Des experts de la santé publique et professionnels de l’industrie du tabac, réunis dans le cadre d’une conférence sur la réduction des méfaits du tabac (In Focus: Tobacco Harm Reduction) se sont penchés, mardi, sur les conclusions et recherches scientifiques relatives à l’usage des produits de réduction des méfaits du tabac, en particulier la cigarette électronique.
Organisée par le Forum mondial sur le tabac et la nicotine (GTNF), cette conférence virtuelle, qui en est à sa 11è année, a mis en relief les nouvelles alternatives proposées par les industriels pour aider les consommateurs des dérivés du tabac traditionnels à opérer une transition vers d’autres produits novateurs et plus sains comme les produits du vapotage, les produits à base de tabac chauffé, les produits modernes oraux (MOP) et autres produits traditionnels sans fumée.
La rencontre a été l’occasion de souligner l’apport positif de la science en termes de mise à disposition de données neutres et vérifiables pour aider le consommateur à prendre une décision informée et encourager l’industrie du tabac à se tourner vers des solutions innovantes pouvant déboucher sur un changement permanent.
A cet effet, M. Neil Mckeganey, directeur du « Centre for Substance Use Research » de l’université de Glasgow, a annoncé le lancement d’une étude intitulée « The Big Vape Survey » qui sera réalisée au Royaume-Uni auprès d’un échantillon de 30.000 fumeurs âgés de 18 ans et plus, le but étant d’examiner l’efficacité des « systèmes électroniques de distribution de nicotine » (ENDS) sur l’appui au sevrage tabagique et la réduction de la consommation du tabac.
Cette étude, dont les résultats seront communiqués aux consommateurs, fabricants ainsi qu’aux organismes de réglementation, aidera à mieux comprendre l’impact de cette technologie sur la santé publique, a-t-il expliqué.
Pour sa part, M. Riccardo Polosa, Professeur de médecine interne à l’Université de Catane (Italie), a critiqué les recherches scientifiques établissant un lien entre la cigarette électronique et l’incidence des maladies pulmonaires obstructives chroniques et d’asthme, précisant qu’une utilisation intermittente n’est pas le moyen idéal pour évaluer un effet soi-disant nuisible de la cigarette électronique, d’autant plus que de telles études excluent les antécédents tabagiques de la cohorte étudiée.
De l’avis du professeur Polosa, également fondateur du Centre d’excellence pour l’accélération de la réduction des risques (COEHAR), ces résultats laissent le consommateur perplexe quant à l’usage ou l’abandon de ces solutions alternatives. Dans ce sens, il a recommandé l’adoption d’une approche scientifique plus rigoureuse en se basant sur des essais contrôlés randomisés pour atteindre des résultats probants.
De son côté, M. David Abrams, Professeur au Département des sciences sociales et comportementales de l’Université de New York, a passé en revue plusieurs études effectuées sur des échantillons d’adultes et d’adolescents.
Il a ainsi évoqué une étude transversale qui a porté sur 1.297.362 adolescents américains entre 2011 et 2019, laquelle a démontré une augmentation de l’usage de la cigarette électronique et une diminution de la prévalence de la cigarette combustible et du tabac sans fumée au cours de la même période par rapport aux années précédentes. Pour M. Abrams, cette étude apporte la preuve concluante que la « e-cigarette » peut contribuer à s’affranchir de la dépendance tabagique.
Dans le même ordre d’idées, M. Mark Kehaya, président du AMV Holdings, a affirmé que la majorité des études publiées récemment corroborent l’idée que la nicotine synthétique, en l’occurrence les cigarettes électroniques à cartouche aromatisées, favorise l’arrêt du tabagisme ainsi que les conduites addictives chez les fumeurs.
Pour Mme Maria Gogova, vice-présidente de l’Altria Client Services, la commercialisation des produits incombustibles doit accélérer en élargissant l’éventail des choix offerts à la population adulte pour inclure de nouveaux dispositifs tels que les patchs de nicotine et le vapotage.
Les participants à cette rencontre internationale ont, en outre, souligné la nécessité de mener des études globales et multidisciplinaires se basant sur des données scientifiques précises fournies par les centres de toxicologie pour aboutir à un cadre réglementaire fondé sur des preuves scientifiques et non sur des perceptions erronées.