Une belle victoire dans la lutte contre le trafic d’ivoire ! La police togolaise a saisi 725 kg d’ivoire et interpellé un trafiquant présumé. « La brigade antidrogue a saisi mardi dernier, dans une boutique à Lomé 700 kg d’ivoire appartenant à un Togolais, âgé de 58 ans. Ce dernier a été arrêté », déclarait alors Ahoéfa Ekoué, la ministre de l’Environnement et des Ressources forestières togolais.
« Nous n’avons pas encore toutes les informations sur le pays de provenance de cette quantité d’ivoire. Nous savons qu’il y a aujourd’hui plusieurs réseaux, mais les enquêtes sont actuellement en cours pour savoir si ce Togolais appartient à l’un des réseaux, car c’est la première grande saisie opérée par le Togo », a-t-elle précisé. Selon l’agence Reuters, l’homme, Emile N’Bouke, pourrait être une des figures majeures du trafic d’ivoire en Afrique. En 40 ans, il aurait écoulé les défenses de milliers d’éléphants.
Pour un arrêt total du commerce de l’ivoire
La Fondation 30 Millions d’Amis se félicite de cette arrestation et des efforts mis en œuvre pour lutter contre le braconnage. Sa campagne « Pour les éléphants » rappelle que le meilleur moyen de les protéger est de reclasser l’ensemble de leurs populations en Annexe I de la Convention sur le commerce internationale des espèces de la faune et de la flore sauvage menacées d’extinction (CITES). Les espèces qui dépendent de cette annexe sont totalement interdites de commerce.
Or, en 1997, les pays membres de la CITES ont décidé de déclasser les populations d’éléphants de certains pays d’Afrique et de les inscrire en son Annexe II (commerce autorisé mais contrôlé) arguant des « avantages » que les recettes générées par les ventes d’ivoire pourraient procurer à la conservation de l’espèce et aux communautés locales qui vivent près des pachydermes. La CITES a ainsi autorisé, le Botswana, la Namibie, le Zimbabwe (rejoints par l’Afrique du Sud en 2000) à vendre au Japon et à la Chine plusieurs centaines de tonnes d’ivoire.
Disparition des éléphants d’ici 4 ans
Selon Jean-François Legueulle, délégué général de la Fondation 30 Millions d’Amis, « depuis cette décision, le braconnage des éléphants a repris de façon alarmante sur l’ensemble du continent africain, mettant à nouveau en péril la survie de l’espèce toute entière ».
A chaque conférence des parties de la CITES - qui se tient tous les trois ans - la Fondation 30 Millions d’Amis appuie la demande de nombreux Etats africains comme le Kenya. Ces pays réclament un arrêt total du commerce de l’ivoire et donc le reclassement de l’ensemble des populations d’éléphants en Annexe I de la CITES. Il s’agit de la seule mesure de protection ayant fait ses preuves en 1989 après plusieurs décennies d’échecs successifs.
A cette date, une profonde prise de conscience de l’opinion publique internationale avait permis d’enrayer le déclin des populations d’éléphants d’Afrique par leur classement en Annexe 1. La demande d’ivoire cessa immédiatement, entraînant une chute brutale des prix et un déclin spectaculaire du braconnage.
Il y a 35 ans, les éléphants d’Afrique étaient plus de 2 millions. Ils ne sont plus que 300.000 aujourd’hui. Si l’on continue à ce rythme, le braconnage pourrait retrouver son niveau d’avant 1989 (90.000 bêtes tuées par an entre 1970 et 1989) et tous les éléphants disparaîtraient d’ici quatre ans.