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Très chers compagnons de route, poursuivons sans défaillance le combat que nous avons nous-mêmes choisi d’épouser (Godwin Tété de l’ANC)

Publié le mercredi 10 mars 2021  |  aLome.com
CAP
© aLome.com par Edem Gadegbeku & Parfait
CAP 2015 de nouveau dans les rues pour exiger les réformes constitutionnelles et institutionnelles prévues depuis dix ans
Lomé, 03 août 2017. CAP 2015 de nouveau dans les rues pour exiger les réformes constitutionnelles et institutionnelles prévues depuis dix ans. Partie de Bè-Gakpoto, cette marche de cette coalition de cinq partis dits de gauche, a chuté au bas fonds du Collège Saint Joseph où Mme Adjamagbo-Johnson et Jean-Pierre Fabre ont une nouvelle fois embrayé sur la nécessité d`opérer les réformes. L`ambiance durant cette marche a été entretenue par des prestations de plusieurs artistes de la chanson togolaise dont Ras Ly et Amen Jah Cissé. Jean-Pierre Fabre de l`ANC.
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Caution morale et membre fondateur de l'ANC, Godwin Tété, nonagénaire, exhorte via un nouvel écrit les combattants pour l'alternance au Togo à remettre de l'ouvrage sur le métier dans un contexte international de luttes géopolitiques permanentes.
In extenso, cette nouvelle sortie du doyen Godwin Tété.


"JE VOUDRAIS REMONTER QUELQUE PEU LE MORAL AUX COMBATTANTS TOGOLAIS

DE LA LIBERTÉ

Par Godwin Tété

«Ceux qui s’opposent à une révolution pacifique doivent s’attendre à une révolution violente»

John Fitzgerald Kennedy

En effet, j’observe que, depuis l’échec de notre véritable SURSAUT révolutionnaire engagé le 19 août 2017 – échec consacré par « l’élection présidentielle » du 22 février 2020 -, nous, combattants togolais de la liberté, affichons un découragement généralisé notoire. Et ce, aussi bien sur notre terrain que dans notre diaspora.

Or, il nous faut, bien au contraire, maintenir notre sérénité, notre foi, notre courage, nos sacrifices… Il nous faut nous situer dans le contexte global de l’Humanité et dans le moyen terme de l’Histoire humaine.

Alors, nous verrons, ainsi que je l’ai écrit dans un article daté du 16 janvier 2021, que : «De nos jours, l’Humanité semble parvenue à un stade où elle n’entend plus être régentée par des monarques égocentriques et tyranniques ; par des autocrates à vie, des dictateurs assoiffés de pouvoir. De nos jours, l’Humanité semble vouloir être gérée par des «gouvernements de peuples, par des peuples, pour des peuples».

Et voici que je tombe sur un ouvrage de la plume de l’éminent spécialiste géopolitologue français Pascal Boniface, Directeur de l’IRIS (Institut des Relations Internationales et Stratégiques). Ouvrage dont le dixième chapitre de la quatrième partie porte le titre : «LA DÉMOCRATIE PROGRESSE». Un texte qui corrobore à merveille ce que je crois. Si bien que, désireux de remonter un tantinet soit peu le moral à tous mes vieux compagnons de route, je reproduis ci-après, in extenso, ledit texte.

CHAPITRE 10

LA DÉMOCRATIE

PROGRESSE

«Le monde entier n’est pas régi par la démocratie, mais celle-ci étend régulièrement son emprise.

Tous les pays ne sont pas encore démocratiques. Les démocraties existantes connaissent des imperfections, mais le mouvement général, sous l’effet du développement de l’information, de la conscience de plus en plus grande des opinions et de leur capacité de mobilisation, permet de penser que la tendance structurelle lourde est de conduire à la démocratie.

Il n’y a plus aujourd’hui qu’un seul pays réellement totalitaire : la Corée du Nord (peut-être également l’Érythrée). Dans les autres pays où la démocratie ne s’exerce pas, on peut parler de régimes autoritaires répressifs ou dictatoriaux, mais plus totalitaires au sens qu’on lui donnait dans les années 1950-1960. Si la Chine a encore aujourd’hui des progrès à faire en matière de respect des droits de l’Homme, elle n’a plus rien à voir, en matière de privation de liberté collective et individuelle, avec ce qu’elle fut au temps de Mao.

La guerre froide a été présentée comme une lutte entre les démocraties et les systèmes totalitaires. C’est exact, même si au cours de cette période, les régimes occidentaux n’ont pas hésité à soutenir des dictatures militaires ou même le régime d’apartheid en Afrique du Sud au nom de la lutte contre le communisme.
La fin de la guerre froide n’a pas débouché sur la fin de l’Histoire, comme l’avait prédit Francis Fukuyama, qui pensait que le système d’économie de marché et les démocraties occidentales se seraient imposés comme modèle universel. Cet optimisme et même cette hubris avait conduit certains à penser que le monde occidental pouvait imposer et exporter, y compris par la force, ses règles.

Certains, avec la disparition du clivage Est-Ouest, l’Europe de l’Est serait dotée de régimes démocratiques. Dans les années 1980, ce furent les dictatures latino-américaines qui s’effondrèrent les unes après les autres. Désormais, le pouvoir se gagne par les urnes et non plus par les armes. Si les espoirs d’une démocratisation globale de l’Afrique, avec l’établissement de conférences nationales dans la plupart des pays au début de 1990, ne seront pas confirmés, il y a néanmoins un mouvement et des success stories démocratiques dans ce continent. En Asie, des régimes militaires dictatoriaux à Taïwan et en Corée du Sud ont laissé place à des démocraties vivantes dotées de sociétés civiles puissantes.

La révolution tunisienne a montré qu’un régime répressif ne pouvait éternellement se mettre à l’abri de la contestation d’une population éduquée. Elle a créé une onde de choc dans tout le monde arabe, voire au-delà. A l’inverse, le cas syrien montre qu’un régime fortement rejeté par la population peut se maintenir par une répression de masse (et une aide militaire étrangère).

Deux erreurs ont été généralement commises par rapport à la généralisation du système démocratique. Certains responsables politiques ou intellectuels occidentaux, procédant à un relativisme culturel, estimaient que les pays asiatiques ou africains n’étaient pas éligibles à la démocratie. L’autre erreur a été de vouloir l’imposer de l’extérieur, y compris par la force. Ces deux approches dénotaient un sentiment de supériorité. Elles ne prenaient pas en compte le fait que l’aspiration à la démocratie est un sentiment universel, mais dont la mise en œuvre correspond à des moments politiques internes, spécifiques à chaque nation.

L’époque où les peuples étaient passifs est révolue. De plus en plus, ils prennent leur destin en main. Cela ne veut pas dire qu’il n’y aura pas de retour en arrière et que l’accès à l’information ne s’accompagne pas de tentatives de désinformation, mais globalement il y a un mouvement irréversible d’accaparement des peuples de leur propre destin.

Partout, sur les cinq continents, selon l’histoire et les caractéristiques propres de chaque pays, les citoyens se font de plus en plus entendre, et pèsent sur les décisions.

Si, en 2018, l’extrême droite progresse en Europe et que des «hommes forts» (Trump, Poutine, Bolsonaro, Duterte, Erdogan, etc.) (ré) affirment leur pouvoir, ils ne parviendront pas à enrayer à long terme le mouvement irréversible de démocratisation »[1].

* * *

Ainsi donc, très chers compagnons de route, poursuivons sans défaillance le combat que nous avons nous-mêmes choisi d’épouser.

Salut" !

Paris, le 1er mars 2021

Godwin Tété


[1] Pascal Boniface, La géopolitique, 50 Fiches pour comprendre l’actualité, Éditions Eyrolles, 2020, p. 170-172.
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