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CEDEAO : Le lancement de la monnaie unique, l’ECO, repoussé à l’horizon 2027

Publié le lundi 21 juin 2021  |  ANP
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© aLome.com par Edem Gadegbeku & Jacques Tchakou
Session d`ouverture du 53e Sommet ordinaire des chefs d`Etat de la CEDEAO à Lomé
Lomé, le 31 juillet 2018. Address Hôtel 02 Février. Session d`ouverture du 53e Sommet ordinaire des chefs d`Etat et de Gouvernement de la CEDEAO en présence des délégations des 15 pays membres. Au menu de cette session: examen de plusieurs rapports axés sur la création d`une monnaie unique, la situation politique au Mali, en Guinée-Bissau et au Togo. Cette session d`ouverture a connu la prestation de serment de Kassi Brou et de 5 juges de la Cour de justice de la CEDEAO.
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La création de la monnaie commune pour les quinze (15) pays membres de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), dernièrement espérée en 2020, est finalement annoncée pour 2027.

C’est ce qu’a décidé la 59ème session de la Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement de l’Organisation, tenue le 19 juin 2021 à Accra, en République du Ghana.

Au terme de cette rencontre, «la Conférence a félicité le Comité ministériel sur le Programme de la monnaie unique pour les diligences accomplies dans la mise en œuvre des décisions prises » lors de sa 58ème Session ordinaire tenue par vidéoconférence le 23 janvier 2021.

Elle a aussi décidé d’adopter le Pacte de convergence et de stabilité macroéconomique entre les Etats membres de la CEDEAO dont la phase de convergence couvre la période de 2022 à 2026 et la phase de stabilité à partir du 1er janvier 2027.

La conférence des dirigeants de l’espace ouest-africain a aussi et surtout pris «note de la Feuille de route pour le lancement de l’ECO à l’horizon 2027 et charge le Comité ministériel de continuer à travailler pour résoudre toutes les questions en suspens», selon le communiqué publié à la fin de la Session.

Cette nouvelle annonce intervient après plusieurs reports de la création de la monnaie unique de la CEDEAO.

C’est au début des années 1980, rappelle-t-on, que les Chefs d’État et de Gouvernement de la CEDEAO ont annoncé leur aspiration à une intégration monétaire. Une intégration qui doit se faire au sein de deux (2) zones économiques différentes, notamment l’UEMOA (l’Union économique et monétaire ouest-africaine), créée en 1994, qui regroupe le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Mali, le Niger, le Sénégal, le Togo et la Guinée-Bissau, des pays qui ont le franc CFA en partage ; et la ZMAO (la Zone monétaire d’Afrique de l’Ouest 2000), qui compte six pays et autant de monnaies : le cédi au Ghana, le dalasi en Gambie, le dollar libérien au Liberia, le franc guinéen en Guinée, le leone en Sierra Leone et le naira au Nigeria. Avec son escudo, Le Cap-Vert est le seul pays de la CEDEAO à n’appartenir à aucune de ces deux grandes zones monétaires.

En 2000, les autorités ouest-africaines expriment leur volonté d’accélérer le processus d’intégration monétaire et de remplacer les 8 monnaies par une seule. C’est le début du projet de création d’une monnaie unique en deux étapes qui est élaboré.

Ce projet prévoit le lancement, en janvier 2015, d’une monnaie commune, par les pays membres de la Zone monétaire d’Afrique de l’Ouest. Il s’agit de l’ECO. Dans sa seconde phase, le plan disposait que la ZMAO fusionnerait à terme avec l’UEMOA afin de créer, en 2020, une seule et même monnaie pour l’ensemble des pays de la CEDEAO.

Dans le souci de créer des bases solides à son intégration, la CEDEAO adopte également, en 2001, le mécanisme de surveillance multilatérale des politiques économiques et financières des Etats membres avec comme objectif : le respect d’un ensemble de critères de convergence macroéconomiques, susceptibles de contribuer à homogénéiser les économies de la région.

Après trois reports successifs en 2003, 2005 et 2009, les autorités ouest-africaines renoncent finalement, en juillet 2014, à lancer l’ECO en janvier 2015 au sein de la Zone monétaire d’Afrique de l’Ouest. Les dirigeants des pays membres de la CEDEAO mettent en avant «le niveau insuffisant de préparation et de convergence économique au sein de la ZMAO».

Dès lors, la CEDEAO adopte une stratégie d’intégration graduelle, où seuls les pays qui respecteront les critères de convergence dits de premier rang avant 2020 (déficit budgétaire limité à 3% du PIB, une inflation à 10% maximum et une dette inférieure à 70% du PIB), participeront à la monnaie unique.

En décembre 2017, à l’issue du sommet d’Abuja, au Nigeria, les Chefs d’Etat et de Gouvernement déclarent dans leur communiqué final : «Déplorant le faible niveau du taux d’intégration économique après plus de 40 ans d’existence de la CEDEAO, le sommet a invité la Commission, en collaboration avec les États membres, à accélérer la mise en œuvre des projets et programmes intégrateurs».

C’est ainsi que, dans ce même communiqué, ils s’engagent à poursuivre les objectifs des pères fondateurs de doter la région d’une union monétaire, réaffirmant ainsi leur volonté à poursuivre la création de la monnaie unique. Mais deux ans plus tard, seul le Togo réussit à respecter les critères de convergence de premier rang, soit deux ans après le constat amer.

Au cours d’une réunion tenue en 2019 à Abuja, les Chefs d’Etat et de Gouvernement de la région adoptent malgré tout le symbole de l’ECO – «EC» – ainsi que le nom de la future banque centrale, la BCAO, Banque Centrale de l’Afrique de l’Ouest.

En dépit de toutes les avancées convergentes, le Président ivoirien Alassane Ouattara annonce, lors d’une rencontre avec son homologue français Emmanuel Macron en fin 2019 à Abidjan en Côte d’Ivoire, le remplacement du franc CFA pour les pays de l’UEMOA par l’ECO à parité fixe avec l’Euro et garanti par la France.

Cette déclaration du Président ivoirien a été perçue comme un coup dur pour le projet d’intégration économique de l’espace. Moins d’un mois plus tard, le 16 janvier 2020, à l’issue d’une réunion, toujours à Abuja au Nigeria, le conseil de convergence de la zone monétaire d’Afrique de l’Ouest souligne, dans son communiqué final, que l’annonce du Chef de l’État ivoirien «n’est pas conforme avec la décision de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO d’adopter I’ECO comme nom d’une monnaie unique indépendante de la CEDEAO».

Sans pour autant renoncer au projet, certains dirigeants de la sous-région ont fait savoir leur mécontentement.

Dans ce même communiqué, «le Conseil de convergence de la ZMAO recommande qu’un sommet extraordinaire de la Conférence des Chefs d‘État et de Gouvernement des États membres de la ZMAO se réunisse prochainement pour examiner en profondeur cette question et d‘autres questions».

Déjà, le 10 février 2019, le Nigeria, première puissance économique de l’Afrique, et donc de la sous-région Ouest africaine, a également demandé le report du lancement de l’ECO.

Telles sont les principales péripéties qui ont jalonné la création de la monnaie unique de la CEDEAO, cette Organisation d’intégration sous régionale créée en 1975 par le traité de Lagos et qui regroupe 16 pays au départ (la Mauritanie l’ayant quittée en 2000).
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