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Education au Togo: La grève de 48h de la FESEN tuée dans l’œuf par les menaces officielles et ouvertes de lourdes sanctions?

Publié le mercredi 3 novembre 2021  |  aLome.com
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© aLome.com par Edem Gadegbeku et Parfait
La FESEN et la CSET en AG sur le devenir de leurs revendications
Lomé, le 18 mars 2017. Centre communautaire de Tokoin. La FESEN et la CSET se prononcent sur les concessions du Gouvernement autour des revendications des enseignants. Hounsime Senon, Secrétaire Générale de la Fesen.
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La FESEN (Fédération des Syndicats de l’Education Nationale) et 09 autres syndicats de base avaient appelé à l’enclenchement de 48h de débrayage à partir de ce 3 novembre au titre d’une revendication corporatiste. Rarement, dans les milieux éducatifs togolais ces 10 dernières années, on a vu une kyrielle de menaces planer sur un mouvement syndical comme ce fut le cas ces 3 derniers jours.

«Les conditions légales et réglementaires pour la tenue de la grève ne sont pas réunies pour le 3 et 4 novembre. Les articles 323 et 324 du nouveau Code du travail doivent être consultés par les enseignants pour ne pas poser des actes préjudiciables à leur emploi les 2 jours précités», a averti ce 02 novembre à demi-mot le ministre G. B. Bawara (de la Fonction publique, du Travail et du Dialogue social).
«La grève est confirmée pour les deux jours, car jusque-là, nous n’avons pas ce que nous demandons. Les enseignants doivent prendre leurs responsabilités», a mobilisé, ces dernières 48h, de son côté Hounsimé Sénon (Secrétaire général de la FESEN).

«M. Hounsimé n’est plus et ne sera plus un interlocuteur valable et légitime du Gouvernement. Ancien enseignant, aujourd’hui admis à la retraite, il n’est plus en activité dans le secteur de l’éducation», lui a répondu G. Bawara par média interposé. Enumérant au passage les conditions sine qua non à remplir pour enclencher un mouvement de grève : «La première : ce sont les négociations préalables. Elles doivent déboucher sur un procès-verbal de négociations, consacrant soit un accord total ou partiel ou alors le désaccord. La deuxième condition est le préavis de 10 jours ouvrés. En lisant ces deux conditions, tout le monde peut déjà tirer la conclusion».

Des corollaires sur lesquels l’ex ministre de la Coopération du Togo a tenu à insister : «Des absences irrégulières dans les établissements d’enseignements les 3 et 4 novembre, pourraient être préjudiciables pour les enseignants concernés. Ce ne sont pas des menaces. Le Gouvernement a la responsabilité de rappeler les lois et règlements applicables au Togo, parce qu’il est possible que beaucoup d’enseignants suivent un certain nombre de personnages et d’acteurs, sans être suffisamment éclairés et édifiés sur les dispositions légales et réglementaires applicables», a encore décortiqué G. Bawara.


Une grève, des sorties d’officiels de l’Etat

Le patron du ministère des Enseignements primaire et secondaire a enfoncé le cou de la menace le soir de ce 2 novembre dans une note de service. Une note dans laquelle le ministre K. D. Kokoroko qualifie ouvertement «d’illicite la grève lancée par la FESEN qui ne respecte nullement les dispositions en vigueur relatives au droit de grève, notamment l’article 324 du Code du travail».

«En conséquence, j’invite tous les enseignants à rester sereins devant les nobles responsabilités qui sont les leurs et à ne céder à une quelconque manipulation au nom de la liberté syndicale. Tout enseignant qui s’inscrirait dans cette grève illicite s’expose à de lourdes sanctions. Les chefs d’établissement sont invités à être réguliers à leur poste respectif et à dresser rigoureusement la liste des enseignants qui auraient participé à cette grève illicite. Tout manquement de leur part serait sévèrement sanctionné», a encore communiqué le ministre Kokoroko.
Le Gouvernement togolais rappelle qu’elle tient ce 4 novembre une réunion avec les acteurs du monde éducatif, en tenant compte des engagements pris par l’Etat à leur égard. «Le jeudi 4 novembre, nous allons rencontrer les fédérations des syndicats des enseignants pour évoquer les difficultés qui existent au sein du secteur. Le Gouvernement, disponible et ouvert, a toujours pratiqué le dialogue», assure sur le sujet G. Bawara.

Avant cette sortie des deux ministres, le syndicat FESYNTET (Fédération des Syndicats des Travailleurs des Enseignements du Togo) s’était désolidarisé de la démarche de la FESEN. Elle a dénoncé le 1er novembre la grève lancée par sa faîtière sœur (FESEN). Et a promis que la gratification promise par l’Etat sera payée à tous les enseignants ainsi qu’à tous les autres fonctionnaires togolais.
«Ce n’est qu’une question de priorisation des engagements de l’Etat», a confié Ayité Abaglo (Secrétaire général de la FESYNTET) pour justifier la prise de position de son organisation syndicale. «Le 04 novembre, il y aura des discussions autour de la gratification promise par le Gouvernement malgré les contraintes budgétaires induites par la Covid-19. La FESYNTET ne pourra donc pas embarquer ses membres dans cette grève, et les appelle à aller au cours», a encore illustré Ayité Abaglo.

L’origine de la colère d’une partie des enseignants

Le Gouvernement avait, le 11 janvier 2021, pris l’engagement d’octroyer une gratification exceptionnelle à tous les enseignants. Cette promesse, faite au sortir d’une rencontre qui a eu lieu entre des responsables syndicaux d’enseignants et des membres de l’équipe gouvernementale Dogbé I, devrait prendre effet à compter du même mois (janvier 2021).
Après plus de 10 mois d’attente vaine, la FESEN avait décidé d’écrire au ministre en charge de la Fonction Publique, du Travail et du Dialogue Social (G. B. Bawara), pour lui exprimer son ras-le bol et son impatience de voir les promesses tenues. En gros le paiement des «primes spéciales promises par le Gouvernement ainsi que la gratification exceptionnelle».

Cette faîtière syndicale (FESEN) lui demandait de «bien vouloir situer les enseignants sur le montant mensuel et l’effectivité de la jouissance de la gratification exceptionnelle au plus tard le 29 octobre 2021».
Le 30 septembre dernier, le Gouvernement avait expliqué aux enseignants que le versement de cette gratification était conditionné à la revue complète du Statut général de la Fonction publique. Une attitude qu’on assimile à «du dilatoire» du côté de la FESEN. Car, estime-t-on, le communiqué du Conseil des ministres du 09 septembre actant «l’octroi de la prime de gratification au enseignants fonctionnaires» ne l’avait aucunement conditionné à une quelconque refonte du Statut général de la Fonction publique.

Edem G.
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