La polémique autour de la présence sélective de Faure G. aux obsèques de personnalités togolaises et africaines revit sur les réseaux sociaux !

Publié le vendredi 21 aout 2020 | aLome.com

© aLome.com par Edem Gadegbeku & Dodo Abalo
L`Etat togolais et l`Eglise catholique rendent hommage à Edem Kodjo
Lomé, le 20 aout 2020. Cathédrale Sacré-coeur de Lomé. Messe d`enterrement d`E. Edem Kodjo précédée des hommages officiels de l`Etat togolais à l`illustre disparu. Faure Gnassingbé y a été représenté par Selom Klassou. "Edem Kodjo nous laisse en héritage l`idéal du panafricanisme, et était l`homme de l`indispensable unité africaine", a dit Pr Robert Dussey au nom du Gouvernement du Togo, en présence de plusieurs personnalités étrangères et togolaises.

Il était la principale personnalité attendue ce 20 aout aux derniers hommages posthumes de l’Etat togolais à Edem Kodjo. Faure Gnassingbé a manqué à ce rendez-vous, réveillant de nouveau une polémique à la vie dure sur la posture présidentielle au Togo devant la mort de personnalités togolaises et dans le reste de l’Afrique.

«Faure Gnassingbé a été pris à la dernière minute par la tenue du Sommet extraordinaire de la CEDEAO consacré à la crise malienne. C’est la raison qui justifie sa non-présence aux éloges funèbres officiels d’Edem Kodjo», son premier Premier ministre lors de son accession à la présidence en 2005 dans un climat postélectoral hyper tendu, confie un proche collaborateur du Chef de l’exécutif togolais.
Tout autour de la Cathédrale du Sacré-Cœur de Lomé mercredi soir et jeudi matin, un périmètre de sécurité présidentiel avait pourtant été défini avec la présence effective de plusieurs éléments de la garde présidentielle (bérets verts). Même le chaise présidentielle avait été apprêtée, le protocole d’Etat mis au point pour accueillir le Président de la République, et le programme officiel des honneurs funèbres du jour confortait cette présence présidentielle.

Par ailleurs, comme l’exige le protocole sécuritaire pour les déplacements présidentiels dans un lieu confiné, il n’était pas possible pour les commerçants mitoyens de la Cathédrale du Sacré-Cœur de Lomé d’ouvrir leurs boutiques ou étaler leurs marchandises avant la fin de la messe d’enterrement d’Edouard Edem Kodjo précédée des hommages officiels ce 20 aout. Toutes choses qui ont vite fait de relancer dans une partie de la presse locale et sur les réseaux sociaux depuis jeudi soir la polémique autour de la présence de Faure Gnassingbé aux obsèques d’illustres personnalités africaines et particulièrement togolaises et sa déférence sélective à leur égard. Un point de vue que résume la ‘Une’ du confrère ‘Liberté’ de ce 21 aout : «Présent à Korhogo, Faure Gnassingbé boude les obsèques d’Edem Kodjo à Lomé» !

«Faux, la Présidence togolaise a pris sur elle de suivre de près l’état de santé du grand serviteur républicain Edem Kodjo quand il était sous hospitalisation, a offert son assistance administrative et a accompagné la famille éplorée de bout en bout dans l’organisation pratique de ces funérailles», tempère un autre proche collaborateur du Cabinet présidentiel. Et d’assurer que ces «hommages posthumes auraient pu prendre une immense envergure avec davantage de collaboration du cercle familial de l’illustre disparu. L’heure n’est plus aux polémiques, les obsèques sont terminées». Sur un autre ton critique, le confrère «Radio Victoire» fait aussi observer «qu’Edem Kodjo avait une dimension internationale plus imposante et importante qu’Amadou Gon Coulibaly et méritait plus de déférence que son alter ego ivoirien».

«Soyons sincères, parlons peu mais vrai : l’Etat togolais doit revoir sa manière d’honorer dignement ses fils et filles, durant leur existence et dans leur mort. Faure Gnassingbé avait les moyens de faire différer subrepticement les éloges funèbres de M. Kodjo de ce 20 aout dans l’optique d’y assister personnellement et symboliquement», opine sur le sujet un cadre de banque (sous anonymat) admis à la retraite. D’autres contempteurs togolais sur les réseaux sociaux dénoncent aussi «la faible présence de personnalités étrangères aux derniers hommages à Edem Kodjo, même si on peut aisément les dédouaner avec les limitations/restrictions de voyages qu’impose la Covid-19».

Innover à l’avenir pour un autre vivre-ensemble au Togo

«Le plus important, c’était de prier sereinement dans la foi pour le repos de l’âme de l’illustre disparu, avec ou sans la présence présidentielle ! Seul Dieu connaît le tréfonds de nos cœurs et c’est lui qui nous récompense à notre juste valeur dans l’au-delà», fait remarquer un ancien haut cadre de l’Administration togolaise, proche collaborateur de feu Edem Kodjo, et présent à la Cathédrale du Sacré-Cœur ce jeudi.

Dans les écrits critiques (dans la presse et sur les réseaux sociaux) sur la présence sélective de Faure Gnassingbé aux obsèques d’illustres personnalités africaines et togolaises, d’aucuns se projettent déjà sur les obsèques d’un autre ancien Premier ministre togolais, Yaovi Madji A. Agboyibo, et «attendent de scruter de près l’implication présidentielle dans ces funérailles» !
A la faveur de la disparition subite d’Amadou Gon Coulibaly en juillet dernier, Faure Gnassingbé avait réagi aussitôt sur Twitter pour témoigner sa solidarité au peuple ivoirien et à ADO. Des tweets présidentiels absents des réseaux sociaux lors de la disparition des Premiers ministres togolais Kodjo et Agboyibo. Aussi bien dans la foulée directe de ces morts comme durant les jours d’après. Des communiqués officiels honorables viendront combler ce vide quelques jours plus tard.

Dans un message mêlant lyrisme et foi catholique, le ministre Dussey a sans ambages salué ce 20 aout dans les honneurs funèbres étatiques à feu Edem Kodjo les mérites «d’un héros national à qui l’Etat rend une immense reconnaissance, car son nom restera à jamais gravé dans nos mémoires». Il a rappelé pour ce faire qu’Edem Kodjo a été le premier Premier ministre de la vie présidentielle de Faure Gnassingbé.

Akoyi A. & A. L.

Commentaires