Ils ont recouvré leur liberté, fût-elle provisoire, le 31 décembre 2021 après vingt et un (21) jours de détention, dans une affaire où ils sont poursuivis pour diffamation et outrage à l’autorité suite à une émission débat dans l’émission «L’Autre Journal» publiée le 30 novembre 2021.
D’aucuns voient en ce dénouement l’effet de la magnanimité des deux plaignants, les ministres Pius Agbetomey de la Justice et de la Législation et Kodjo Adedze du Commerce, de l’Industrie et de la Consommation locale. Soit. Mais parmi les déterminants de cet élargissement, les pressions internationales, particulièrement américaines. Coulisses et non-dits.
Fortes pressions…américaines
Un pan déjà important de ces pressions internationales à signaler, c’est le relais en boucle dans les médias internationaux (français, anglais, américains) de renom de l’arrestation et de la détention des deux confrères et des réclamations tous azimuts de leur libération par des organisations corporatistes internationales, qui aura davantage écorné l’image du régime de Lomé. Jamais arrestation et détention de journalistes au Togo n’aura suscité tant d’indignation à travers le monde.
Cette «gaffe» a fait l’unanimité contre le pouvoir et annihilé les efforts (sic) faits par les gouvernants pour donner au Togo l’image d’un pays fréquentable. Mais des pressions formelles ont été menées par des personnalités ou entités occidentales. Et c’est du côté des Etats-Unis d’Amérique qu’elles ont été plus fortes.
Gigi O’Connell, tel est le visage de ces pressions américaines. L’associée en relations publiques et communication à Trace, cette ONG de renom à avoir décerné il y a quelques mois une distinction à Ferdinand Ayité pour son investigation sur les détournements dans l’importation du pétrole au Togo, nous revient-il, a été assez très active dans ce sens.
Trace Fondation, faut-il le rappeler, est une organisation très puissante aux USA, dotée d’un grand réseau et d’une capacité énorme de mobilisation auprès des gouvernants américains. Les pressions et le lobbying de Gigi O’Connell auprès du département d’Etat américain auront été déterminants dans la libération des deux confrères.
Péril sur le MCA
« Le régime a fini par craquer. Le prix à payer était trop lourd, mais il a pris un gros risque». Ces propos laconiques d’une source, manifestement dans le secret des dieux, sont assez expressifs de la situation. Le « gros risque » auquel elle fait allusion, c’est la remise en cause des acquis du Togo par rapport au Millenium challenge account (MCA). Selon les indiscrétions, le pays a failli être exclu du processus et ses décaissements multiples tant convoités. C’est peut-être inhabituel, mais il n’est pas superfétatoire de rappeler que le Mali et la Guinée l’ont été récemment de l’AGOA (African growth opportunity act), un autre programme des Américains.
Dans ce processus de MCA, c’est une constante, le Togo a fait du chemin et validé des points. Le département d’Etat américain, selon les indiscrétions, était à deux doigts de remettre en cause ces acquis et suspendre même le Treshold. Une chose est certaine, les pressions américaines auront été déterminantes dans la libération des deux confrères.
Le contrôle judiciaire et les contraintes à eux imposées – présentation d’excuses aux ministres, saisie de leurs passeports, interdiction de sortie du territoire, etc.- ne seraient qu’une passerelle pour Lomé pour « ne pas perdre la face ». Cette affaire était résolument devenue un os dans la gorge des gouvernants. Il nous revient qu’en dehors des pressions américains, des députés européens aussi envisageaient de mener des actions la semaine d’après si les deux confrères n’avaient pas été libérés.
Un cas qui met mal à l’aise
«Je suis militant résolu de la démocratie qui va avec le respect de la loi, et je suis d’avis que les journalistes soient châtiés si les charges retenues contre eux sont fondées. Là où le bât blesse, c’est que ces genres de situations sont bien régies par le code de la presse qui a prévu les sanctions idoines, et en aucun cas la prison ; mais on snobe les dispositions de ce code pour coincer les journalistes sur la base du code pénal, les arrêter et les emprisonner, au nom de pirouettes juridiques», se désole un concitoyen ami de la presse indépendante dans son ensemble. Et il dit pouvoir comprendre l’étonnement des «Blancs».
En effet, cette affaire d’arrestation et de détention de journalistes doit faire tilt dans la tête des Blancs (sic), surtout que le Togo s’est toujours vanté d’avoir dépénalisé – ou «déprisonnisé» – le délit de presse et qu’en plus, c’est un exercice régalien de journaliste, un débat sur l’actualité que Ferdinand Ayité et Joël Egah ont fait. La question se pose alors : le Togo doit-il continuer de s’enorgueillir d’avoir dépénalisé le délit de presse?... suite de l'article sur Autre presse