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Etouffement du débat politique, restriction des libertés et musèlement de la presse… : Togo…démocratie à reculons

Publié le mardi 23 fevrier 2021  |  Fraternité
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© aLome.com par Edem Gadegbeku & Jacques Tchakou
Rencontre d`échanges de la HAAC avec les professionnels des médias en prévision du scrutin du 20 décembre 2018
Lomé, le 19 décembre 2018. Siège de la HAAC. Rencontre d`échanges de la HAAC avec les professionnels des médias en prévision du scrutin du 20 décembre 2018.
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Près d’une semaine après, le sujet fait toujours l’actualité et occupe les débats. La suspension, le 05 février 2021, du Journal «l’Alternative» par la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (Haac). Ceci, à la suite d’une plainte d’un membre du gouvernement. Dans l’opinion où la pilule passe difficilement au travers de la gorge, les avis vont des critiques aux insinuations, partant des faits réels et inquiétants.


À l’origine, un article

Quatre (04) mois de suspension et d’interdiction de parution. C’est la sentence de la sanction infligée, le 5 février dernier, au bihebdomadaire togolais «l’Alternative» par la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication. Motivant sa décision N°003/Haac/21/P, du 5 février 2021, après audition, l’instance d’autorégulation que dirige Willibronde Pitalonani Telou reproche notamment au Directeur de Publication de ce journal d’investigation de graves «manquements professionnels» contenu dans l’article intitulé «Justice, succession Georges Koudawoo, Me Koffi Tsolenyanu, un faussaire au gouvernement». Pour la Haac, Ferdinand Ayité n’a pu apporter la moindre preuve lors de son audition. Ce qui constituerait, aux yeux de cette institution, des violations du code d’éthique et déontologie, en ce qui concerne la pratique du journalisme au Togo.

Un an plus tôt soit en mars 2020, le journal L’Alternative et deux autres de ses confrères Liberté et Fraternité ont écopé de deux semaines à deux mois de suspension par la Haac à la suite d’écrits jugés délictueux par l’institution sur les relations France-africaines et autres commentaires. Le journal L’Alternative devra encore purger, pour les quatre prochains mois, une nouvelle sanction qui sevrera les lecteurs et milliers de consommateurs d’une production critique et riche.

C’est un secret de polichinelle. Au Togo, plus rien n’est visiblement admis par le pouvoir de Lomé. Des manifestations politiques interdites de fait aux sanctions et retrait de récépissé aux journaux, surtout critiques, en passant par la caporalisation du débat politique, avec des opposants inculpés et placés sous contrôle judiciaire, tout semble dire qu’au Togo, sous Faure Gnassingbé, la démocratie va à reculons. C’est avec stupéfaction que l’opinion dénote le retour inquiétant de la méthode forte, presque dans tous les domaines.

Après la mise sous éteignoir politique sous le couvert juridique des acteurs de premier plan de la Dynamique Monseigneur Kpodzro (DMK), Brigitte Kafui Adjamagbo-Johnson, Gérard Djossou, embrigadés dans une sulfureuse et rocambolesque affaire d’atteinte à la sûreté de l’État, ajouté à persécution de Agbéyomé Kodzo le contraignant à une vie de maquis, le pouvoir de Lomé se dresse également contre toute velléité d’opposition dans le monde syndicale. Le syndicat de l’éducation de l’éducation (SET), pour avoir commis le crime de-lèse-majesté de susciter du débrayage dans le monde de l’éducation vient de faire les frais de la culture réfractaire de Payadowa Boukpessi qui vient d’annuler son numéro d’enregistrement.

C’est dire que cela devient difficile aujourd’hui au Togo de jouir de la moindre liberté. Tant publique qu’individuelle taillée sur mesure. Une dérive autoritaire et autocratique qui semble vraisemblablement mieux expliquer la fameuse méthode «Gouverner autrement» de Victoire Tomegah-Dogbe. Passons!

La démontage de Ferdinand

Au-delà des critiques des plus acerbes que le Gouvernement togolais s’attire depuis quelques temps, la nouvelle sanction infligée au journal de Ferdinand Ayité remet au goût du jour, une situation abracadabrantesque, celle de la confiance que les journalistes et autres citoyens doivent nourrir en cette institution qu’est la Haac, au regard de la restitution de l’audition faite par l’instance dans son communiqué.

En effet, dans une lettre ouverte, en date du 8 février 2021, adressée au Président de la Haac, Ferdinand Ayité a élevé de «vives protestations» contre ce qu’il appelle «les nombreux contre- vérités» contenues dans le compte rendu-décision de l’institution.

«Nous sommes surpris, ébahis et même fort indignés de lire dans la décision portant sanction contre notre journal et rendue publique, des propos totalement contraintes à ce qui a été dit dans la salle de l’audition», relève dans sa lettre, Ferdinand Ayité. Et de relever, plus loin «qu’il y a lieu de s’inquiéter et de se poser des questions sur la mission réelle de la Haac…».

Avec ampliation faite aux ambassades, aux Oddh, aux organisations nationales de presse, à Amnesty international et à Reporters sans frontières (Rsf), le Directeur de Publication de L’Alternative pointe de doigt, l’hypothèse d’une cabale ourdie contre son journal qui rappelle sans ambages avoir réalisé son dossier, dans les règles de l’art. Donc avec tout le professionnalisme requis.

Le désaveu de Zeus Aziadouvo

Cette appréhension devient plus fondée lorsque parviendrait même à l’interne, au lendemain de la décision, selon des indiscrétions une voix audible, bien dissonante et qui démonte. Celle de Zeus Aziadouvo qui, dans un courrier qu’il aurait adressé à son Président, récuse sa signature dans la décision des neuf membres. Exprimant ainsi une opinion dissidente vis-à-vis du fait que ladite décision n’aurait pas été fidèle au compte rendu de l’audition.

De façon plus détaillée, M. Aziadouvo, toujours d’après notre source, relèverait dans son courrier que le seul élément qui était régulièrement mis en exergue, au cours de l’audition, était le titre de l’article qui serait «injurieux» à l’endroit du membre du Gouvernement. Dès lors, ce membre et président du Comité presse écrite au sein de l’institution aurait exprimé sa vive désapprobation face à ce qui s’apparenterait à l’infidélité dont aurait fait preuve la Haac à la suite du rapport monitoring sur l’article incriminé. Un compte rendu-décision qui, selon le membre Aziadouvo, serait tout sauf sincère et objectif. Moins encore, digne de l’image que le citoyen voudrait de la Haac.

Les germes d’une crise de confiance

À l’analyse, les contre-vérités de la Haac relevées par Ferdinand Ayité, conjuguées à la désolidarisation de Zeus Aziadouvo, si les indiscrétions se révèlent, constituent tout simplement, un affront. Mieux, un véritable camouflet infligé par la Vérité qui n’est pas sans précision à Telou Pitalonani, l’institution qu’il incarne et les membres qui l’anime. Au-delà, ce démontage fait par un des membres de la Haac repose la question de la crise de confiance au sein de cette instance qui n’a de prérogatives que de réguler et protéger la presse, loin de ce que l’on est tenté de constater, son gendarme, encore moins son prédateur.

Le cas Carlos Ketohou dont le retrait de récépissé de parution a été récemment acté sur demande de la Haac est encore vivace dans les consciences collectives et suscite moult réflexions et interrogations. La presse a-t-elle de beaux jours au Togo sous les bottes d’un régime politique comme celui de Faure Gnassingbé qui, après un semblant de renouveau après 2005, vire complètement et malencontreusement au totalitarisme? Bien malin sera celui qui le saura.

Est-il que déjà à la veille du dernier pied levé de la Haac, le Togo a été estampillé par The Economic Group, un think-thank britanique comme un des pays dictatoriaux de la planète. Et connaissant les esprits, il est bien appréhensible que l’épée de Damoclès reste bien pendant sur la tête de la Presse critique, contre une sorte de protection des partisans du minimum et de promotion de la culture du nivèlement vers le bas.

FRATERNITE
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