Abidjan, 27 nov 2020 (AIP) - En partenariat avec Cartooning for peace, Reporters sans frontières (RSF) publie le bilan des atteintes à la liberté d’informer sur le continent africain perpétrées en lien avec l’épidémie de coronavirus, rapporte un communiqué de presse de l’organisation de défense des journalistes publié vendredi 27 novembre 2020.
Ce bilan est marqué par l’augmentation des exactions contre les journalistes, l’affaiblissement économique des médias, le manque de transparence, des lois liberticides. Face à ce tableau, RSF appelle les gouvernements africains à tirer tous les enseignements de la crise sanitaire ayant marqué cette année 2020 pour ne pas affaiblir davantage la production d’information indépendante, mise à rude épreuve sur le continent.
Au plus fort de la crise, entre le 15 mars et le 15 mai 2020, le nombre d’agressions (23) et d’arrestations arbitraires (31) de journalistes en Afrique subsaharienne aura triplé par rapport à la même période en 2019 d’après les informations recueillies sur l’Observatoire 19. Cet outil lancé par RSF pour documenter les impacts de la pandémie sur le journalisme, a permis de recenser un total de 109 atteintes à la liberté de la presse depuis le début de la crise sanitaire sur le continent.
Sur les 48 pays d’Afrique subsaharienne, 29 sont concernés par au moins une violation de la liberté d’informer en lien avec ce sujet. Cependant, 38% des violations ont été enregistrées dans seulement trois pays à savoir le Nigéria (15 cas), le Zimbabwe (14) et l’Ouganda (12).
“Ce bilan est le sombre révélateur de la très grande hostilité et de la défiance dont ont été victimes les journalistes et médias africains, trop souvent perçus comme des ennemis plutôt que des alliés dans la lutte contre le coronavirus, déclare le responsable du bureau Afrique de RSF”, Arnaud Froger.
“Nous appelons l’ensemble des pays du continent à tirer toutes les leçons de cette année de crise sanitaire, notamment sur le rôle plus que jamais indispensable joué par les journalistes dans l’accès à une information fiable et de qualité, en leur garantissant plus de liberté, de protection, de soutien financier, et un accès large et transparent aux informations publiques”, poursuit-il.
“Avec cette crise sanitaire, la soutenabilité des médias n'apparaît plus seulement comme l’un des enjeux majeurs pour l’avenir du débat public et des sociétés démocratiques mais comme une condition indispensable pour assurer le droit à l'information”, renchérit le directeur du bureau Afrique de l’Ouest de RSF, Assane Diagne.
En Afrique subsaharienne, entre le 1er mars et le 27 novembre 2020, RSF a recensé 109 atteintes à la liberté de la presse en lien avec la crise sanitaire, 40 arrestations arbitraires de journalistes, 26 agressions dont 24 commises par les forces de l’ordre, 14 sanctions ou condamnations visant des journalistes et des médias, 19 mesures restrictives, 10 intimidations et menaces et 29 pays concernés. Le Nigeria (15 cas), le Zimbabwe (14) et l’Ouganda (12) représentent à eux seuls, 38% des violations enregistrées.