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Comment le Togo a utilisé le logiciel israélien Pegasus pour espionner des religieux catholiques et des opposants

Publié le lundi 3 aout 2020  |  Le Monde
Ouverture
© aLome.com par Edem Gadegbeku & Jacques Tchako
Ouverture du dialogue intertogolais 2018: présence de diverses personnalités pour une sortie de crise
Lomé, le 19 février 2018. Coupole de l`hôtel du 02 FEVRIER. Ouverture du 27e dialogue intertogolais 2018: présence de diverses personnalités pour une sortie de crise, dont celle du facilitateur Nana Akufo-Addo. L`évêque de Kpalimé, Mgr Benoît ALOWONOU.
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Selon une enquête menée par "Le Monde" et «The Guardian», le régime togolais a utilisé un logiciel ultra-sophisitiqué pour cibler des religieux catholiques, des militants de la société civile et des opposants politiques.



A ses paroissiens de Kpalimé, ville agricole du sud-ouest du Togo, Mgr Benoît Alowonou aime répéter que «Dieu connaît la vérité du cœur». Pas tout à fait les secrets qui intéressent le régime togolais ; lui «connaît» jusqu’au contenu du smartphone de l’homme de foi.

Selon une enquête menée par Le Monde et The Guardian, le religieux de 71 ans est l’un des six Togolais identifiés pour l’instant à avoir été ciblés par un logiciel espion très sophistiqué dénommé Pegasus. Une arme numérique développée et vendue aux Etats par la société israélienne NSO Group, officiellement pour lutter contre le terrorisme et la grande criminalité. Au Togo, elle a été utilisée contre des religieux catholiques, des militants de la société civile et des politiciens de l’opposition. Ces voix qui critiquent le pouvoir du président Faure Gnassingbé ont subi à leur insu des infections de leurs smartphones au cours de l’année 2019.


«Je n’ai rien à cacher mais il semble clair que ce type de logiciel est dangereux pour nos libertés », réagit Mgr Alowonou. En tant que président de la Conférence des évêques du Togo, il a eu à orchestrer des dialogues et des tracta­tions délicates entre l’opposition et ce pouvoir que les religieux cri­tiquent régulièrement pour ses dérives autoritaires. « Il est de no­tre devoir de dire publiquement des vérités qui dérangent», insiste l’évêque de Kpalimé. Cette liberté de parole lui a­-t-elle valu d’être ci­blé par le logiciel Pegasus ?
«Cette violation claire des liber­tés des citoyens est très grave », pense le père Pierre Chanel
Affognon. Avec le mouvement citoyen Forces vives Espérance pour le Togo, ce prêtre est, lui aussi, engagé dans la lutte pour la démocratie dans ce pays d’Afrique de l’Ouest dirigé par la famille Gnassingbé depuis 1967. L’actuel président de 54 ans a entamé son quatrième mandat en mai, réélu avec un score écrasant de 70,78 % fortement contesté par l’opposi­tion et la société civile.
Le père Affognon s’est long­ temps demandé comment certai­nes de ses conversations What­sApp ont pu se retrouver sur des sites Internet de propagande du régime. Mystère levé en octo­bre 2019, lorsqu’il reçoit un mes­sage d’alerte l’informant qu’il a été ciblé par Pegasus. « J’ai été cho­qué et cela m’a rappelé combien nos libertés individuelles sont ré­duites », se souvient le prêtre. Tout comme Mgr Alowonou, il explique ne pas avoir informé le Vatican de cette tentative d’espionnage subie par l’Eglise catholique togolaise, faute de certitudes.
Le logiciel Pegasus exploitait une faille de sécurité de la messa­gerie WhatsApp, propriété de Fa­cebook, qui a porté plainte en oc­tobre 2019 aux Etats­Unis contre NSO Group. La société israélienne, rachetée par le fonds d’investisse­ment britannique Novalpina Ca­pital quatre mois plus tôt, est ac­cusée d’avoir permis l’espionnage d’au moins 1 400 utilisateurs de WhatsApp dans le monde.

«La pointe hideuse de l’iceberg»

Pour les identifier, WhatsApp a recouru aux investigations numériques du Citizen Lab de l’université de Toronto, un groupe d’experts en sécurité informati­que. L’un de ses principaux cher­cheurs, John Scott­Railton, com­pare les découvertes à «la pointe hideuse d’un iceberg bien plus vaste ». Après que le continent africain a été inondé au XXe siècle d’armes de guerre d’Europe de l’Est, aujourd’hui « tout régime autoritaire cherche à s’équiper d’armes numériques invisibles pour espionner sa population, sa diaspora, ses voisins et des diplomates étrangers», analyse­ t-il.

Au Togo, la surveillance fait de­puis longtemps partie du quoti­dien des militants prodémocrati­ques. Des micros distillés dans les lieux de réunion aux écoutes des lignes téléphoniques GSM en passant par la plus prosaïque in­filtration des associations et par­tis politiques par des agents du régime, la panoplie était déjà large avant Pegasus. Mais avec ce logiciel, un palier technologique a été franchi par les services de renseignement togolais.

«Conscients de vivre dans une dictature militaire, nous n’avons pas le même rapport à l’Etat et aux libertés que dans les démocra­ties occidentales, confie un mili­tant ciblé lui aussi par le logiciel espion et qui requiert l’anony­mat. Si l’usage de Pegasus est indéniablement scandaleux, reste que face aux risques d’assassinats, de condamnations de justice iniques, d’arrestations et de détentions arbitraires, ce n’est pas ce que l’on craint le plus». Globalement, les opposants politiques et les militants de la société civile dont les smartphones ont été la proie du logiciel espion sont plus surpris par la sophistication de l’outil que par la démarche.

«Le régime considère que l’en­nemi numéro un est intérieur. Et il dépense des millions d’euros pour acquérir des technologies de surveillance plutôt que de développer le pays », déplore le politicien Ray­mond Houndjo. Ce proche colla­borateur de Jean­Pierre Fabre, figure de l’opposition, confirme au Monde avoir été lui­même visé par Pegasus comme l’en a in­ formé WhatsApp par message. Tout comme l’ancien chef de la diplomatie Elliott Ohin, qui oc­cupa des fonctions ministérielles entre 2010 et 2019.


«Usages inacceptables»

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