L’accusé Elysé Yamba Ilboudo, ex-chauffeur de l’adjudant-chef, Hyacinthe Kafando a reconnu mardi à la barre, les faits qui lui sont reprochés mais dit ne pas être un acteur dans l’assassinat du capitaine Thomas Sankara.
L’ex-chauffeur de l’adjudant-chef Hyacinthe Kafando, Elysé Yamba Ilboudo a été le premier accusé à comparaitre mardi, à la barre du tribunal militaire de Ouagadougou, dans le cadre du procès Thomas Sankara et ses douze compagnons, tués le 15 octobre 1987 par un coup d’Etat.
Il est poursuivi dans l’affaire Thomas Sankara pour «assassinat et complicité d’attentat à la sureté de l’Etat». L’ancien commando du Centre national d’entrainement commando (CNEC) de Pô, Ilboudo dit reconnaitre les faits qui lui sont reprochés mais affirme ne pas être un acteur de l’assassinat.
D’après lui, il n’a fait qu’exécuter un ordre de son chef (Hyacinthe Kafando) en conduisant seulement un véhicule au conseil de l’Entente, lieu de l’assassinat de Thomas Sankara et de ses compagnons d’infortunes.
Pour le parquet militaire, les déclarations de l’accusé à la barre ne sont pas conformes à celles données au juge d’instruction du dossier en estimant que M. Ilboudo veut adopter la stratégie du silence.
Mais pour l’avocat de la famille, Me Ferdinand Zepa, l’accusé Elysé Yamba Ilboudo est la seule personne qui a permis à la procédure judiciaire d’avancer dans le dossier Sankara. «Il était important qu’il puisse s’exprimer devant le public. Il a parlé à plusieurs reprises devant le juge d’instruction et il a dit un certain nombre de vérité», a-t-il soutenu.
Il a relevé que l’accusé avait un peu de trouble de mémoire durant sa déclaration devant le Tribunal. « On ne sait pas si cela était volontaire ou pas volontaire. Le parquet a eu du mal à obtenir des réponses de son interrogatoire », a-t-il ajouté.
Cette audition a débuté par la diffusion de deux éléments audio et cinq éléments vidéos par le parquet ayant permis à la partie civile, à la défense et aux accusés de se replonger dans les évènements du 15 octobre 1987 qui ont mis fin au pouvoir du capitaine Sankara.
La veuve du père de la révolution burkinabè, Mariam Sankara a souhaité que le mis en cause, Elysé Yamba Ilboudo parle réellement afin que la lumière jaillisse sur le dossier Sankara.
«Notre souhait est qu’il dise la vérité pour qu’on sache ce qui s’est passé au conseil de l’Entente le 15 octobre 1987», a-t-elle avoué. 12 accusés sur les quatorze présents avec à leur tête le général de brigade Gilbert Diendéré sont également accusés pour des faits de «complicité d’assassinat, de recel de cadavre et de complicité d’atteinte à la sureté de l’Etat».
Le parquet militaire a accordé une liberté provisoire à tous les accusés de l’affaire sauf le général de brigade Gibert Diendéré qui est en détention dans le cadre du putsch manqué du 16 septembre 2015.
Les deux grands absents du procès « historique » sont l’ancien président du Faso, Blaise Compaoré en exil en Côte d’Ivoire depuis 2014 et l’adjudant-chef Hyacinthe Kafando, en fuite.
En rappel, le 15 octobre 1987, Thomas Sankara et ses douze compagnons ont été assassinés par un coup d’Etat qui a porté Blaise Compaoré au pouvoir. M. Compaoré a été chassé du pouvoir par une insurrection populaire en fin octobre 2014, après 27 ans de règne.