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Interview/Les diasporas africaines peuvent et doivent être les porte-drapeaux d’une relation plus équitable entre l’Afrique et la France (W. Lauriano do Rego du CPA)

Publié le lundi 1 fevrier 2021  |  aLome.com
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© Autre presse par Panafrican Football
Le Franco-Béninois Wilfrid Lauriano do Rego, Coordonnateur du CPA
Coordonnateur du CPA, le Franco-Béninois Wilfrid Lauriano do Rego décline dans cette interview les principaux acquis de ce Conseil depuis 3 ans, et ses projections sur les court et moyen termes.
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Porté sur les fonts baptismaux par le Président Emmanuel Macron en aout 2017, le CPA (Conseil présidentiel pour l’Afrique) passera, en ce mois de février 2021, à une nouvelle phase de ses actions visant à replacer les diasporas africaines présentes dans l’Hexagone à l’avant-garde de la relation entre Paris et l’Afrique. Coordonnateur du CPA, le Franco-Béninois Wilfrid Lauriano do Rego décline dans cette interview les principaux acquis de ce Conseil depuis 3 ans, et ses projections sur les court et moyen termes.



Le ‘OnePlanetSummit’ 2021 (organisé par la France) a été marqué par le lancement de l’initiative ‘IAM Africa’. Quelle plus-value essentielle est à même d’apporter cette initiative pour libérer le potentiel agricole africain dans les relations Sud-Nord ou Nord-Sud d’ici 2030 d’une part ? Et d’autre part dans les efforts concertés entre le Nord et le Sud pour atteindre les objectifs de la ‘Grande Muraille Verte au Sahel’ ?

L’International Agroecological Movement of Africa, également appelé «Coalition IAM Africa», rassemble plus de 100 entreprises, organisations patronales et institutions africaines et européennes issues des secteurs de l’agriculture et de l’élevage en France, en Afrique et dans le monde. Ces dernières ont en commun d’être signataires d’une Charte en faveur du développement des filières agro-pastorales d’avenir en Afrique, et notamment au Sahel. Par ce biais, «IAM Africa» participe non seulement à la promotion d’une stratégie combinant développement social, environnemental et économique au service de la prospérité des espaces concernés, mais aussi de la préservation de leurs biodiversités, et plus généralement de la stabilité du continent africain. En ce sens, l’initiative est à même d’apporter une réelle plus-value pour libérer le potentiel agricole africain dans les relations entre l’Afrique, l’Europe, et la France.

Il est aussi important de souligner qu’«IAM Africa» s’inscrit dans le projet de la «Grande muraille verte» qui vise à créer 10 millions d’emplois et à bloquer 250 millions de tonnes de carbone en restaurant 100 millions d’hectares d’ici 2030. Ainsi, l’ensemble des entreprises et organisations membres de la coalition constitue un puissant levier, qui aidera le projet «Grande Muraille verte» à atteindre ses objectifs.


Le 05 février prochain, le «MEET Africa 2» de l’AFD et d’Expertise France (deux Agences françaises) permettra au CPA de conclure son ‘Tour de l’entrepreneuriat dans l’Hexagone’, dans la droite ligne du prolongement du discours de Ouagadougou du Président Macron. Quels sont les principaux enseignements qu’on peut d’ores et déjà tirer de ce ‘Tour de l’entrepreneuriat dans l’Hexagone’, pour replacer la diaspora à l’avant-garde de la relation entre Paris et l’Afrique ?

Depuis septembre 2020, le CPA (Conseil présidentiel pour l’Afrique) engage une vaste consultation pour promouvoir l’entrepreneuriat de la diversité et des diasporas. Cette démarche, qui l’a conduit à Bordeaux, à Lyon et à Marseille, trouvera son épilogue à Paris, le 5 février 2021.
Elle a permis, grâce aux nombreuses heures d’échanges et de débats, de mieux comprendre les attentes et les difficultés des Français de la diaspora qui contribuent, par leurs initiatives et leurs actions, au renouvellement du partenariat entre la France et l’Afrique.

L’un des principaux enseignements de ces débats est qu’il existe un potentiel considérable de création d’entreprise et d’innovation encore inexploité dans les diasporas. Il convient ainsi de déployer des solutions pour mieux accompagner les entrepreneurs des diasporas, améliorer leur accès à l’information et au financement, les aider à changer d’échelle, et favoriser la mobilité des talents.
Notre conviction est que les diasporas peuvent et doivent être les porte-drapeaux d’une relation entre l’Afrique et la France plus équitable et plus équilibrée, bénéfique pour la prospérité des deux espaces.


A la faveur de la survenance de la crise sanitaire liée à la Covid-19, le CPA a mis en place une veille qui lui a permis d’identifier une soixantaine de projets autour de la santé et de la prévention. Peut-on avoir une idée de l’apport de l’opérationnalisation de ces projets portés par la diaspora et la société civile africaines dans l’appui de la France à la riposte contre la pandémie en Afrique ?

Lorsque la crise liée à la Covid-19 est survenue, le CPA a mis en place une veille pour identifier les acteurs de la société civile qui proposaient des solutions. Nous avons identifié une soixantaine de porteurs de projets. Certains fabriquaient des masques, des gels hydroalcooliques, des respirateurs artificiels et d’autres ont développé des applications d’autodiagnostic qui ont permis de désengorger les files d’attente dans les hôpitaux. Nous mettons ces initiatives en lumière afin de mutualiser les expériences, et de soutenir ces projets, en leur facilitant les mises en relation, lorsqu’ils ont besoin de partenaires.

Depuis la création du CPA en aout 2017, quels sont les principaux accompagnements de projets entre la France et l’Afrique dont vous en êtes le plus fiers ?

Depuis sa création, le CPA s’est fortement engagé et impliqué dans les thématiques et dynamiques qui ont un impact positif dans les relations entretenues entre l’Afrique et la France, que ce soit en matière de santé, d’entrepreneuriat ou de développement durable.

Nous sommes particulièrement fiers d’avoir inspiré des propositions fortes du discours de Ouagadougou telles que celles sur les restitutions des œuvres d’art, ou celles sur l’importance de placer les diasporas africaines à l’avant-garde de la relation entre la France et l’Afrique.
Au niveau politique, le CPA a aussi pris part à des débats structurants à l’image de celui sur la réforme du Franc CFA, à l’issue duquel nous avons formulé des propositions d’action au Président Emmanuel Macron.
L’une des convictions premières du CPA réside dans la capacité de l’entrepreneuriat à renouveler les relations entre l’Afrique et la France. C’est donc avec enthousiasme et optimisme que nous avons organisé un cycle de conférences-débats déployé dans toute la France (Bordeaux, Lyon, Marseille, Paris) – qui a accompagné et donné la parole aux entrepreneurs des diasporas et de la diversité.

Au cours de ‘l’Étape Finale’, qui aura lieu le 05/02/2021, nous adresserons au Président de la République une liste de solutions, qui permettront de mieux accompagner ces talents. Les diasporas africaines en France ont tous les atouts pour devenir des acteurs majeurs de la prospérité des deux espaces. Vous pouvez vous inscrire à l’évènement qui sera diffusé en direct, en vous rendant sur le site du CPA (https://www.cpafrique.fr/).


Les actions du CPA contribuent indirectement à tempérer le narratif anti-Français sur le continent noir (fait d’incompréhensions, de sous-information ou de non-dits dans la relation entre Paris et l’Afrique) auprès de certaines couches professionnelles ou populations africaines. Quel bilan peut-on dresser de l’impact de ces actions du CPA ?

L’exemple le plus éloquent en la matière est la participation du CPA au débat de société autour du franc CFA, devenu depuis quelques années un point de tension qui alimente le narratif anti-Français en Afrique. Ainsi, le CPA a animé des discussions pour comprendre les points de blocage et déconstruire le narratif négatif. Nous avons par la suite fait une recommandation au Président de la République, qui en a tenu compte dans sa réforme proclamée par la suite. Le CPA a également été très impliqué au niveau du débat sur la restitution des œuvres d’Art – un autre point de tension – qui a lui aussi débouché sur une réforme historique.

Nous avons la ferme conviction que le discours anti-français ne se diluera qu’à la faveur d’un nouveau partenariat entre l’Afrique et la France. Ce dernier doit avoir une dimension économique : l’entrepreneuriat des diasporas africaines crée des passerelles entre la France et l’Afrique. Il est à l’origine des «solidarités de fait» et représente la meilleure des réponses aux logiques de repli et d’affrontement attisées par les convulsions de l’actualité. Cet entrepreneuriat des diasporas peut impulser une nouvelle dynamique à notre relation avec le continent, et représente un vecteur de transformation profonde.


Interview réalisée par Edem G. Gadegbeku
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