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Comment peut-on vacciner le monde ? Cinq défis auxquels est confronté le programme COVAX soutenu par l’ONU

Publié le mardi 6 avril 2021  |  UN NEWS
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© Autre presse par UNICEF Togo
Dans le cadre de l`initiative Covax, le Togo a réceptionné 156.000 doses de vaccins AstraZeneca, 157.500 seringues, et 1.575 boites de sécurité.
Aéroport international de Lomé. Lomé le 07 mars 2021. Dans le cadre de l`initiative Covax, le Togo a réceptionné 156.000 doses de vaccins AstraZeneca, 157.500 seringues, et 1.575 boites de sécurité selon UNICEF-Togo.
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L'objectif du programme COVAX soutenu par l'ONU est de mettre à disposition deux milliards de doses de vaccin contre la Covid-19 à environ un quart de la population des pays les plus pauvres d'ici la fin de 2021. Quels sont les principaux défis à surmonter pour que cet effort historique mondial puisse être réalisé ?


Les vaccins sont un élément clé de la solution pour mettre fin à la pandémie de Covid-19. Depuis les premiers stades de la crise, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a fait valoir qu'il fallait une approche coordonnée pour garantir que tout le monde, pas seulement les gens vivant dans des pays riches, reçoit une protection adéquate contre le virus, car il se propage rapidement à travers le monde.

C'est à partir de cette préoccupation qu’est né le COVAX, le seul mécanisme mondial qui travaille avec les gouvernements et les fabricants pour garantir que les vaccins contre la Covid-19 soient disponibles dans le monde entier à la fois pour les pays à revenu élevé et ceux à faible revenu.


Voici cinq choses à savoir sur les défis auxquels est confronté COVAX et sur la manière de les surmonter.

1) Contrôle des exportations : le maillon le plus faible ?

Au début de la pandémie, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) a constitué un stock d'un demi-milliard de seringues dans des entrepôts situés à l'extérieur des pays qui les produisent. Sa prévoyance a porté ses fruits : les pays ont mis des contrôles à l'exportation sur les seringues, les prix ont grimpé en flèche et les approvisionnements étaient limités.

Plusieurs pays ont également mis en place des contrôles à l'exportation des vaccins qui encourage la thésaurisation, et a pour effet de faire monter les prix et, en fin de compte, de prolonger la pandémie, les restrictions nécessaires pour la contenir et les souffrances humaines et économiques. Cette situation a incité l'OMS à mettre en garde contre le « nationalisme vaccinal ».

Mettre les doses à portée de tous nécessite une chaîne d'approvisionnement mondiale complexe : des ingrédients nécessaires à la production du vaccin, aux bouchons et fioles en verre et en plastique, en passant par les seringues. Pour cette raison, les interdictions ou les contrôles d'exportation sur l'un de ces produits peuvent entraîner des perturbations majeures dans le déploiement des vaccins.

En raison des nombreuses façons dont les contrôles des exportations peuvent limiter l'offre, les pays les plus pauvres auront de bien meilleures chances de protéger leurs citoyens s'ils sont capables de fabriquer eux-mêmes des vaccins.

« L'OMS soutient les pays dans leurs efforts pour acquérir et maintenir la technologie et la capacité de production de vaccins », a déclaré Diane Abad-Vergara, responsable de la communications COVAX pour l’OMS.

Ce soutien est apporté par le biais d'initiatives telles que le Réseau des fabricants de vaccins des pays en développement, et les aide à développer des sites de production supplémentaires - en particulier en Afrique, en Asie et en Amérique latine - qui seront essentiels pour répondre à la demande continue de vaccins contre la Covid-19 et de futurs vaccins. « L'expansion de la production à l'échelle mondiale rendrait les pays pauvres moins dépendants des dons des riches », a-t-elle dit.

2) Fournir des vaccins à ceux qui en ont besoin n'est pas facile

Alors que tous les pays qui font partie du COVAX disposent de l'infrastructure nécessaire pour acheminer des palettes de vaccins hors des avions cargo et dans des entrepôts frigorifiques, les étapes suivantes peuvent être plus compliquées.

«Le Ghana, le premier pays à recevoir des doses de COVAX, a un bon bilan de distribution de doses», a déclaré Gian Gandhi, coordinateur mondial du COVAX à l'UNICEF. «Mais d'autres pays, comme ceux de l'Afrique de l'Ouest francophone, ont eu du mal à rassembler les ressources nécessaires pour répartir les doses et les distribuer sur l'ensemble de leur territoire aux villes et villages où elles sont nécessaires. Cela signifie que, dans de nombreux pays plus pauvres, la plupart des doses sont distribuées dans les grands centres urbains».

«Nous voulons faire en sorte que personne ne manque de vaccins », a dit M. Gandhi. « Mais, à court terme, la concentration des doses dans les villes signifie au moins que la vaccination des agents de santé et des autres agents de première ligne dans les zones urbaines, où la densité de population plus élevée les expose à un risque d'exposition plus élevé, est une priorité».

3) Davantage de financement est nécessaire pour faciliter le déploiement dans les pays les plus pauvres

Une façon d'accélérer le déploiement des vaccins et la livraison depuis les entrepôts urbains aux régions éloignées est, tout simplement, de l'argent. «Le financement est une préoccupation permanente, même en cas de pandémie », a expliqué Mme Abad-Vergara. « Pour continuer à fournir des vaccins à ses 190 membres, le COVAX a besoin d’au moins 3,2 milliards de dollars en 2021. Plus vite cet objectif de financement est atteint, plus vite les vaccins peuvent être à portée de main »

Les contributions de plusieurs pays, en particulier de l'Union européenne (UE), du Royaume-Uni et des États-Unis, ont largement contribué à combler le déficit de financement des vaccins. Cependant, le financement de la distribution de ces vaccins est plus problématique.

L'UNICEF estime qu'un montant supplémentaire de 2 milliards de dollars est nécessaire pour aider les 92 pays les plus pauvres à payer les biens essentiels tels que les réfrigérateurs, la formation des agents de santé, les dépenses des vaccinateurs et le carburant pour les camions de livraison réfrigérés. L’agence onusienne appelle les donateurs à verser immédiatement 510 millions de dollars dans le cadre d'un appel humanitaire pour répondre aux besoins urgents.

4) Les pays plus riches doivent partager les vaccins

Le COVAX s’est retrouvé en concurrence avec des pays qui concluent des accords directs avec des sociétés pharmaceutiques, ce qui exerce une pression supplémentaire sur l'offre disponible de vaccins contre la Covid-19. Dans le même temps, les pays plus riches peuvent se retrouver avec un approvisionnement excessif en doses.

«Nous appelons ces pays à partager leurs doses excessives et à s'engager avec le COVAX et l'UNICEF dès que possible», a dit M. Gandhi, «car il faudra une certaine gymnastique juridique, administrative et opérationnelle pour les amener là où ils sont nécessaires. Malheureusement, nous ne voyons actuellement pas beaucoup de pays à revenu élevé prêts à partager».

« L’approche actuelle du ‘moi d’abord’ favorise ceux qui peuvent payer le plus et coûtera finalement plus cher financièrement et en termes de vies », prévient Mme Abad-Vergara. « Mais il est important de noter que les accords bilatéraux n'empêchent pas un pays de recevoir des doses ou de contribuer au COVAX, notamment par le partage des doses».

5) Les hésitations face à la vaccination : une source de préoccupation constante

Malgré les preuves que la vaccination sauve des vies, les hésitations qui existent dans tous les pays reste un problème qui doit être constamment résolu.

Ce phénomène est en partie dû à la désinformation concernant tous les aspects de la Covid-19, qui était une préoccupation avant même qu'une urgence sanitaire mondiale ne soit déclarée. En mai, l'ONU a lancé la campagne « Vérifié » qui combat les mensonges et les messages déformés, avec des informations fiables et précises sur cette crise.

«Tout au long de la pandémie, il y a eu une énorme quantité de désinformation tourbillonnante », a dit Mme Abad-Vergara. « L'OMS travaille d'arrache-pied pour la combattre, ainsi que pour renforcer la confiance dans les vaccins et pour impliquer différentes communautés».
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