Cette semaine, les journaux se sont penchés sur l’invasion de criquets pèlerins en Afrique de l’Est et les conséquences du changement climatique sur le continent. Mais aussi, bien-sûr, sur l’épidémie de coronavirus.
Voilà 70 ans que l'Afrique de l'Est n'avait pas été touchée par une telle invasion d'insectes, écrit la Frankfurter Allgemeine Zeitung, dans un reportage publié en début de semaine.
Somalie, Ethiopie, Kenya et désormais aussi Ouganda et Soudan du Sud : hormis le Kenya qui, comparativement, dispose d'infrastructures solides et d'une situation sécuritaire relativement stable, les autres pays cités font parties des plus pauvres de la planète, rappelle le quotidien.
Une situation qui inquiète beaucoup Tobias Takavarasha, un Zimbabwéen de 62 ans, nommé en fin d'année dernière représentant national de la FAO, l'Organisation des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation, au Kenya.
La catastrophe est à venir
Celui-ci explique qu'un criquet pèlerin pèse environ 2 grammes - et mange exactement autant par jour. Cela signifierait, toujours selon Tobias Takavarasha cité par la FAZ, qu'un mètre carré de criquets pèlerins engloutirait quotidiennement autant de nourriture que 35.000 personnes !
Malgré tous les efforts consentis rien ne dit que l'Afrique de l'Est parvienne à vaincre cette invasion. La longue saison des pluies est imminente et constitue un terrain favorable à la multiplication des insectes.
La FAO estime ainsi que l'étendue des dégâts pourrait être 500 fois plus importante qu'estimée jusqu'à présent. Et si les paysans devaient perdre une grosse partie de leur prochaine récolte, les problèmes ne feront que commencer.
La responsabilité de l'Occident
Dans ses colonnes, Die Zeit invite un historien allemand à commenter cette invasion qui n'est, selon lui, ni un hasard, ni le destin spécifique de l'Afrique, ni une punition biblique comme on l'entend parfois.
Ce sont bien, dit Andreas Eckert, professeur d'histoire africaine à l'université Humboldt de Berlin, les conditions climatiques extrêmes qui découlent du réchauffement de la planète et donc, de l'action de l'homme qui ont créé des conditions idéales de reproduction pour les insectes.
Si la crise des criquets en Afrique de l'Est ne fait pas la Une des journaux, c'est peut-être parce que cette catastrophe est en concurrence avec d'autres crises qui nous sont plus proches.
Mais c'est peut-être surtout parce que les crises en Afrique ont bien plus de choses à voir avec le monde occidental que ce dernier veut bien se l'avouer.