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Décès de Béchir Ben Yahmed: la Tunisie, orpheline de «Si Béchir»

Publié le vendredi 7 mai 2021  |  Jeune Afrique
Béchir
© Autre presse par DR
Béchir Ben Yahmed, fondateur de Jeune Afrique, est décédé
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Plus jeune ministre de Habib Bourguiba, BBY a contribué aux pourparlers pour l’indépendance de la Tunisie. Devenu patron de presse, ce natif de Djerba continuait à accorder une place spéciale à son pays d’origine dans «Jeune Afrique». Témoignages.

La nouvelle a fuité dans la matinée du 3 mai mais personne ne croyait au décès de «Si Béchir». «Attendons d’abord une confirmation», écrivait sur les réseaux sociaux Sonia Ben Frej, ancienne dirigeante de banque. Mais déjà les hommages affluaient. Tandis que Mondher Khanfir, vice président du think tank Tunisian African Business Council (TABC) évoquait «un homme d’exception qui a porté l’Afrique dans son cœur», le journaliste Mondher Chraiet saluait «l’un des plus grands journalistes arabes et africains».

Taoufik Hbaieb, directeur de la revue Leaders, consultait souvent «BBY», comme l’appelait beaucoup de familiers de la maison Jeune Afrique. «Il a façonné une légende. La sienne, d’abord, celle d’un grand patron de presse, et celle de Jeune Afrique. BBY et Jeune Afrique ont exercé un magistère d’une rare autorité et puissance», estime-t-il. À Tunis, lorsqu’on disait «Si Béchir», on savait qu’il s’agissait de Béchir Ben Yahmed.

«Un véritable journaliste d’opinion»

Sa singularité et son courage ont marqué les esprits. «C’était un véritable journaliste politique d’opinion, c’est-à-dire qui a des opinions, note le politologue Hatem Mrad. Il était la référence à l’époque de l’autoritarisme». Comme lui, personne n’a oublié que le jeune Béchir a été le premier à oser fustiger le pouvoir personnel d’un Bourguiba au faîte de sa puissance.

Ses éditos, les fameux «Ce que je crois», étaient très attendus par des lecteurs qui appréciaient la liberté de ton du fondateur de Jeune Afrique. L’architecte et ancien directeur exécutif de Afek Tounes, Mohamed Ali Mankaï, raconte comment, au début des années 2000, BBY l’avait contacté en toute simplicité après avoir remarqué qu’il écrivait régulièrement au courrier des lecteurs. «Il était une icône de l’Afrique francophone et a marqué plusieurs générations. Mais il était aussi attentif à l’avis des lecteurs et avait le don de s’intéresser aux gens», confie-t-il.

Aujourd’hui très émue, la journaliste et militante pour les droits humains Souhayr Belhassen n’a jamais oublié ses années à Jeune Afrique, l’esprit qui y régnait mais aussi l’exigence et la rigueur de «Si Béchir». «C’était une école », se rappelle celle qui a cosigné avec Sophie Bessis une biographie de Bourguiba. Cette dernière est tout aussi bouleversée : «Chapeau bas. Si Béchir avait la presse dans la peau. Ma vie ne serait pas la même s’il n’avait pas été sur mon chemin».

«Grande liberté»

Sans qu’il intervienne directement sur la scène tunisienne, BBY était perçu comme la référence d’un journalisme précurseur qui saisissait les enjeux géopolitiques mais aussi comme l’un des bâtisseurs de la Tunisie moderne.
«Si Béchir a été impliqué dans la construction de l’État-nation et a été le plus jeune membre du gouvernement. Son nom est important dans l’histoire nationale, aux côtés de ceux de Mohamed Masmoudi et de Mohamed Ben Smail, souligne le spécialiste des médias Larbi Chouikha.
Il s’est opposé à Bourguiba, dont il s’est affranchi pour créer un journal à sa manière. Malgré toutes les propositions du président, il n’est pas revenu en Tunisie. Il avait compris qui était Bourguiba et ses limites. Il a parfois été controversé mais il a fait de Jeune Afrique un empire médiatique qui a rayonné sur toute l’Afrique et qui a fait école».

Fervent lecteur de La Revue, titre auquel BBY accordait toute son attention depuis 2003, l’ancien président de la République tunisienne par intérim, Foued Mebazaa, salue l’action de celui qui a été le plus jeune ministre (de l’Information) du premier gouvernement Bourguiba, à 28 ans. Alors qu’il n’avait même pas l’âge requis pour être député, «il a fait de l’excellent travail sans jamais se départir de sa liberté d’expression, affirme-t-il. Cela a valu des tracas à cet homme remarquable qui a fait beaucoup pour le rayonnement de la Tunisie».
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