L’Agence française de développement et la FIFA soutiennent le programme Championnes mis en oeuvre par l’ONG Plan international au Bénin, en Guinée et au Togo. Celui-ci vise à réduire les inégalités dues au genre à travers le développement de la pratique du football féminin dans l’environnement protecteur que constitue l’école.
En Afrique de l’Ouest, 30 % des filles âgées de 15 à 19 ans sont mariées, divorcées ou veuves. Mariages précoces, violences sexuelles, mutilations génitales et grossesses font partie de leur quotidien et constituent, avec les inégalités d’accès à la terre et aux services financiers, des obstacles considérables à leur autonomisation économique et sociale. Beaucoup reste ainsi à faire pour parvenir à l’égalité des sexes.
C’est dans ce contexte que le programme «Championnes» a vu le jour. Mis en œuvre par l’ONG Plan international France, qui agit pour faire progresser les droits des enfants et l’égalité entre les filles et les garçons, financé par la FIFA, Plan international France et l’Agence française de développement (AFD) pour un budget d’environ 4 millions d’euros, il vise à faire évoluer les mentalités en développant la pratique du football féminin dans trois pays : le Bénin, le Togo et la Guinée.
Des infrastructures modernisées avec l’appui des communautés
Pourquoi le sport, et le football en particulier ? L'objectif est de renforcer l’estime de soi des jeunes femmes et leur capacité à être actrices du changement au sein de leurs communautés, par le biais d’un sport très populaire en Afrique de l’Ouest mais dont la pratique n’est pas toujours évidente pour un public féminin.
L’AFD a fait du sport l’un des nouveaux axes de son action dans le cadre d’une stratégie Sport et Développement adoptée en février 2019. Cette stratégie promeut le sport pour toutes et tous en favorisant l’accès à sa pratique et en défendant l’égalité femmes-hommes. Le sport féminin peut en effet être utilisé comme un outil d’émancipation et de valorisation des filles et des femmes dans le monde ; il est également un langage universel, inspirant et fédérateur, tout en offrant la possibilité de transcender les frontières et les cultures.
Les 5.390 jeunes bénéficiaires du projet, âgées de 12 à 24 ans, auront la possibilité de pratiquer le football dans des infrastructures modernisées permettant la cohabitation entre les joueurs et les joueuses. «Le projet Championnes prévoit la création d’association sportives de jeunes filles dans les collèges qui permettent aussi aux garçons, aux enseignants et aux parents de s’engager», détaille Léa Cezeur, responsable du projet à la direction régionale Golfe de Guinée de l’AFD. Pour impliquer les communautés locales, des réhabilitations participatives de terrains sont actuellement menées dans les trois pays.
Briser les tabous et autonomiser les filles par la sensibilisation
Des activités de sensibilisation sont aussi prévues en marge des entrainements durant les trois ans que durera le projet, d’octobre 2020 à fin 2023. Elles permettront aux filles d’acquérir des connaissances et des compétences autour de la prise de décisions, par exemple sur le consentement, la contraception ou la gestion des menstruations, et de comprendre leurs droits et ainsi prévenir les violences basées sur le genre.
Les parents et les familles, les encadrants des associations sportives, leaders d’ONG locales, partenaires de mise en œuvre et des autorités préfectorales et communales seront aussi sensibilisés sur les normes et croyances négatives à l’épanouissement des filles, les stéréotypes de genre et l’égalité des chances. Tous verront ainsi leurs capacités renforcées pour favoriser l’émancipation des jeunes filles.
En parallèle, un soutien est aussi prévu pour le développement d’associations villageoises d’épargne et de crédit, sous forme de formation et d’assistance technique. Celles-ci permettront aux jeunes filles et garçons de participer à des systèmes d’entraide locaux pour pouvoir bénéficier d’un appui économique et soutenir la communauté si elles et ils le désirent.
«Au Togo, j’ai pu constater un engouement autour du programme. Il n’a pas été compliqué de constituer des équipes féminines, et il a été très motivant de rencontrer des parents et des chefs de villages conscients de la situation des jeunes filles et motivés pour faire bouger les choses», raconte Léa Cezeur. La sélection des 1 800 filles et 480 garçons participants au programme Championnes a eu lieu en juin, après la création de comité locaux de soutien du projet, qui seront appuyés par des volontaires nationaux au niveau des cantons.
En Guinée, 1.680 filles et 840 garçons issus de 131 établissements scolaires et centres d’apprentissage font partie des bénéficiaires. 161 encadrants ont aussi été choisis au sein des écoles, dont 45% de femmes. Quant au Bénin, 60 associations sportives ont déjà été mises en place, composées de 1 440 filles et 360 garçons. Des avancées qui se poursuivront désormais balle au pied.