08 octobre 2005 -08 octobre 2020 : 15 ans d’une qualification historique des Eperviers à un Mondial qui attend meilleure valorisation

Publié le jeudi 8 octobre 2020 | aLome.com

© aLome.com par Edem Gadegbeku & Dodo Abalo
6è Edition de la NFA: Les `Eperviers du Togo de 2006` battent 4-2 une `Sélection de légendes africaines`
Lomé, le 27 juillet 2019. Stade de Kégué. Dans le cadre de la 6è Edition de la NAF (Nuit du football africain), une sélection des `Eperviers du Togo de la génération 2006` a dominé une équipe de légendes africaines du foot sur le score de 4-2. Ce match de gala s`est déroulé dans un stade comble en présence de Faure Gnassingbé et d`une kyrielle d`autres officiels togolais et étrangers.

Les Eperviers du Togo se sont qualifiés pour un Mondial de foot voici 15 ans déjà en ce 08 octobre 2020. Un fait historique et sportif majeur que ce pays d’Afrique de l’ouest n’a pas encore suffisamment capitalisé. La faute à 11 ans de guerres fratricides larvées entre 2005 et 2016.

C’est l’événement qui avait apaisé et réconcilié temporairement les fils et filles du Togo profondément divisés par des crimes politiques meurtriers lors de la présidentielle du 24 avril 2005, suite au décès d’Eyadèma E. Gnassingbé le 05 février 2005.
Le 08 octobre 2005, c’était un samedi ; le Togo a composté à Brazzaville son billet qualificatif pour le Mondial 2006 lors de la dernière journée des éliminatoires combinées de la CAN et du Mondial 2006. Les principaux ingrédients de forts symboles historiques étaient réunis pour célébrer pompeusement une telle qualification. «Ancienne colonie modèle» de l’Allemagne, le Togo se qualifiait pour la 1ère Coupe du monde de son histoire devant se disputer en terre allemande, après avoir été longtemps coaché par un Allemand, Gottlieb Goeller. Le tout sous une «pluie de bénédictions» à Lomé ce 08 octobre, et une qualification décrochée à Brazzaville, ex-capitale de la France libre !

Délires historiques de joies dans les rues de la capitale togolaise malgré une forte pluie et une coupure de courant orchestrée aux points névralgiques de la capitale pour éviter des drames humains.

Le Togo venait de terminer de livrer une somme de matchs qualificatifs de haut vol disputés par les Eperviers sous la férule du talentueux coach Stephen Keshi. Des matchs qui ont aussi vu émerger le talent naturel et hors du commun d’un attaquant longiligne : Emmanuel S. Adebayor. Cerise sur le gâteau de la bonne et héroïque prestation des Eperviers du Togo durant cette campagne CAN-Mondial 2006, Emmanuel Adebayor bouclera ces éliminatoires en tant que «Meilleur buteur» de la zone Afrique devant les émérites Drogba, Eto’o Abu Treika, etc. Et 2e au monde, derrière le Mexicain Jared F. Borgetti !

Malheureusement, la participation du Togo aux phases finales de la CAN et du Mondial 2006 jettera une avanie internationale sur l’organisation matérielle et administrative autour des Eperviers. Le comble de la honte sera atteint en pleine phase finale de la Coupe du monde 2006, quand les Eperviers ont menacé de ne pas disputer leurs rencontres… En réclamant des primes. Pourtant, sur le terrain, et à la surprise générale, la prestation des joueurs togolais en Allemagne a été loin du ridicule, de la Berezina sportive attendue en raison du climat toxique au sein et autour des Eperviers. Au finish, 3 défaites en 3 matchs, un seul but inscrit par Kader Cougbageat ! Avec en prime, un score de 1-0 en faveur des Eperviers à la mi-temps de leur 1ère rencontre contre les Sud-Coréens (demi-finalistes du Mondial précédent) ! Ou encore la dragée haute tenue aux Bleus de la France via des prestations hors-normes d’Agassa Kossi (lors de la 3e rencontre des Eperviers) !

Et après l’exploit d’octobre 2005?

15 ans après cet exploit sportif ont laissé place à une grosse désillusion que l’équipe du colonel Akpovy à la FTF (Fédération togolaise de football) tente de résorber depuis février 2016, avec ses moyens de bord. Entre 2005 et 2016, plusieurs Comités de normalisation se sont succédés à la FTF pour remettre le management du ballon rond togolais sur le droit chemin. Onze années de querelles viles et inutiles qui ont vu le Togo vivre d’affreux drames : Lungi (juin 2007), Cabinda (janvier 2010), la mort prématurée et subite de plusieurs acteurs de premier plan de cette discipline sportive, des actes immenses de prévarication impunie. Ou encore une mésestime et mésentente entre plusieurs Eperviers de la génération 2005 et 2006 !

Quinze ans après le 08 octobre 2005, le Togo n’a toujours pas professionnalisé son Championnat de D1, ses meilleurs crampons sont contraints de s’exporter nécessairement pour s’épanouir dans leur passion sportive. Ses infrastructures sportives et de formation tardent aussi à se démultiplier dans les principales cités hors de la capitale. Le Togo ne dispose pas non plus à ce jour de sélections de jeunes dans diverses catégories, sélections suivies et managées sur plusieurs années pour construire une équipe A solide et talentueuse qui sera la relève digne à la génération inoubliable de 2005.

Autant de chantiers incontournables à ouvrir pour faire redorer le blason du foot togolais, et attirer de nouveau un monde local fou dans les stades du pays, lors des chocs de la D1. Autant dire que la nouvelle ministre des Sports et des Loisirs (médecin-commandant Kama Lidi Kedeka Bessi), 2e femme à hériter de ce portefeuille dans l’histoire politique du Togo, a du pain sur la planche…

E. G. & J. G.

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