Liste rouge actualisée de l’UICN des espèces menacées: 37% des requins et raies risquent l’extinction dans le monde en raison de la surpêche et des changements climatiques
Depuis le 03 septembre 2021 (et ce jusqu’au 11 septembre prochain), s’est ouvert le Congrès mondial 2021 de la Nature à Marseille (France), centré sur la protection de la biodiversité dans le monde. A cette occasion, l’UICN (Union internationale pour la conservation de la Nature) a publié le 04 septembre sa Liste actualisée des espèces menacées sur la planète. Une liste qui fait état du "rétablissement de 04 espèces de thons pêchés commercialement grâce à l’application de quotas de pêche régionaux". Alors même que "37% des requins et raies risquent l’extinction dans le monde en raison de la surpêche et des changements climatiques".
La ’Liste rouge de l’UICN’ actualisée comprend désormais 138.374 espèces dont 38.543 menacées d’extinction. «La mise à jour des de la Liste rouge de l’UICN est un signe fort que, malgré les pressions croissantes sur nos océans, les espèces peuvent se rétablir si les États s’engagent vraiment à adopter des pratiques durables», a tenu à faire remarquer Dr Bruno Oberle, Directeur général de l’UICN. Et de souligner davantage: «Les États et les autres parties actuellement réunis au Congrès mondial de la nature de l’UICN à Marseille doivent saisir cette opportunité pour renforcer leurs ambitions en matière de conservation de la biodiversité et travailler à atteindre des objectifs contraignants fondés sur des données scientifiques probantes. Ces évaluations de la Liste rouge démontrent à quel point nos vies et nos activités sont en symbiose avec notre biodiversité».
Le 4 septembre, il y a eu de bonnes nouvelles dans l’actualisation de la ‘Liste rouge de l’UICN. En effet, sur les sept espèces de thon les plus pêchées commercialement dans le monde, quatre d’entre elles montrent des signes de récupération grâce à des quotas de pêche plus durables et une lutte plus efficace contre la pêche illégale (INN) mise en place par certains pays.
C’est le cas du thon rouge de l’Atlantique (Thunnus thynnus) passé de la catégorie «En danger» à celle de «Préoccupation mineure», tandis que le thon rouge du Sud (Thunnus maccoyii) a viré de la catégorie «En danger critique» à celle de «En danger». Le thon blanc (Thunnus alalunga) et le thon albacore (Thunnus albacares) de leur côté sont tous passés de «Quasi menacés» à la catégorie «Préoccupation mineure».
«Ces évaluations de la Liste rouge sont la preuve que les approches de pêche durable fonctionnent, avec d’énormes avantages à long terme pour les moyens de subsistance et la biodiversité. Nous devons continuer à appliquer des quotas de pêche durables et à lutter contre la pêche illégale (INN)», se veut confiant Dr Bruce B. Collette, président du Groupe de spécialistes des thons et espadons de la CSE-UICN. «Les espèces de thon migrent sur des milliers de kilomètres, et il est donc également essentiel de coordonner leur gestion à l’échelle mondiale», projettent les scientifiques.
Mais, cette photographie autour des thons est loin d’être le lot pour plusieurs autres espèces de la biodiversité sur la planète. Ainsi, l’UICN sonne l’alerte.
Urgence autour d’autres espèces
La Liste rouge de l’UICN mise à jour comprend également une réévaluation complète des espèces de requins et de raies dans le monde, révélant que 37% d’entre elles sont désormais menacées d’extinction, et démontrant que des mesures de gestion efficaces font défaut dans la plupart des océans du monde. L’ensemble des espèces menacées de requins et de raies sont surexploitées, 31% étant en plus affectées par la perte et la dégradation des habitats et 10% par les changements climatiques.
Dans le même sillage, le plus grand lézard vivant du monde, le dragon de Komodo (Varanus komodoensis), est passé du statut de «Vulnérable» à «En danger» sur la Liste rouge de l’UICN. L’espèce, endémique d’Indonésie et présente uniquement dans le parc national de Komodo, classé au Patrimoine mondial, et sur l’île voisine de Flores, est de plus en plus menacée par les impacts des changements climatiques. La hausse des températures mondiales, et donc du niveau de la mer, devrait réduire l’habitat favorable au dragon de Komodo d’au moins 30% au cours des 45 prochaines années, s’alarment les scientifiques. En outre, alors que la sous-population du parc national de Komodo est actuellement stable et bien protégée, les dragons de Komodo vivant en dehors des aires protégées, sur l’île de Flores, sont également menacés par une perte d’habitat importante en raison des activités humaines en cours.
«L’Évaluation mondiale des arbres continue d’évaluer les espèces d’arbres du monde pour la Liste rouge de l’UICN, et des milliers d’évaluations d’espèces d’arbres, de plus de 186 pays, ont été ajoutées à la Liste rouge de l’UICN cette année (dont le Brésil, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, les Philippines, Haïti, le Costa Rica et l’Australie). En outre, plus de 1.000 espèces identifiées comme affectées par l’exploitation forestière et la récolte de bois, telles que les diptérocarpes, les ébènes, les bois de rose et bien d’autres, ont également été évaluées pour la première fois cette année», fait savoir Dr Malin Rivers, responsable de la priorisation de la conservation à Botanic Gardens Conservation International, en parlant des espèces d’arbres. «Avec chaque évaluation d’arbre ajoutée à la Liste rouge de l’UICN, nous continuons à raconter l’histoire des espèces d’arbres menacées du monde et à fournir des informations essentielles pour des mesures de conservation efficaces», ajoute Dr Rivers.
Liste rouge des espèces menacées de l’UICN 2021 sous forme chiffrée
TOTAL D’ESPÈCES ÉVALUÉES
Total d’espèces évaluées = 138.374 (Total d’espèces menacées = 38.543)
Éteint = 902
Éteint à l’état sauvage = 80
En danger critique d’extinction = 8.404
En danger = 14.647
Vulnérable = 15.492
Quasi menacé = 8.127
Faible risque/dépendant de mesures de conservation = 170 (catégorie ancienne progressivement retirée de la Liste rouge)
Préoccupation mineure = 71.148
Données insuffisantes = 19.404
Les chiffres ci-dessus ne correspondent qu’aux espèces évaluées dans la Liste rouge de l’UICN jusqu’à présent. Toutes les espèces de la planète n’ont pas encore été évaluées, mais la Liste rouge trace un aperçu, un portrait utile de ce qui arrive aux espèces à l’heure actuelle et souligne le besoin urgent de prendre des mesures de conservation.
Pour un grand nombre de groupes taxonomiques, il n’est pas possible d’indiquer les pourcentages relatifs d’espèces menacées car ces groupes n’ont pas été suffisamment évalués. Dans de nombreux cas, les efforts d’évaluation se sont particulièrement focalisés sur les espèces menacées ; par conséquent, le pourcentage d’espèces menacées pour ces groupes serait fortement biaisé.
Pour les groupes qui ont été évalués de façon plus complète, le pourcentage d’espèces menacées peut être calculé, mais le nombre réel d’espèces menacées est souvent incertain car nous ignorons si les espèces classées dans la catégorie Données insuffisantes (DD) sont réellement menacées ou pas. En conséquence, les pourcentages présentés ci-dessus représentent la meilleure estimation du risque d’extinction pour les groupes qui ont été évalués de façon plus complète (à l’exclusion des espèces Éteintes), basé sur l’hypothèse que les espèces classées en Données insuffisantes sont menacées au même degré que les espèces pour lesquelles les données sont suffisantes.
En d’autres termes, il s’agit d’un chiffre médian dans une fourchette allant de x% d’espèces menacées (si aucune espèce DD n’est menacée) à y% d’espèces menacées (si toutes les espèces DD sont menacées). Les données disponibles indiquent qu’il s’agit de la meilleure estimation. Les catégories de menace de la Liste rouge de l’UICN sont les suivantes, par ordre décroissant de menace :
Éteint ou Éteint à l’état sauvage
En danger critique d’extinction, En danger et Vulnérable : espèces menacées d’extinction à l’échelle mondiale ;
Quasi menacées : espèces proches du seuil de menace ou qui seraient menacées en l’absence de mesures spécifiques de conservation en cours ;
Préoccupation mineure : espèces évaluées pour lesquelles le risque d’extinction est plus faible ;
Données insuffisantes : espèces qui ne sont pas évaluées en raison de l’insuffisance des données.
En danger critique d’extinction (peut-être éteint) : il ne s’agit pas d’une nouvelle catégorie de la Liste rouge, mais d’une mention servant à désigner des espèces En danger critique d’extinction qui sont très probablement déjà éteintes mais pour lesquelles des confirmations sont nécessaires, par exemple au moyen d’études plus complètes, et ne trouvant aucun individu du taxon concerné.
Des chiffres qui appellent les habitants de la Terre à reconsidérer plus que jamais leur position à l’égard de la biodiversité.