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[Tribune] Dettes africaines : ce débat ne saurait avoir lieu sans la jeunesse

Publié le lundi 3 mai 2021  |  Jeune Afrique
Etsri
© Autre presse par Primature togolaise
Etsri Homévor est depuis ce 02 novembre le nouveau Directeur de cabinet de la Primature
Primature, le 02 novembre 2020. Etsri Homévor, ex Secrétaire Général du ministère de la Planification, est depuis ce 02 novembre le nouveau Directeur de cabinet de la Primature.
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Par Amina Zakhnouf, Consultante en stratégie et en développement

Par Ange Bouyou-Mananga, Expert assurance et finance


Si certains experts s’accordent à dire que l’Afrique n’est pas en mesure de rembourser ses dettes, le sujet est trop important pour que les jeunesses du continent et de la diaspora en soient écartées, estiment Amina Zakhnouf et Ange Bouyou-Mananga*.


La dette publique africaine, évaluée à quelque 365 milliards de dollars (dont 35 % sont détenus par des créanciers privés, et 20 % par la Chine) soulève de nombreuses questions. La crise sanitaire a fait resurgir les inquiétudes quant à la soutenabilité de la dette tant les besoins en capitaux s’avèrent colossaux pour contrer les effets de la pandémie sur les économies. Les interrogations se sont ainsi succédé : penser la dette, repenser la dette, douter de la dette, annuler la dette ?

C’est en cohérence avec ces nouvelles réflexions que se déroulera le 18 mai à Paris un sommet sur le financement des économies d’Afrique subsaharienne. Y sont notamment attendus l’Ivoirien Alassane Ouattara, le Rwandais Paul Kagame ou encore le Congolais Félix Tshisekedi. L’objectif de ce sommet est d’aborder les sujets relatifs à la soutenabilité des dettes publiques, le rôle de l’assistance technique, et celui du secteur privé dans la relance économique.

Ces questions sur la refonte des anciens schémas et le renouvellement de la pensée relative aux dettes africaines, les jeunesses des deux continents se les posent également et tentent d’y apporter des solutions. Toutefois, il est rare que leurs voix et idées soient entendues ou relayées, au prétexte parfois que l’expertise requise pour traiter ces sujets leur fait défaut.

Les nouvelles générations sont pourtant les premières concernées et, au risque d’en surprendre plus d’un, ne sont pas dépourvues de cette expertise que les sujets pointus requièrent. Face au débat de plus en plus anxiogène, elles se demandent de quelles économies elles hériteront demain et avec quelles contraintes elles seront amenées à construire une une carrière, une vie, un futur.

Défiance accrue

Il est certain que la dette publique constitue un sujet technique, complexe mais trop souvent simplifié, touchant au quotidien et à l’avenir des populations, mais trop souvent traité sans elles. Pourtant, le traitement médiatique de la situation d’endettement des pays africains a souvent usé de raccourcis, loin de la mesure et de l’objectivité nécessaires à ce genre de débats.

Ces nombreux débats ont notamment fait preuve d’un cruel manque de pédagogie : sur ce qu’est la dette, la façon dont elle est contractée, et ses principales implications. À quoi s’ajoute une communication publique relativement floue, et une absence de lisibilité dans les stratégies déployées, ce qui ne manque pas de générer un défaut de compréhension, et donc d’engagement.

L’autre principal problème aura résidé dans la tendance à loger tous les États africains à la même enseigne : des mauvais élèves. L’impression renvoyée est celle de gouvernements n’ayant pas suffisamment réformé par le passé et ne fondant leur destin que sur une annulation de leurs dettes. De nombreux pays opèrent pourtant des réformes structurelles ; le Bénin a émis un eurobond de un milliard d’euros en fin d’année dernière, le Mozambique s’est investi dès 2008 dans une démarche de Performance Based Budgeting, ouvrant la voie à une nouvelle façon de penser les budgets étatiques, etc. Autant d’initiatives louables mais invisibilisées par les débats autour de la soutenabilité des dettes.

Il ne faudrait pas sous-estimer l’impact que ces débats pourraient avoir sur la perception des dirigeants par les populations. Et la perte de confiance dans les dirigeants mène à une défiance accrue envers les institutions. Si la dette seule n’est pas en cause, il nous est permis de penser qu’elle fait partie des variables à considérer dans cette inquiétante perte de confiance. Celle-ci, conjuguée à la nature affairiste du discours qui consacre l’entrepreneuriat comme seule voie de succès pour les jeunes, pourrait mener par effet domino à un rejet des carrières politiques ou administratives.

Les jeunes, catalyseurs de la croissance

C’est pourtant aux jeunes qu’il faudrait tendre le témoin de la réflexion. Jamais la volonté d’engagement des jeunes du continent et de la diaspora n’a été aussi forte. Jamais la perception de l’avenir par les jeunes n’a été aussi optimiste, malgré la difficulté des obstacles auxquels nous faisons face.

D’après l’African Youth Survey, 49% des jeunes Africains déclarent que le continent évolue dans la mauvaise direction. Toutefois, cette opinion est tempérée par un afro–optimisme fortement majoritaire, puisque 65 % des jeunes pensent que le XXIe siècle sera «africain».

Ce qui pourrait apparaître comme un paradoxe est en réalité la manifestation d’une certitude : la matérialisation des potentialités du continent dépend d’eux.
Si les jeunes s’engagent sur le terrain, en politique, dans les associations, dans la recherche, et que les grands groupes créent des liens de confiance ainsi que des écosystèmes collaboratifs et inclusifs, les jeunes seront les catalyseurs de la croissance de demain.

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