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Claudy Siar, de «Couleurs tropicales» au champ politique

Publié le lundi 11 octobre 2021  |  Jeune Afrique
Célébration
© aLome.com par Parfait
Célébration des 20 ans de COULEURS TROPICALES au Togo
Lomé, le 03 octobre 2015. Espace Blue Zone de Cacaveli. L`émission COULEURS TROPICALES de RFI a convié une palette représentative des artistes de la musique togolaise pour commémorer ses 20 ans de diffusion.
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Ce défenseur des cultures afro-caribéennes anime son émission musicale sur RFI depuis vingt-six ans, tout en faisant de la juste représentation des Noirs de France son cheval de bataille. Il projette désormais de créer son propre parti.

«J’en refuse beaucoup !», affirme l’homme de radio en évoquant les nombreuses invitations qu’il reçoit. À peine rentré d’un rendez-vous pour préparer le prochain sommet Afrique-France qui se tenait le 8 octobre à Montpellier, Claudy Siar prend le temps de nous accueillir dans son bien confortable appartement parisien situé dans le très chic 16e arrondissement.

Une rangée de beaux livres sur l’Afrique est soigneusement disposée près d’une collection de masques africains exposés au mur du spacieux salon aux côtés de peintures contemporaines colorées, que l’on imagine signées d’artistes afro-descendants.

Le Guadeloupéen n’est pas un amoureux de l’Afrique. L’Afrique est ce qui le définit. «La terre guadeloupéenne est gorgée d’africanité, d’indianité et d’européanité aussi, mais le socle, c’est l’africanité», insiste-t-il.

Un peu plus tôt cette même semaine, c’est sur le plateau de l’émission politique C ce soir sur France 5 que le vice-président du Crefom (Conseil représentatif des Français d’Outre-mer) se rendait pour participer à un débat sur les «Outre-mer, les grands oubliés de la République », aux côtés de l’ancienne garde des Sceaux, Christiane Taubira.

Panafricaniste et fervent anti-raciste

Le journaliste de 51 ans occupe l’antenne de RFI depuis vingt-six ans avec Couleurs tropicales, l’émission musicale qu’il anime et produit. Certes, ce n’est pas la radio internationale qui résume sa carrière médiatique. Passé par France Télévisions et TFI à la fin des années 1980 et à l’aube des années 1990, puis par Canal+ début 2000, il anime aujourd’hui The Voice Afrique francophone sur Voxafrica.

Mais c’est surtout avec ses cinq rendez-vous radiophoniques par semaine que Claudy Siar, panafricaniste et fervent anti-raciste, fait entendre sa voix. Son émission est souvent l’occasion pour lui de rappeler et de partager des pans de l’histoire qu’il estime éludés par le paysage médiatique français.

«En 2005, j’ai bien failli quitter l’antenne, glisse-t-il. Un ancien ambassadeur de France au Mali considérait que j’étais un mauvais Français et qu’on devait me renvoyer de RFI. Mais des personnes de l’État m’ont soutenu», assure l’ex-délégué interministériel pour l’égalité des chances des Français d’Outre-mer sous Nicolas Sarkozy.

Certains lui reprochent par ailleurs d’avoir entretenu des amitiés avec des personnalités publiques aux idéologies dangereuses, comme avec l’humoriste et militant politique franco-camerounais Dieudonné – condamné plusieurs fois en France pour discriminations raciales et incitation à la haine.

«Toutes les personnes du show-biz étaient également proches de lui à une certaine époque», se justifie le journaliste. Quant aux liens supposés avec Denis Sassou-Nguesso, le président du Congo : «Je n’ai jamais été son ami. Je l’ai rencontré 3 fois dans ma vie lors du FESPAM, un festival financé par l’UA qui se déroulait à Brazzaville. Il va me falloir encore du temps pour encore dénoncer cette fausse information. Il n’y a que deux présidents ou ancien que je connais bien. Car ils avaient une vie avant : Michel Martelly et Patrice Talon».

Pour certains, ces affinités contrastent avec sa posture humaniste, mais qui n’empêchent pas Claudy Siar de continuer à défendre ses sujets de prédilection – quitte à se mettre certains de ses confrères à dos.

Parole libre

Histoire de l’esclavage, colonisation, néo-colonialisme, émancipation de la jeunesse africaine et de la diaspora… Autant de thèmes qui ont pu irriter certaines oreilles au début de sa carrière. « Personne ne parlait comme ça sur RFI à ce moment-là. Mais je suis un journaliste d’opinion, revendique celui qui a fini par faire accepter son point de vue.
De nombreuses personnes ont compris que c’était une chance d’avoir quelqu’un qui s’adresse en majorité à un auditoire africain avec une parole aussi libre et respectueuse de tous sur une radio aussi forte que RFI», estime celui qui a initié la première marche de commémoration de l’abolition de l’esclavage en 1993.

Claudy Siar a fait des valeurs du vivre-ensemble son cheval de bataille. Un combat qui commence par la juste représentation de la diversité française. «On a le sentiment que le racisme n’est plus un délit en France quand on regarde la télévision ou que l’on écoute la radio. De temps en temps, le CSA (Conseil Supérieur de l’Audiovisuel) distribue des amendes, mais aujourd’hui il y a énormément de journalistes et d’intellectuels qui ont été condamnés pour racisme et qui restent dans les médias», s’insurge-t-il, avant de condamner les propos sur l’assimilation culturelle que tient son ex-ami Éric Zemmour, éditorialiste et chroniqueur sur la chaîne Cnews.

Une dérive que Claudy Siar explique par le manque de dialogue autour de la notion d’identité nationale qui a animé le débat public sous la présidence de Nicolas Sarkozy. «Je regrette de m’être opposé à ce débat. Car la crise que traverse la France est avant tout identitaire. On a vu dans cette proposition de dialogue la voix des conservateurs. Or, l’identité nationale n’est pas monolithique, elle est diverse. Si on avait tous pris le temps de se parler, on n’aurait peut-être pas un Zemmour qui débite des propos racistes sans projets à la télévision, qui insulte les Africains, les écrase et n’accepte pas leur histoire».
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