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Tchad : l’armée promet de rendre le pouvoir aux civils dans 18 mois

Publié le mercredi 21 avril 2021  |  Xinhua
Adoption
© aLome.com par Edem Gadegbeku & Parfait
Adoption de la Charte de l`UA sur les mers à Lomé dans la satisfaction générale
Lomé, le 15 octobre 2016. Salle des Conférences du Radisson Blu. La session extraordinaire de l`UA de la Conférence des Chefs d`Etat consacrée à la sécurité maritime a débouché sur l`adoption d`une Charte panafricaine contraignante. Elle sera complétée par des annexes et protocoles additionnels. Cette session présidentielle a été conduite par le Président Idriss Déby Itno du Tchad. Au terme des travaux, des félicitations ont été adressées au Togo et à son Président F. Gnassingbé, ainsi qu`à Carlos Lopes qui quitte le Secrétariat exécutif de la CEA.
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Au Tchad, le conseil militaire de transition (CMT), dirigé par le général Mahamat Idriss Déby Itno, fils du président Idriss Déby décédé mardi des suites de blessures reçues au front contre les rebelles, a exprimé sa volonté de céder le pouvoir aux civils à l’issue d’une transition de 18 mois, tout en appelant à l’unité et au dialogue.

"MIDI EST MORT, VIVE MIDI"

Mardi dans la matinée, le porte-parole de l’armée tchadienne, le général Azem Bermandoa Agouna, a annoncé à la télévision nationale le décès du président Déby, au pouvoir depuis 30 ans.

Dans une autre déclaration, le général Agouna a précisé que le président défunt avait été blessé alors qu’il avait pris "la tête des opérations lors du combat héroïque mené contre les hordes terroristes venus de la Libye". Il est décédé une fois rapatrié à N’Djamena, la capitale.

Il s’agit du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT), une rébellion armée basée en Libye voisine, qui a fait une incursion au Tchad depuis le 11 avril, le jour du scrutin de l’élection présidentielle dont M. Déby a été déclaré vainqueur avec 79,32% des suffrages exprimés pour un sixième mandat.

Après avoir informé les Tchadiens du décès de leur président, le général Agouna a décrété la dissolution de l’Assemblée nationale et du gouvernement, et la mise en place d’un conseil militaire de transition (CMT) pour une durée de dix-huit mois.

Le CMT est dirigé par un fils de l’ex-président, le général Mahamat Idriss Déby Itno, 37 ans, que les Tchadiens commencent déjà à appeler MIDI (comme son feu père, Maréchal Idriss Déby Itno).

RETOUR AU POUVOIR CIVIL DANS 18 MOIS

Avec l’établissement du CMT, l’Assemblée nationale et le gouvernement tchadiens sont dissous, et une Charte de transition sera promulguée pour remplacer la Constitution, selon une déclaration du CMT, qui a également instauré un couvre-feu allant de 18H00 à 05H00 sur toute l’étendue du territoire national, et la fermeture des frontières jusqu’à nouvel ordre.

Le CMT a pour vocation "d’assurer la défense de notre cher pays dans cette situation de guerre contre le terrorisme et les forces du mal afin d’assurer la continuité de l’Etat", et "de nouvelles institutions républicaines seront mises en place à l’issue de la transition par l’organisation des élections", selon la même déclaration.

Dans la foulée, les membres du CMT ont été présentés. Le général Mahamat a choisi les chefs des forces de défense et de sécurité en place : quinze hauts-gradés au total, y compris lui-même. La plupart d’entre eux étaient aux côtés du président défunt lors des combats qui lui ont coûté la vie.

Au sein de la classe politique, des voix s’élèvent pour dénoncer la prise inconstitutionnelle du pouvoir par le CMT et une transition trop longue.

"Les forces de défense et de sécurité ont décidé, en toute lucidité et en toute responsabilité, de se mettre en première ligne. En mettant en place un conseil militaire de transition, les forces de défense et de sécurité ne cherchent nullement à s’accaparer du pouvoir", a précisé mardi soir à la télévision le vice-président du CMT, le général Djimadoum Tiraïna.

"Nous voudrions rassurer que les membres du conseil militaire de transition vont rendre le pouvoir à un gouvernement civil à l’issue des élections libres et démocratiques dans un délai de 18 mois", a-t-il réaffirmé.

APPEL A L’APAISSEMENT

Dans la déclaration de création du CMT, le général Mahamat a lancé "un appel au dialogue et à la paix" au peuple tchadien, qui "doit montrer son attachement à la paix, à la stabilité et à la cohésion nationale qui sont des valeurs sacrées pour le maréchal du Tchad (l’ex-président, ndlr)".

Albert Pahimi Padacké, candidat d’opposition à la présidentielle arrivé deuxième avec 10,32% des suffrages exprimés, a également appelé à l’unité, à la cohésion et au pardon des cœurs, tout en présentant ses condoléances suite au décès de l’ex-président. Il a par ailleurs demandé aux acteurs politiques et à la société civile à "s’élever au-dessus des égoïsmes et des intérêts partisans pour une union sacrée dans l’intérêt du pays".

Dans un communiqué de l’Elysée, la France, en prenant acte de la mise en place du CMT, insiste également sur une "transition pacifique" dans un "esprit de dialogue" qui devrait permettre le retour à "une gouvernance inclusive s’appuyant sur les institutions civiles".

Le Tchad est un allié crucial de la France dans le Sahel pour la lutte contre le terrorisme. "Le Tchad perd un grand soldat et un président qui a œuvré sans relâche pour la sécurité du pays et la stabilité de la région durant trois décennies. La France perd un ami courageux", selon l’Elysée.

Pour les forces rebelles du FACT, qui "font route en ce moment même vers N’Djamena", "le Tchad n’est pas une monarchie. Il ne peut y avoir de dévolution dynastique du pouvoir", selon un communiqué du FACT publié mardi.

Le FACT a quitté sa base du sud de la Libye pour effectuer, depuis le 11 avril, une incursion dans le nord-ouest du Tchad. Après avoir traversé la province montagneuse du Tibesti (nord), les rebelles ont mené des combats violents avec l’armée tchadienne samedi dernier dans la province du Kanem (ouest), à quelque 300 kilomètres au nord de la capitale.

Selon un bilan fourni par l’armée, plus de 300 rebelles ont été tués au cours des accrochages au Kanem, alors que le FACT de son côté a affirmé avoir blessé l’ex-président samedi dernier.
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