Cette décision a été prise fin septembre par l’Office français de protection des réfugiés et apatrides, qui statue sur les demandes d'asile en France, et a été publiée mardi. Elle est motivée, selon le président de l’Ofpra, par «la situation des libertés publiques et politiques dans ce pays». L’organisme estime que le Bénin ne remplit plus la définition de ces «pays d’origine sûrs» et espère une amélioration dans les douze mois à venir.
Depuis 2015, le Bénin faisait partie d’une liste de seize pays considérés comme «sûrs», en compagnie du Ghana, de Maurice, du Sénégal et du Cap Vert. Il est aujourd’hui le seul dont la situation est remise en cause.
L’Ofpra espère voir d’ici un an une amélioration de la situation des libertés publiques, alors que les autorités sont accusées de réduire l’espace politique, depuis les législatives d’avril 2019 suivies de fortes contestations, et à quelques mois de la présidentielle de 2021. Plusieurs opposants ont aussi été condamnés par la justice et ont quitté le pays, comme Sébastien Ajavon, exilé en France.
Pour Gérald Sadick, cette procédure de l'Ofpra aurait dû même arriver plus tôt : «Le conseil d'administration a un peu tergiversé. Dès l'an dernier, les documents internes, qui ont été soumis à l'Ofpra et à l'administration, montraient cet état de fait : le Bénin devait être retiré de la liste. Là, il n'est que suspendu provisoirement. En fait, ça fait plusieurs années que le Bénin devrait être radié de cette liste».
À l’heure actuelle, malgré la présence du pays sur la liste des pays «sûrs» qui réduit en théorie leurs chances, un quart des demandeurs d’asile béninois sont jugés éligibles à l’asile par l'Ofpra. Un taux assez important. Cela permettra aux Béninois qui demandent l'asile d'avoir «une procédure non-tronquée» suite à la suspension du Bénin.