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Et si l’Afrique électrifiait l’Europe de demain ? L’EEEOA, un projet en cours

Publié le jeudi 21 octobre 2021  |  Commod Africa
Siège
© Autre presse par DR
Siège de la Banque européenne d`investissement
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L’Afrique de l’Ouest poursuit actuellement la réalisation du Système d’échanges d’énergie électrique ouest africain, plus connu sous l’acronyme EEEOA ou WAPP en anglais. Ce projet de la Cedeao intéresse directement les citoyens européens car il est fort possible que dans plus d’une dizaine d’année ils reçoivent dans leurs foyers de l’énergie produite au fin fonds du désert sahélien. Surréaliste n’est-ce pas ? Et pourtant cette idée se décline dans des rapports de la Cedeao – financés par l’Union européenne – depuis 2018.


Mais avant toute chose, prenons quelques mots pour définir l’EEEOA. Le site internet de l’institution dévoile qu’il s’agit d’un système d’échange énergétique qui vise à « intégrer les réseaux électriques nationaux dans un marché régional unifié de l'électricité en vue d'assurer, à moyen et long termes, un approvisionnement en énergie électrique régulier, fiable et à un coût compétitif aux populations ». Les États ouest-africains se chargent alors de produire de l’énergie et d’en assurer le transport par des constructions dont l’édification s’étale tout au long de la période 2019-2033.

Un projet pharaonique

Le coût estimé d’un tel projet s’élève à $ 36,39 milliards, financés par les États ouest-africains et de nombreux bailleurs internationaux parmi lesquels : la Banque mondiale, l’Agence française de développement (AFD), la Banque africaine de développement (BAD), l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), l’Union européenne (UE), la Banque européenne d’investissement (BEI), l'Agence de coopération internationale allemande pour le développement (GIZ) et la Banque d’investissement et de développement de la Cedeao (BIDC), notamment.

L’ensemble de ces investisseurs témoigne du projet pharaonique en cours. Et pour cause, l’Afrique de l’Ouest se prépare à une véritable révolution énergétique. On compte actuellement 92 projets de centrales solaires photovoltaïque d’une puissance supérieure à 1 mégawatt-crête (MWc), parmi lesquels 10 projets de plus de 150 MWc. On relève également 60 projets dans l’hydroélectricité, d’autres dans le biogaz/biomasse, certains dans l’éolien, etc. L’œuvre est considérable.

À titre d’exemple, vous trouverez dans le lien suivant une carte inédite regroupant l’ensemble des projets et réalisations solaires, éoliens, biogaz/biomasse, hydroélectriques au sein du réseau EEEOA. Les calques superposés dressent ainsi un panorama général des énergies renouvelables en Afrique de l’Ouest (hors projets inférieurs à 1 MW) (Voir : http://u.osmfr.org/m/667037).

Une énergie moins chère favorisée par les échanges

La multiplication de ces infrastructures facilite un partage des ressources énergétiques dont l’ambition se résume à baisser considérablement le coût du mégawattheure (MWh), lequel devrait passer de $ 80,6/MWh en 2022 à $ 49/MWh en 2029. Les coûts marginaux de l’énergie varient fortement au cours de la journée donc les États s’apprêtent à varier les flux énergétiques entre eux pour disposer de l’énergie la moins chère possible.

À midi par exemple, les pays du Sahel – appelés « la dorsale Nord » dans le jargon de l’EEEOA (Gambie, Mali, Burkina Faso, Niger) – produisent de l’énergie solaire en quantité et semblent les plus à même d’exporter leur production aux pays de « la dorsale Sud » (le réseau électrique qui relie le Nigeria, le Bénin, le Togo, le Ghana et Côte d’Ivoire). Tandis que le soir venu, les pays du Nord importent l’électricité produite dans des pays du Sud qui disposent de ressources gazières. Ce schéma grossièrement établit se révèle bien entendu nettement plus complexe (en témoigne l’exemple guinéen qui exporte de l’hydroélectricité tout au long de la journée) mais il rend compte d’une volonté d’échanger l’énergie la moins chère possible en fonction du moment de la journée.

L’EEEOA, dans la lignée des projets ECO et ZLECAf

Au regard de son importance, le projet EEEOA se place dans la lignée de projets régionaux en cours de réalisation tels que la création de la monnaie unique ECO pour l’ensemble des pays de la CEDEAO (Lire : La future monnaie ouest-africaine, l'ECO, fait un pas supplémentaire), ou bien dans une autre mesure, de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf).

En effet, on retrouve dans le Plan directeur de la Cedeao pour le développement de la capacité de production et de transport d’énergie électrique (mis à jour et révisé en décembre 2018) un chapitre intitulé « Opportunités au-delà des frontières de l’EEEOA » dans lequel figure la faisabilité d’une interconnexion entre l’Afrique de l’Ouest, le Maroc et l’Afrique du Nord plus généralement. On y trouve également une étude de connexion avec le Pool énergétique d’Afrique Centrale (PEAC) pour relier l’EEEOA au projet Inga en RD Congo qui devrait atteindre dans quelques années une production de 42 000 MW. L’ensemble de ces interconnexions avec d’autres régions africaines offre au projet EEEAO une dimension continentale qui fait écho au projet ZLECAf.

L’Europe en ligne de mire?

Toutefois, lorsqu’il est question d’interconnexions avec l’Afrique du Nord, un autre acteur est également mentionné : l’Europe. Un continent omniprésent dans les financements accordés dans la région et dont les entreprises sont aux commandes de nombreuses centrales solaires en cours d’édification. Des études préliminaires sont ainsi menées pour relier les interconnexions de l’EEEOA à l’Afrique du Nord et à l’Europe. Un jour serons-nous peut-être en mesure de nous demander : Et si l’Afrique électrifiait l’Europe de demain?

Une problématique loin d’être invraisemblable. Le 26 septembre dernier, par exemple, l'agence américaine Bloomberg dévoilait le projet mené par la société britannique Xlinks, de créer une liaison électrique de 3 800 kilomètres entre le Maroc et le Royaume-Uni, d’une valeur de $ 21,9 milliards, qui serait alimentée par l’électricité produite dans des parcs solaires et éoliens construits au Maroc et dont la puissance avoisinerait les 10,5 GW.

Mais ce projet est loin d’être unique, des interconnexions sont en cours de réflexions entre l’Egypte et la Grèce, l’Italie et la Tunisie, l’Algérie et l’Italie, ainsi qu’avec l’Espagne. Ces projets consistent principalement à acheminer les énergies renouvelables produites en Afrique vers l’Europe. Inspirant…

Quid du monde rural africain ?

Les centres urbains ouest-africains seront dans un avenir proche défaits du délestage et des problèmes d’électrifications. Cela semble une certitude. Dans le même temps, l’électrification rurale se poursuit. En témoigne par exemple, le Projet solaire à large échelle et d’électrification rurale (Soleer) au Burkina Faso qui vise à électrifier près de 300 localités et raccorder 120 000 ménages ainsi que des petites et moyennes entreprises. Ce projet recevait, notamment en juin dernier, le soutien de la Banque mondiale par le biais de l’Association internationale de développement (IDA) qui débloquait $ 75 millions pour ce projet, tout comme le Fonds pour les technologies propres via le programme Sustainable Renewables Risk Mitigation Initiative (SRMI) qui en délivrait $ 93 millions.
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