Difficile d’imaginer une élection présidentielle aux USA sans un débat entre les deux principaux candidats. Ce débat, retransmis en direct à la télévision, s’est imposé au cours de l’histoire comme un passage obligé dans la course à la Maison Blanche. Ici nous abordons la pertinence et les bases de ce rendez-vous incontournable.
Cette année encore, la tradition a été respectée, sauf qu’au lieu des trois débats habituels, les candidats se sont fait face deux fois, un débat ayant été annulé à cause de la situation sanitaire.
Le dernier débat a eu lieu le 22 octobre devant plus de 5000 spectateurs directs et 63 autres millions d’américains par les médias.
Origine du débat présidentiel
Le premier débat télévisé pour l’élection présidentielle a opposé John Kennedy et Richard Nixon en 1960 à Chicago. Mis ensuite aux oubliettes, le débat reviendra en 1976, avec Gérald Ford et Jimmy Carter.
Les formats des débats ont varié avec le temps. Il y a eu des débats modérés par un ou plusieurs journalistes et d’autres avec des questions posées des membres de l’auditoire. Entre 1988 et 2000, les formats sont régis en détail par des mémorandums secrets d’entente entre les deux principaux candidats.
En 2004, un protocole d’entente signé et publié conjointement par les deux candidats.
Les années 2000 ont vu l’entré en jeu d’internet. Selon le Bill of Rights Institute, une organisation éducative à but non lucratif basée à Arlington, en Virginie, Internet est « l’un des facteurs les plus importants des élections modernes».
Le Bill of Rights Institute développe aussi des ressources pédagogiques sur l’histoire et le gouvernement américains. Selon cet institut, «à l’ère d’Internet, les images des débats ne meurent jamais».
Lors des primaires présidentielles de 2008, CNN a organisé des débats à l’aide de questions soumises par les électeurs via YouTube.
Twitter a également été lancé en 2008, fournissant une plate-forme pour les campagnes de plaidoyer au nom de leurs candidats. Aujourd’hui, de nombreuses personnes reçoivent leurs informations via les médias sociaux, plutôt qu’à la télévision ou dans la presse écrite.
L’importance du débat
Dans divers pays à travers le monde, le débat entre candidats à la présidence est devenu un pilier central du jeu démocratique, car c’est à travers cette jouxte que les prétendants démontrent à la population leur maitrise des sujets clés et leur capacité à gouverner. Aux USA, le face-à-face entre possibles président est encore plus important.
Les débats donnent aux électeurs des informations sur la façon dont un candidat gouvernerait. Bien que les sceptiques se plaignent parfois du fait que les politiciens ne tiennent pas leurs promesses électorales, Kathleen Hall Jamieson, directrice du Annenberg Public Policy Center de l’Université de Pennsylvanie, déclare que les preuves montrent le contraire. En moyenne, les présidents cherchent à mettre en œuvre 60% de leurs propositions de campagne.
«Les débats ont changé le choix de vote pour certains électeurs, mais le plus souvent, ils renforcent les attitudes existantes (…) Le débat ne gagne ni ne perd une campagne en soi, mais il renforce ou affaiblit certainement une campagne », d’après Bill Benoit, professeur d’études en communication à l’Université de l’Alabama à Birmingham. Il ajoute que les débat permettent aux électeurs d’avoir « une idée de la personnalité et du caractère des candidats», que ces rendez-vous «éduquent les téléspectateurs américains sur les problèmes et la position des candidats à leur égard».
Susy Schultz du Museum of Broadcast reconnait que le débat a vraiment changé la manière dont les candidats mènent toute la campagne. «Maintenant on discute du débat sur Twitter et les candidats doivent être prêts pour ça. Ça a changé la nature et la façon dont nous consommons la campagne et la manière dont les candidats s’ajustent à nous», dit Susy Schultz.
«L’habitude récente de regarder un débat tout en suivant le point de vue des autres sur les réseaux sociaux, ce qui peut interférer avec ce que disent les candidats » reconnaît Bill Benoit qui parle d’un «éloignement de l’époque de Lincoln».
Selon le site internet des jeunes leaders africains YALI, «les débats sont de plus en plus considérés comme des points de repère d’une démocratie saine. Les citoyens considèrent les débats comme l’indication d’un processus électoral ouvert et transparent où tous les candidats peuvent concourir sur un pied d’égalité».
Chacun peut donc s’inspirer de l’exemple américain pour organiser des débats entre candidats, même si ce n’est pas pour une élection présidentielle. Le National Democratic Institute (NDI) propose même un guide complet (en anglais) sur l’animation et la production de débats entre candidats.