière de services essentiels minimaux dans les circonstances spéciales, y compris la façon de protéger la main-d’œuvre, les bureaux d’état civil préparant des plans d’urgence pour répondre à la demande post-pandémique de services d’enregistrement.
L’ONU recommande également aux pays de mettre en place des systèmes d’enregistrement des faits d’état civil résilients aux catastrophes qui peuvent continuer à fonctionner dans des circonstances précaires.
Pendant la crise, le système d’enregistrement des faits d’état civil devra être en mesure de s’adapter et d’apporter des modifications temporaires aux processus d’enregistrement, par exemple en révisant les procédures opérationnelles standard, les processus commerciaux ou les règles existants pour élargir l’éligibilité concernant les personnes qui peuvent notifier aux officiers de l’état civil, les naissances et les décès et mettre en place des processus / dérogations spéciaux pour les personnes qui peuvent ne pas avoir les documents requis pour l’enregistrement, en particulier pour celles qui sont apatrides.
«Les bureaux d’enregistrement des faits d’état civil doivent également se préparer et planifier le traitement des retards prévus en matière d’enregistrement des naissances et des mariages à la suite du COVID-19 », déclare M. Chinganya.
La fonction des statistiques de l’état civil doit être maintenue pour permettre la production de données ponctuelles, précises et désagrégées sur de petites zones à des fins administratives et statistiques, ajoute-t-il.
Compte tenu de la nature des pandémies, épidémies et autres urgences, il est nécessaire de cibler avec précision les interventions. Des méthodes automatisées de collecte de données qui réduisent les interactions face à face doivent être utilisées, recommande l’ONU.
La technologie numérique, avec une utilisation intensive d’appareils tels que les téléphones mobiles et les tablettes, offre une opportunité incomparable pour réaliser le Programme africain pour l’amélioration accélérée de l’enregistrement des faits d’état civil et des statistiques de l’état civil (APAI-CRVS) et l’identité juridique pour tous sur le continent.
Les partenariats avec le secteur de la santé, en particulier celui concernant l’interconnexion entre l’enregistrement des faits d’état civil et les services de santé maternelle et infantile, sont encouragés pour garantir la continuité de l’enregistrement des naissances en situation d’urgence.
Le COVID-19 a eu un effet perturbateur car l’accès à l’état civil était entravé en raison de la distanciation physique, de la restriction des mouvements et de l’apathie générale de la population à se rendre dans les centres d’enregistrement et de la fermeture des services gouvernementaux locaux.
On attend de plus en plus des systèmes statistiques nationaux qu’ils fournissent les données nécessaires pour gérer la crise, y compris ses effets socio-économiques. Les données sur les nouveaux cas et les décès ont été cruciales pour montrer les tendances et les effets de la pandémie.
L’état civil est défini par les normes des Nations Unies comme l’enregistrement universel, obligatoire, continu, permanent et confidentiel de la survenance de tous les évènements d’état civil. C’est une source inestimable de statistiques de l’état civil complètes, régulières et détaillées.
Les systèmes d’enregistrement des faits d’état civil qui fonctionnent fournissent aux personnes des documents d’identité légaux, à commencer par un certificat de naissance qui prouve leur statut juridique et les aide à protéger leurs droits tout au long de leur vie.