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Trois réponses pour accélérer l’accès au numérique en Afrique occidentale et centrale

Publié le mardi 24 aout 2021  |  Jeune Afrique
Ousmane
© Autre presse par DR
Ousmane Diagana nommé vice-président pour l’Afrique de l’Ouest et centrale de la Banque Mondiale
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Par Ousmane Diagana (Ousmane Diagana est le vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique de l’Ouest et l'Afrique centrale).


La crise sanitaire a révélé l’impérieuse nécessité d’un accès démocratique et équitable à une connectivité de haut débit abordable et sécurisée. Pour cela, gouvernements, secteur privé et sociétés civiles doivent collaborer.

Avant la crise planétaire du COVID-19, un peu plus de la moitié de la population mondiale (51%) avait accès à internet. Ce taux ne dépasse guère 30% pour les pays d’Afrique occidentale et centrale. À cause du strict confinement des populations, de nombreux services n’ont pu être disponibles pour les habitants des différents pays que par le biais d’internet.

Dans ce contexte, la demande universelle pour ce service va continuer d’augmenter de façon exponentielle. Les pays de l’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale ne seront pas en reste et devront approfondir les réformes et attirer les investissements nécessaires pour une digitalisation accrue des services, condition essentielle pour une croissance économique forte, résiliente, verte et créatrice d’emplois de qualité.

L’enjeu est donc considérable et les opportunités significatives. Bien que les défis ne sont pas à sous-estimer, le potentiel dont disposent l’Afrique occidentale et l’Afrique centrale permet d’espérer une accélération de la numérisation de son économie. Pour y parvenir, trois étapes seront nécessaires.

Un quadruple défi

Premièrement, nous devons nous mobiliser contre la fracture numérique pour améliorer l’accès abordable et l’utilisation d’internet. Les pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale sont confrontés à un quadruple défi à relever : une faible couverture et qualité du réseau ; des coûts d’exploitation élevés ; des barrières non tarifaires qui élèvent les risques d’exploitation et renchérissent les investissements et une faible ou le défaut de concurrence.

Fournir des services financiers via des téléphones portables se révèle difficile lorsque moins de 40% de la population possèdent un cellulaire. Cette disparité entre «possédants» et «démunis» affecte de façon disproportionnée les populations rurales, les femmes et les groupes vulnérables de la région et s’accompagne également de différences nationales significatives.

Pour 1 Go de données mobiles à haut débit, les Centrafricains doivent consacrer plus de 20% de leur revenu moyen, contre 0,5 % pour les Égyptiens.

Au Sénégal, seules 26 % des petites entreprises utilisent des smartphones, contre 65 % au Brésil. Lors d’une pandémie, l’accès à un smartphone connecte les gens, mais se révèle aussi un outil indispensable aux entreprises et aux économies.

Politiques de réglementation

Un rapport conjoint de la Banque mondiale et de la Commission du haut débit des Nations Unies estime le coût de la réduction de la fracture numérique en Afrique d’ici 2030 à 100 milliards de dollars.

Il nous faut donc augmenter les investissements et attirer les opérateurs et partenaires stratégiques nécessaires en mobilisant des capitaux privés, ainsi qu’aborder les risques du capital et créer des alliances stratégiques entre gouvernements et opérateurs privés.

Il convient également de soutenir la conception et la mise en œuvre de politiques et réglementations pour réduire les risques et encourager les investissements privés dans les infrastructures numériques. Ces deux leviers permettront de résoudre les problèmes d’accès aux services et rendre la connectivité efficace.

À mesure que l’infrastructure numérique s’améliore, il est nécessaire que les secteurs public et privé puissent promouvoir et inciter l’adoption de l’Internet en développant des systèmes et des applications qui permettront aux populations d’effectuer des transactions en ligne, comme répondre à des appels d’offres du gouvernement, effectuer des transactions bancaires ou faire des demandes de carte de crédit.

Les opportunités créées par la numérisation

Deuxièmement, nous devons mettre en place des infrastructures numériques de dimension et de qualité adéquates. Nos récentes recherches estiment à 500 millions le nombre de personnes en Afrique n’ayant pas de pièce d’identité officielle, ce qui leur rend difficile l’accès aux services clés et ne leur permet pas de bénéficier des opportunités créées par la numérisation.

Les systèmes d’identification de certains pays d’Afrique occidentale et centrale ne sont encore ni inclusifs, ni fiables. Les approches couramment utilisées, manuelles et sur papier pour identifier des populations rendent difficiles, tant pour les gouvernements que pour le secteur privé la réduction des fraudes et du gaspillage.

Les identifications numériques alignées sur les dix principes d’identification pour le développement durable offrent la possibilité d’étendre les réseaux et de transformer les prestations de soins de santé, d’accès à l’éducation ainsi qu’aux services financiers et a d’autres services clés, en particulier pour les populations rurales, les femmes et les groupes les plus vulnérables.

Heureusement de plus en plus de pays africains sont bien avancés dans ces processus, et une grande majorité d’entre eux le font déjà grâce aux appuis technique et financier de la Banque mondiale et à son programme d’Identification pour le développement (ID4D).

Fiabilité des données

Les identifiants numériques sont l’un des trois composants des infrastructures numériques, avec les paiements numériques et les plateformes de base de données fiables.
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