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Pacifier l’Afrique: Il est de la responsabilité des Sahéliens de se libérer eux-mêmes du cycle de violences actuel, en érigeant la paix en vertu cardinale (Mabingué Ngom du FNUAP)

Publié le lundi 21 septembre 2020  |  APO & FNUAP
Mabingué
© Autre presse par DR
Mabingué Ngom dirige le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) en Afrique de l’Ouest et du Centre
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Mabingué Ngom dirige le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) en Afrique de l’Ouest et du Centre. Il plaide pour un Sahel débarrassé de l’insécurité, et mise sur une jeunesse écoutée et formée, socle d’une restauration de l’État.



Si aujourd’hui le Mali, la Mauritanie, le Burkina Faso, le Niger, le Tchad sont coloriés en rouge sur les cartes publiées par les chancelleries, ce n’est pas qu’en raison de l’aridité de ses sols. La menace terroriste y est palpable, les risques sont réels dans les autres parties du Sahel…. Les équilibres politiques sont fragiles, lorsqu’ils ne sont pas rompus. Cela, au détriment de la sécurité humaine, qui est l’autre nom du développement.

Il est de la responsabilité des Sahéliens de se libérer eux-mêmes du cycle de violences actuel, en érigeant la paix en vertu cardinale et en finalité du développement. C’est heureusement le cas, si l’on en juge par les visions à long terme affichées par tous ses pays : un Sahel en paix. Le formidable appétit de vivre des Sahéliens, leur désir de connaître, leur soif d’avenir, sont l’expression d’un optimisme qui conduit, chacun dans sa langue, à dire que «quelle que soit la longueur de la nuit, le jour finira par se lever».

Au premier rang des priorités, figure la nécessité de reconstruire ou de consolider l’État. Il demeure un acteur incontournable pour assurer la fourniture des services sociaux de base et la sécurité, sans lesquelles le développement humain n’est qu’utopie. Le secteur privé, dont le rôle dans le développement ne saurait être contesté, a besoin pour prospérer d’un cadre juridique et réglementaire que seul un État fonctionnel peut procurer. Il en va de même pour la société civile.

Cet « État stratège » doit être construit de manière décomplexée ; il ne saurait être une pâle copie des structures et institutions extérieures. Sa construction requiert en priorité la mobilisation des savoirs locaux et du capital intellectuel local, aujourd’hui pas très bien valorisés.

Or, pour pouvoir s’acquitter de ses missions – comme établir des priorités là où tout est prioritaire –, l’État-stratège doit s’incarner dans des agents qui disposent de connaissances et de capacités, de compétences spécifiques. Tous les secteurs du développement seront concernés ainsi que tous les échelons de la démarche planificatrice.

À cet égard, l’enjeu que constitue la mobilisation de la jeunesse saute aux yeux : la jeunesse est le principal réservoir du capital humain qui doit alimenter l’État stratège. Non seulement elle constitue une majorité démographique partout dans ce Sahel ou l’âge médian est de 16 ans, mais elle sera la clé qui donne accès à un avenir de paix et de prospérité. Investir dans sa formation doit être érigé en surpriorité.

Bien sûr, la tâche n’est pas aisée, car la formation de cette jeunesse n’est pas une affaire exclusivement technique ; elle a une dimension éthique et politique. Il n’est pas de capital humain qui puisse se construire sans référence à un système de valeurs, à des référents axiologiques, à un attachement à la vérité et à une éthique du futur.

Quant à la dimension politique, elle procède de la nécessité de «défataliser» l’avenir, de le concevoir non pas comme un descendant du présent. Qui peut le faire mieux que les jeunes ?

Il nous faut donc, pour préparer un monde meilleur, investir massivement dans la jeunesse. Son éducation, y compris la promotion des sciences et technologies, sa santé, y compris celle de la reproduction, son employabilité, le développement de ses capacités entrepreneuriales et managériales. L’éclosion de ses potentiels d’innovation doit recevoir toute l’attention que l’on doit à ceux sans qui il n’y aura ni paix, ni développement.

Il en va de même des « valeurs de discipline, détermination, d’honnêteté, d’intégrité, d’éthique du travail» prônées par l’Agenda 2063 de l’Union africaine.

Forte de ces convictions, l’UNFPA s’est engagée à soutenir de jeunes Sahéliens qui ont souhaité placer le 21 septembre 2020 sous le signe de l’espoir. La flamme qu’ils allumeront ce jour qui célèbre la paix est celle qui alimente, en chaque Sahélien, l’espoir d’une vie meilleure, dans une région réconciliée avec elle-même et ouverte au monde.

L’UNFPA manifestera aussi son engagement en faveur de la paix en organisant à Niamey, en novembre, un symposium international de très haut niveau sur la thématique « Démographie-Paix-Sécurité au Sahel», auquel seront invités des chercheurs, des décideurs politiques, des responsables issus des organisations de la société civile, et des acteurs du secteur privé.

L’UNFPA y manifestera son engagement en lançant une plateforme sur le triptyque « Paix-Sécurité-Développement », dont l’importance est reconnue de tous.

Ni utopie, ni uchronie : un Sahel où la paix choisit d’élire domicile, où les armes se tairont pour toujours, est à la portée des Sahéliens et de ceux qui refusent de céder au désespoir, celles et ceux-là que j’appelle les pèlerins de l’avenir. Tel est le message que l’UNFPA adresse au Sahel à l’occasion de cette Journée internationale de la paix du 21 septembre 2020.

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