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Procès Thomas Sankara : les accusés Ouédraogo et Traoré nient les faits à la barre

Publié le mercredi 3 novembre 2021  |  AIB
Thomas
© Autre presse par DR
Thomas SANKARA, ancien Président du Burkina Faso
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Le soldat du rang Nabonswendé Ouédraogo et le sergent Bossobé Traoré, tous à la retraite, ont nié mardi devant le tribunal à Ouagadougou, les infractions portées contre eux lors de l’assassinat du capitaine Thomas Sankara.

C’est le soldat Nabonswendé qui a d’abord été appelé à la barre. Il dit ne pas comprendre ce qui se passait le 15 octobre alors qu’il était au poste 520 de garde (sécurité rapprochée du président) au Conseil.

Il a fait comprendre que l’adjudant Yacinthe Kafando est arrivé autour de 15h avec plusieurs autres militaires et a fait près d’une heure de temps avant de repartir. «C’est après son départ que immédiatement il y a eu de violents tirs. Je me suis sécurisé en me cachant dans une sorte de piscine et j’y suis resté jusqu’au lendemain à 9h. C’est après que nous sommes partis chez Blaise Compaoré que Yacinthe Kafando nous a informés de la mort du président Thomas Sankara», a dit l’accusé Ouédraogo.

Après les questionnements du parquet militaire pour savoir si le sieur Ouédraogo était au courant d’une réunion préparatoire du complot contre le président Sankara. Il a répondu par la négative. Mme le procureur dit être «plus perdue après les déclarations de monsieur Ouédraogo car il y a beaucoup de contradictions. Il nie des choses qu’il a dites. Ses déclarations sont complètement et diamétralement opposées».

Le conseil de Ouédraogo est monté au créneau pour expliquer que son client n’a pas comploté contre le pouvoir de Thomas Sankara et qu’il n’est nullement impliqué sur les infractions de «complicité d’attentat à la sureté de l’Etat et d’assassinat». Il a demandé à son client s’il a bénéficié d’un privilège quelconque après le coup d’Etat. Celui-ci a également répondu par la négative.

L’avocat de Ouédraogo a également soutenu que Yacinthe Kafando n’était pas «un enfant de cœur. C’était un commando parfait. Il n’avait donc pas besoin de plusieurs hommes pour faire ce coup d’Etat. On ne peut pas condamner quelqu’un sur des procès verbaux».

Il regrette le fait qu’après que le président de la transition Michel Kafando ait autorisé la réouverture du dossier Thomas Sankara, on ait permis à Yacinthe Kafando de s’enfuir.
Traoré Bossobé, l’accusé «waké» ou chanceux ?

A la barre l’accusé Traoré dit n’être pas impliqué dans ce coup d’Etat qui a couté la vie à Thomas Sankara. Il explique que le 15 octobre il a monté la garde comme d’habitude.
«Une voiture est arrivée avec des gens cagoulés. Ces derniers leur ont demandé de lever les mains. Ils se sont exécutés et sont tous tombés».

«C’est Autis muni d’un fusil à pompe qui a commencé à tirer. Il a tué deux de mes camarades qui étaient couchés à mes côtés. A mon tour il a tiré et m’a raté premièrement. Comme j’avais les bras tendus, son second tir m’a blessé au coude. Je me suis levé et je me suis enfui et j’ai réussi à m’échapper. C’est vers la CAMEG que je suis tombé parce que j’avais perdu beaucoup de sang. Des étudiants m’ont aidé et m’ont mis dans une voiture d’une dame pour aller à l’hôpital pour des soins », raconte Traoré.

Il dit ne rien comprendre des charges alors portées contre lui. Maître Farama, un des avocats de la famille Sankara a haussé le ton en mentionnant à l’endroit de l’accusé que « des deux choses, l’une : soit tu es waké, soit tu es chanceux parce que le tireur n’est pas maladroit. On ne peut pas comprendre que quelqu’un soit couché et qu’un tireur tue un premier camarade, puis un second et c’est quand on tir sur toi que tu commences à courir. Et par la suite c’est toi qu’on cherchait à tuer qui est transféré pour des soins».

Maître Maria Kamyili l’avocat de Traoré dit se réserver. «Pour le moment mon client est à la barre et je n’ai pas pris la parole. Demain je vais dire ce que je pense concernant ce qui lui est reproché. Mais ce que je retiens d’après la partie civile, son seul tort c’est d’avoir survécu».

Pour Maître Ferdinand, un des avocats de la partie civile, « personne ne peut avoir la même version que Elisée Yamba Ilboudo, (un des accusés : ndlr). Pour le moment pas de témoins. Dans le dossier nous avons des témoins qui affirment totalement le contraire de ce qu’ils disent». Le procès se poursuit donc demain 3 novembre avec toujours Bossobé Traoré à la barre.
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