Le ministre Komla Kokoroko des Enseignements primaire, secondaire, technique et de l’Artisanat a mis fin, via un long arrêté ce 04 novembre, aux fonctions de «directeurs d’établissements du préscolaire et primaire dans le public de 1.192 enseignants», sans préciser les raisons de cette subite rétrogradation. Un silence ministériel qui laisse la porte ouverte à diverses interprétations.
Les 1.192 enseignants rétrogradés «sont remis à la disposition de leur Direction régionale de l’éducation respective pour être redéployés en qualité de chargé de classe dans une école primaire publique», renseigne l’arrêté de 26 pages publié, et qui ratisse large dans les zones éducatives prises en compte.
Cette mesure qui s’apparente à une sanction a touché de plein fouet la DRE (Direction régionale de l’éducation) des Savanes, avec près de 675 Directeurs d’établissement du préscolaire et primaire qui vont devoir changer de statut professionnel. Dans l’ordre décroissant de cette sanction ministérielle suivent les DRE de la Kara et des Plateaux-ouest. Par ailleurs, onze directeurs d’établissements sont concernés dans le Grand-Lomé.
Une décision, un contexte explosif
Depuis sa nomination en octobre 2020, Pr Kokoroko (cumule ses fonctions ministérielles avec le poste de Président de l’Université de Lomé) a enclenché un certain nombre de réformes dans le secteur éducatif de base au Togo. Il s’est depuis lors singularisé dans la publication régulière de décisions via une kyrielle de ‘Notes de service’ qui le plus clair du temps sanctionnent ou avertissent des acteurs du monde éducatif togolais à la base.
La FESEN (Fédération des syndicats de l’éducation nationale) et 9 autres syndicats avaient lancé ces 3 et 4 novembre un mouvement de débrayage pour réclamer une gratification promise au corps enseignant depuis janvier 2021. La FESEN a indiqué que son mouvement a été suivi au moins à 80% sur toute l’étendue du territoire national, avec des écoles fermées dans certaines Régions du pays.
«Les conditions légales et réglementaires pour la tenue de la grève ne sont pas réunies pour le 3 et 4 novembre. Les articles 323 et 324 du nouveau Code du travail doivent être consultés par les enseignants pour ne pas poser des actes préjudiciables à leur emploi les 2 jours précités», avait averti ce 02 novembre à demi-mot le ministre G. B. Bawara (de la Fonction publique, du Travail et du Dialogue social). «En conséquence, j’invite tous les enseignants à rester sereins devant les nobles responsabilités qui sont les leurs et à ne céder à une quelconque manipulation au nom de la liberté syndicale. Tout enseignant qui s’inscrirait dans cette grève illicite s’expose à de lourdes sanctions. Les chefs d’établissement sont invités à être réguliers à leur poste respectif et à dresser rigoureusement la liste des enseignants qui auraient participé à cette grève illicite. Tout manquement de leur part serait sévèrement sanctionné», a communiqué de son côté Pr Kokoroko sur ce sujet.
Dans les milieux éducatifs togolais, sur la base des avertissements brandis par les sieurs Bawara et Kokoroko en début de semaine, on assimile l’arrêté ministériel du 04 novembre à une sanction sévère qui ne dit pas son nom et qui «va mériter une prochaine réponse collective». Avec à la clé diverses explications selon lesquelles les directeurs rétrogradés ont refusé de suivre les directives imposées par les deux ministres. Les syndicats FESYNTET (Fédération des Syndicats des Travailleurs des Enseignements du Togo) et USET (Union syndicale de l’éducation du Togo) se sont désolidarisés du mouvement de débrayage de 48h de la FESEN via des déclarations distinctes.