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Demande de libération d’Adjamagbo-Johnson & Djossou : Quelle marge de manœuvre pour la société civile?

Publié le lundi 14 decembre 2020  |  Fraternité
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Arrêtés arbitrairement et maintenus en garde-à-vue pendant plus de 150 heures, Brigitte Adjamagbo-Johnson et Gérard Djossou, respectivement coordinatrice et chargé des affaires sociales et des Droits de l’Homme de la Dynamique Mgr Kpodzro (DMK), sont désormais placés sous mandat de dépôt. Ils sont inculpés pour rassemblement de malfaiteurs et atteinte à la sécurité intérieure de l’État.

A la suite, des partis de l’opposition, plusieurs organisations de la société civile se sont mobilisées pour demander la libération «immédiate» des deux leaders de la DMK. Mais sans succès pour l’instant. Pour avoir gain de cause, les Osc comptent mobiliser la population. Mais à l’heure où une bonne partie des togolais semble prendre leur distance avec les partis de l’opposition et même certaines Osc, la question se pose de savoir comment vont-elles s’y prendre ?

Demandes unanimes d’une libération «immédiate»

Pour Maître Darius Atsoo un des avocats des deux inculpés « le Procureur de la République n’est pas parvenu à étayer les charges qu’il retient d’éléments matériels pertinents pouvant justifier la poursuite en cours ». Il considère donc que « leur placement sous mandat de dépôt vise tout simplement à les intimider en réduisant à néant leur droit à la liberté d’expression d’opinions politiques».

Un point de vue partagé par des organisations de la société civile. Dans un communiqué, le Front citoyen Togo debout (FCTD) a « condamné l’instrumentalisation de la justice et demandé la libération de ces deux responsables». Le Mouvement Martin Luther King (MMLK), qui dénonce un acharnement du pouvoir contre les membres de la DMK, estime pour sa part que ces arrestations sapent la cohésion sociale dans le pays.

Dans une lettre ouverte adressée au Ministre de la Justice, une cinquantaine d’Osc de défense des droits de la femme se déclarent «stupéfaites » par ces arrestations et réclament également la mise en liberté de Brigitte Adjamagbo-Johnson et son collègue Gérard Djossou.

«L’arrestation des deux opposants semble être strictement liée à l’appel à manifestation et apparaît comme une nouvelle illustration des autorités de vouloir réduire au silence l’opposition et les voix dissidentes», a déclaré Marceau Sivieude, directeur adjoint d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique Centrale. Il a appelé les autorités togolaises à « libérer immédiatement et de façon inconditionnelle » les deux opposants et à « respecter la liberté d’expression et de manifestation pacifique de toutes les personnes, y compris les opposants politiques ».

Pour cette organisation de défense des droits de l’homme, « les arrestations arbitraires d’opposants survenues s’inscrivent dans une répression croissante des voix dissidentes par les autorités togolaises depuis la réélection du président Faure Gnassingbé pour un quatrième mandat en février».

D’autres organisations se disent prêtes et demandent aux populations de se mobiliser.

Quelle marge de manœuvre ?

Pour obtenir la libération de la Secrétaire générale de la Cdpa et du militant du Mpdd, certaines organisations de la société civile sont prêtes à mettre à contribution les populations. En effet, sans être explicite dans leurs propos, on comprend que ces Osc attendent appeler les populations à descendre dans la rue pour forcer la main au pouvoir de Lomé. Il revient alors à se demander, comment vont-elles s’y prendre dans un environnement qui a été fortement érodé depuis août 2017 à ce jour.

En effet, depuis les fortes mobilisations réussies par le Parti national panafricain (Pnp) de Tikpi Atchadam portées ensuite par la Coalition des 14 partis de l’opposition (C14), aucun appel à manifestation n’a pu mobiliser de foule, les populations s’étant résignées face à la brutalité de la soldatesque du pouvoir que les rapports et injonctions internationales n’arrivent point à faire reculer. Qui plus est, les populations sont encore amochées par la cupidité, la traitrise et les élucubrations de certains leaders de l’opposition.

Toutefois, relativise un observateur, « là où les partis politiques ont échoué, les Osc peuvent réussir ». Pour ce faire, elles doivent parler d’une même voix avec des objectifs clairs, explique-t-il. Mais dans un pays où la société civile est infectée par les métayers des partis politiques, cette union d’action sera sans aucun doute difficile à réaliser. Mais peut-être, elles réussiront à trouver la formule idéale cette fois.

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