Politique: De quel droit, certains membres de l’ANC se permettent-ils de prendre le peuple togolais pour un troupeau de moutons écervelés? (Isidore Latzoo)

Publié le jeudi 25 fevrier 2021 | aLome.com

© aLome.com par Edem Gadegbeku & J. Tchakou
Présidentielle 2020 : Le projet de société du candidat Fabre s’intitule ‘Mes engagements renouvelés pour le Togo’
Lomé, le 05 février 2020. Siège de l’ANC. Conférence de presse. Présidentielle 2020 : Le projet de société du candidat Fabre s’intitule ‘Mes engagements renouvelés pour le Togo’.

Dans une nouvelle Tribune libre, l’ancien militant de l’ANC proche de J-P Fabre, l’enseignant-chercheur Isidore Latzoo, critique ouvertement la posture adoptée par son ancienne formation politique depuis l’enclenchement de la contestation post-électorale par la DMK, voici plus d’un an.
"Personnellement, entre l’obscène régime RPT-UNIR et n’importe quel autre Togolais, je ne tergiverse pas, mon cœur ne balance pas, mon choix est fait, avant même que la question ne me soit posée", assène l’enseignant-chercheur, ex principal responsable de la section Europe de l’ANC.
Voici l’intégralité de la Tribune libre de l’universitaire Latzoo qui intervient quelques heures après une autre de Francis Pedro Amuzun qui a réitéré la ligne rouge du parti orange (ANC) devant la posture de la DMK depuis plus de 12 mois.

"Foutaises et élucubrations (Tribune libre)

Où est l’analyse politique dans ce fatras que l’on nous sert encore ? À quel benêt voudrait-on faire croire que, sans la présence de la DMK à “l’élection présidentielle” de 2020, la dictature semi-séculaire des Gnassingbé ne serait plus de ce monde, grâce au légendaire savoir-faire méconnu de l’ANC?

Quand, dans un premier temps, on s’abrite derrière le doute, pour ensuite renvoyer dos à dos un despote amoral et ses victimes, pour enfin s’acoquiner avec lui, on a juste le droit de se taire.

Personnellement, entre l’obscène régime RPT-UNIR et n’importe quel autre Togolais, je ne tergiverse pas, mon cœur ne balance pas, mon choix est fait, avant même que la question ne me soit posée.

Alors de quel droit, certains membres de l’ANC se permettent-ils de prendre le peuple togolais pour un troupeau de moutons écervelés, qui auraient tourné le dos à ses conditions de vie enviables, pour suivre le premier bonimenteur venu ?

Pourquoi l’ANC ne veut-elle pas faire l’effort de regarder la réalité en face, en se posant la question de savoir pourquoi les Togolais si heureux sous son “règne” imaginaire de fils biologiques de l’Ablɔɖe, ont si massivement déserté son camp pour rallier celui de ceux que ces notables aigris prennent pour d’affreux menteurs ?

Serait-ce parce que ces Togolais indociles ignoreraient leurs intérêts vitaux, au premier rang desquels leur liberté confisquée ?

En réalité, l’ANC ne se pose pas les bonnes questions parce que, sciemment ou inconsciemment, elle ne veut pas prendre le risque d’ouvrir la boîte de Pandore, qui aurait pu déboucher sur des débats contradictoires internes, qu’elle n’aurait pas pu contrôler de bout en bout, comme de coutume.

En lieu et place d’une analyse politique sérieuse de la situation politique qui prévaut dans notre pays, elle se victimise et passe son temps à pleurnicher et à geindre à longueur de journée, à se plaindre de la méchanceté des autres, et s’il lui arrive de retrouver un semblant d’humilité, elle se met à battre sa coulpe, non pas sur sa propre poitrine, mais sur celle du voisin.

Autocritique connaît pas. Quel gros mot que voilà ! Pour punir le peuple pour son ingratitude, et son crime de lèse-majesté, on est allé jusqu’à faire une grève de huit mois, grossièrement présentée comme une décision politique mûrement réfléchie, afin de mieux rebondir, pour montrer par l’absurde, ce dont on était capable. Résultat des courses ?

Que dalle ! Et quelles contorsions !
Mais, puisque nos amis de l’ANC s’engluent dans l’autosatisfaction permanente et esquivent les questions qui intéressent les Togolais, je vais me permettre d’en poser quelques unes, pour éclairer la lanterne de nos compatriotes.

Voici donc :

-Puisque la DMK est accusée d’être l’auteur de tous les malheurs des Togolais, comment, selon l’ANC, comment cette DMK aurait-elle pu rétroactivement empêcher l’ANC et l’UFC de libérer les Togolais du joug de la dictature des Gnassingbé, par les “élections” auxquelles elles avaient participé par le passé, sans en avoir gagné aucune ?

-À quoi ont-ils servi aux Togolais, le long séjour tonitruant des honorables députés de l’ANC à l’Assemblée dite nationale, et leurs multiples voyages d’agrément coûteux à l’étranger, aux frais de la princesse ?

-À quoi a-t-il concrètement servi à la lutte du peuple togolais, le titre made-in-Faure de “chef de file de l’opposition” ?

-Qu’aurait pu faire l’ANC, si à l’issue de “l’élection” du 22 février 2020, son candidat avait été hissé, comme d’habitude, au 2ème rang des candidats, derrière le dictateur, puisque, manifestement, ce classement était son unique objectif, sa seule ambition pour le Togo ?

-Mais, si par hypothèse hyperbolique, le candidat de l’ANC avait été déclaré vainqueur de cette compétition “électorale”, ce parti pense-t-il sérieusement que le régime en place lui aurait gentiment cédé sa place à la tête du pays ? Question absurde, n’est-ce pas ?

-Puisque la nouvelle ligne politique révolutionnaire de l’ANC consiste à participer désormais à tous les dîners de cons électoraux, organisés par le régime, beaucoup de Togolais aimeraient savoir, par exemple, combien de régions sur les cinq que comporte le pays, elle espère gagner avec, ou sans l’aide du dictateur, qui, soit dit en passant, deviendrait, comme par enchantement, un démocrate exemplaire, rien que pour les beaux yeux de l’ANC, et ceci, après 57 ans de règne sanglant ?

-Pour l’ANC, la mobilisation populaire est-elle toujours à l’ordre du jour, ou définitivement enterrée, à cause peut-être des fameux mensonges de Mgr Kpodzro et Agbéyomé Kodjo ?

Si, par surprise, la mobilisation populaire était encore à l’ordre du jour, serait-ce pour lutter contre le régime dont ce parti est bel et bien devenu un allié objectif, en lui servant de faire-valoir auprès de la communauté internationale, quitte à fouler aux pieds ses nobles valeurs fondatrices ?

Question subsidiaire : pour l’ANC, quelle est la nature du régime qui torture les Togolais depuis plus de 57 ans ?

Voilà, en vrac, quelques questions, non exhaustives, que se posent, à juste raison, beaucoup de Togolais en ces temps où certains compatriotes s’amusent à brouiller les cartes par des arguments qui sont tout sauf politiques.

À vos plumes et tombereaux d’injures, Messieurs les idéologues de l’ANC ! Assurément, Impertinences de la part d’un citoyen togolais à part entière".

Isidore LATZOO

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