L’affaire avait été révélée par les médias internationaux l’année passée et on savait qu’au Togo, des opposants, acteurs de la société civile et même religieux étaient espionnés par ce logiciel espion israélien du nom de PEGASUS. Mais on ignorait que parmi les cibles, il y avait aussi des journalistes. Leurs noms ont été révélés, avec le rebondissement de ce début de semaine, par le confrère France 24.
Il s’agit de Ferdinand Ayité, le Directeur de Publication du bihebdomadaire d’investigation L’Alternative ; Luc Abaki, l’ancien Directeur de LCF et ex du site gouvernemental republicoftogo.com ; et Carlos Ketohou, le Directeur du journal L’Indépendant Express dont le récépissé de parution a été récemment retiré par la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (HAAC) suite à sa parution parlant de vol de cuillères dorées. En somme des journalistes critiques à l’égard du régime en place au Togo.
Destiné à lutter contre le terrorisme et le crime en bande organisée, pister donc les terroristes, le logiciel PEGASUS est réputé très puissant et capable d’accéder au carnet d’adresses, à la messagerie, même celle prétendument protégée comme Signal et aux photos de sa cible. Mais il est manifestement détourné de son objectif principal et utilisé, principalement en Afrique, contre des contestataires du régime, militants des droits de l’Homme et journalistes critiques. Outre le Togo, on cite le Maroc et le Rwanda parmi les pays l’ayant abondamment utilisé à ces fins indues.
La question de l’usage de PEGASUS s’est invitée au sommet citoyen ouest-africain de Cotonou sur la bonne gouvernance, l’alternance et la démocratie dans l’espace et l’une de ses victimes, Prof David Dosseh, 1er porte-parole du Front citoyen Togo Debout (FCTD), Coordinateur des Universités sociales du Togo (UST) et Coordonnateur du sommet en a parlé, déplorant le caractère pernicieux de son recours, c’est-à-dire le gâchis d’argent servant à acquérir ce logiciel espion alors que des besoins sociaux essentiels sont là insatisfaits sous prétexte de manque de fonds.
«On est prêt à débourser beaucoup d’argent (…) J’ai essayé de savoir combien cela a coûté pour le Togo, impossible, c’est un black-out total. Nous savons néanmoins qu’au Mexique, ce logiciel a couté 80 millions de dollars, ce qui fait à peu près 45 milliards de FCFA. Quand je tiens compte du coût de la vie dans mon pays, on se rend compte qu’avec 45 milliards de FCFA, on pouvait construire mille (1000) écoles primaires, deux (02) hôpitaux totalement équipés, acheter pour l’ensemble du pays deux cent trente (230) scanners », a-t-il déploré.... suite de l'article sur Autre presse