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Abus sexuels au sein de l’Église: A quand un rapport Sauvé en Afrique?

Publié le lundi 25 octobre 2021  |  Jeune Afrique
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© Autre presse par Today Show
Mgr Miles (g) et le Pape François (d)
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Par Ludovic Lado, Universitaire jésuite, directeur du Cefod Business School de N'Djamena


Alors que plusieurs pays occidentaux ont ouvert des enquêtes sur la pédophilie, le clergé du continent peine à se prononcer et à prendre des décisions. Pour combien de temps encore…

Dans l’histoire récente, aucun scandale n’a autant terni l’image de l’Église catholique que la pédocriminalité. Passée sous silence au cours du long pontificat de Jean-Paul II, elle est révélée sous ceux de ses deux successeurs, Benoît XVI et François, qui ont pris le risque d’ouvrir la boîte de Pandore. Après les États-Unis, l’Angleterre, l’Irlande, l’Australie… où des enquêtes indépendantes ont débouché sur des révélations accablantes et sur des sanctions qui n’ont pas épargné des hauts dignitaires du clergé, la France a pris le relais avec la publication, le 5 octobre dernier, du rapport Sauvé.

En saluant le courage de l’autorité ecclésiale de ces pays occidentaux pour avoir ordonné ces enquêtes ou pour s’y être soumis, on ne peut s’empêcher de se demander ce qu’il en est de l’Afrique. À ce jour, aucune démarche similaire n’a été entreprise. Impossible donc de citer un seul membre poursuivi ou en prison pour abus sexuels sur mineur. Faut-il en conclure que le continent n’est pas concerné par ces scandales ?

Racines culturelles

On se souvient de ce documentaire de la chaîne franco-allemande ARTE, diffusé le 5 mars 2019, qui avait levé le voile sur la pédophilie et sur les crimes sexuels que des membres du clergé faisaient subir aux religieuses sur tous les continents, dont l’Afrique. Il y était question d’un missionnaire européen soupçonné de tels actes mais renvoyé dans son pays d’origine par un évêque africain afin de le soustraire à une éventuelle procédure judiciaire locale. Depuis la publication du rapport Sauvé, si les autorités ecclésiales africaines condamnent unanimement les atrocités mises au grand jour, leurs avis divergent sur les enjeux d’un tel rapport pour les Églises du continent.

Il y a ceux, nombreux, pour qui la question des abus sexuels ne se pose pas dans les mêmes termes au Nord et au Sud. Selon eux, si en Occident la plupart des victimes sont des garçons, en Afrique, ce sont presque exclusivement des filles ou des femmes. Il arrive qu’une grossesse de mineure soit attribuée à un membre du clergé. Mais ces cas, pour lesquels on ne dispose d’aucune statistique, font rarement l’objet de poursuites judiciaires. Quand l’affaire est rendue publique, les évêques procèdent généralement au renvoi du concerné pour qu’il assume ses responsabilités parentales.

Aussi, les racines culturelles de la relativité du «concept de minorité» en Afrique ne sont pas de nature à favoriser la judiciarisation des cas d’abus. Dans certains contextes, l’adolescente est perçue comme mariable et est donc, «naturellement», cible de convoitises sexuelles. Ainsi, peu de parents chrétiens ébruitent les affaires impliquant un membre du clergé. Ils privilégient les arrangements à l’amiable donnant lieu à une pragmatique prise en charge totale des besoins de l’enfant.

Enfants de prêtres

Une autre frange du clergé africain, plutôt minoritaire, estime que l’Église catholique devrait prendre les devants pour dire sa part de vérité. Bien que le problème ne se pose pas dans les mêmes termes partout, un abus reste un abus et mérite l’attention de l’institution. Elle gagnerait à tirer les leçons de réparations en cours dans les Églises occidentales rattrapées par leur passé de dissimulation et de complaisance.
... suite de l'article sur Jeune Afrique

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